Le marché automobile américain a encore plongé de près de 36% en décembre, un mois à l'image d'une année 2008 qui restera comme la pire qu'ait connue le secteur depuis plus de 15 ans. Les ventes totales de voitures ont chuté de 35,7% à 890.883 unités en décembre, soit un rythme annualisé de 10,28 millions d'exemplaires sur le mois. Sur l'ensemble de l'année 2008, le site Web spécialisé Edmunds.com table sur un total d'un peu plus de 13 millions de véhicules vendus, soit 18% de moins qu'en 2007 et le niveau le plus bas depuis 1992

Aucun constructeur n'a été épargné par le brutal ralentissement des ventes de voitures observé partout dans le monde, mais le premier marché automobile mondial continue d'être particulièrement malmené.

Au niveau des constructeurs, General Motors (GM) a vu se réduire un peu l'hémorragie. Certes ses ventes ont reculé de 31% en décembre, par rapport à 2007. Mais les mois d'octobre et de novembre avaient été terribles, avec un plongeon respectivement de 45% et de 41% de ses ventes. Le premier constructeur américain a ainsi écoulé 222.000 véhicules, un chiffre supérieur aux attentes du site spécialisé Edmunds.com qui tablait sur un repli plus marqué de 39%. Certains analystes mettent en avant l'obtention du statut de banque de GMAC, la filiale financière liée à GM, pour expliquer cette bonne surprise.

Sur l'ensemble de l'année, le géant de Detroit a vendu 2,98 millions de véhicules neufs, soit 31% de moins qu'en 2008. Surtout, il s'agit de sa plus mauvaise année depuis 1956, soit 49 ans. Dans ce contexte, le groupe, qui vient de recevoir 4 milliards de dollars de la part du Trésor américain, va encore réduire sa production au premier trimestre, abaissant de 53% le nombre de véhicules lourds qu'il fabriquera sur cette période.

Les ventes de Ford ont, pour leur part, chuté de 32,4% le mois dernier avec 139.067 voitures neuves écoulées. Le site Edmunds.com s'attendait à une baisse un peu plus importante de 33,8%. Sur l'ensemble de l'année, le deuxième constructeur américain, qui a pour l'instant renoncé à l'aide du gouvernement américain, a vendu 1,98 million d'unités. Ses ventes se sont ainsi repliées de 20,7% en 2008, pour atteindre leur plus bas niveau depuis 47 ans.

Le troisième constructeur américain est plus en difficulté: Chrysler a en effet connu un plongeon de 53,1% de ses ventes en décembre avec seulement 89.813 véhicules écoulées. Pour relancer la machine, le groupe a lancé d'importantes campagnes promotionnelles, proposant notamment des prêt à taux zéro pendant...six ans ! L'an passé, Chrysler a vendu 30% de voitures en moins qu'en 2007. Le constructeur, n  considéré comme le plus fragile des "Big Three"  a également reçu quatre milliards de dollars d'aide de la part du Trésor.

La situation n'est pas plus reluisante pour les groupes étrangers. A l'image de Toyota dont les ventes ont chuté de 37% le mois dernier à 141.949 voitures écoulées. Sur l'ensemble de l'année, le groupe japonais fait mieux que ses concurrents américains avec une baisse de  "seulement" 16% de ses immatriculations de voitures neuves à 2,2 millions d'unités. Le premier constructeur mondial a notamment profité de son positionnement sur les voitures propres et de ses fameuses voitures hybrides, combinant un moteur thermique et un moteur électrique.

Toujours chez les Japonais, Honda a vu ses ventes baisser de 35% au mois de décembre, avec 86.085 véhicules vendus. Sur les douze mois de 2008, le groupe a limité les dégâts avec un repli de 8,6%. Il s'agit toutefois de la première baisse annuelle de ses ventes depuis 1993. Nissan a également mieux résisté que les constructeurs américains avec une baisse de 11% de ses ventes en 2008. En décembre, le partenaire de Renault a vendu 31% de voitures de moins que l'an passé.

Tous les regards se tournent maintenant vers 2009, et les chiffres publiés lundi ne sont pas de nature à rassurer sur la gravité et la durée de la crise que traverse l'industrie automobile. A titre de comparaison, si les ventes de voitures en France ont plongé de 15,8% en décembre, la baisse sur l'ensemble de l'année est limitée à 0,7%. Elles ont chuté sur le mois de 22% au Japon, tandis qu'en Espagne, les statistiques publiées la semaine dernière ont traduit une baisse record de 50%. Pour les chiffres allemands, il faudra attendre la semaine prochaine.