Renault, numéro un mondial de l'automobile ?

Par Alain-Gabriel Verdevoye  |   |  574  mots
Carlos Ghosn, double patron de Renault et Nissan, a poursuivi la politique de partenariats entamée par son prédecesseur Louis Schweitzer
Renault contrôle le japonais Nissan et le russe Avtovaz. L'Alliance Renault-Nissan a échangé des participations avec l'allemand Daimler (Mercedes) et se rapproche maintenant de Mitsubishi. Potentiellement, le groupe français se retrouve au centre d'un immense écheveau pesant près de onze millions de véhicules annuels.

Renault est le champion mondial incontesté des alliances. Après avoir échoué avec le constructeur américain AMC dans les années 80, puis le suédois Volvo la décennie suivante, le français semble désormais détenir la recette miracle des mariages... multi-partenaires.

Suite à l'alliance nouée avec le japonais Nissan en 1999, par Louis Schweitzer alors PDG du groupe tricolore, au rachat du coréen Samsung Motors et du roumain Dacia, à la prise de contrôle du russe Avtovaz (Lada), la firme au losange s'est rapprochée en 2010 de l'allemand Daimler (Mercedes). Et ce n'est pas tout.

Aujourd'hui, le consortium de Boulogne-Billancourt et son allié Nissan, tous deux dirigés par Carlos Ghosn, convolent avec un autre japonais, Mitsubishi Motors, alors même que PSA Peugeot Citroën a raté il y a quelques années son rapprochement avec ce même constructeur nippon.

Participations dans Nissan, Avtovaz, Daimler

Renault n'est certes pas un des grands de l'automobile mondiale par sa production  (2,31 millions de véhicules à peine en 2012), très en retrait des volumes de Toyota, GM, Volkswagen, Ford, Hyundai-Kia, Honda et même PSA. Sans parler bien sûr de Nissan. Seulement, voilà: Renault détient aujourd'hui 43,4% de son partenaire Nissan. Il monte progressivement dans Avtovaz dont il possédait 25% du capital jusqu'ici.

Et l'Alliance Renault-Nissan a échangé des participations de 3% avec Daimler, avec lequel le français multiplie les collaborations technico-industrielles. Renault vend en effet des moteurs diesel à la célèbre firme de Stuttgart et prépare la future petite Twingo (projet "Edison") en partenariat avec Smart (Mercedes).

Le périmètre de la future alliance tripartite avec Mitsubishi Motors, annoncée mardi, n'est pas précisément défini. Mais celle-ci semble prometteuse. Renault devrait notamment fournir à Mitsubishi des futures berlines produites dans l'usine coréenne de RSM (Renault Samsung Motors) pour le marché américain...

Aux premières loges de l'industrie auto

Cet écheveau de participations et de collaborations industrielles permet à  Renault d'être, malgré sa taille réduite, aux premières loges de l'industrie automobile mondiale. Au cours du dernier exercice fiscal  (avril 2012 à mars 2013 selon les normes nippones), l'Alliance Renault-Nissan a écoulé 8,10 millions de véhicules dans le monde. Il y a quinze ans, Renault et Nissan atteignaient ensemble moins de 5 millions d'unités.

Le nouvel ensemble formé de Renault (avec Avtovaz), Nissan, Daimler (voitures particulières) et Mitsubishi pèse dès aujourd'hui près de onze millions de véhicules annuels. Soit plus que Toyota, le numéro un mondial (autour de dix), même en ajoutant le nippon Subaru (Fuji Heavy) qui s'en est rapproché.

Toutes les grandes alliances ont échoué, sauf Fiat-Chrysler

Ce résultat et d'autant plus remarquable que presque toutes les grandes alliances ont échoué dans le passé. Daimler a raté son "mariage du siècle" avec l'américain Chrysler et aussi avec Mitsubishi, PSA avec le même Mitsubishi, GM avec les japonais Suzuki, Isuzu, Subaru (Fuji Heavy) puis avec Fiat, Volkswagen avec le nippon Suzuki. Et Ford a dû revendre piteusement Volvo, Jaguar, Land Rover, tout en dénouant ses liens avec le nippon Mazda.

Quant à l'alliance mondiale de PSA avec GM, annoncée en grande pompe début 2012, elle bat de l'aile dangereusement. Aujourd'hui, la seule grande alliance qui semble tenir la corde est celle de Fiat avec Chrysler, mais son périmètre est bien plus étroit que celui issu des rapprochements concoctés par Renault.