Carlos Tavares, ancien numéro 2 de Renault, sera le prochain patron de PSA

Par Alain-Gabriel Verdevoye  |   |  693  mots
Carlos Tavares a une sacré expérience chez Renault et Nissan
PSA Peugeot Citroën annoncera ce lundi, après bourse, l'arrivée de Carlos Tavares. L'ex-numéro 2 de Renault remplacera Philippe Varin d'ici à l'été 2014 à la tête du groupe en crise. Une excellente nouvelle, vu les excellents états de service du futur patron.

PSA Peugeot Citroën va annoncer ce lundi après bourse " l'arrivée de Carlos Tavares. Il remplacera à terme Philippe Varin à la tête du groupe ", affirme une source proche du dossier. Voilà une excellente nouvelle pour le constructeur automobile français en crise. Enfin, un homme de l'automobile à la présidence de PSA ! Du jamais vu depuis des décennies. L'ancien numéro 2 de Renault, limogé l'été dernier par Carlos Ghosn, PDG de l'ex-Régie, est l'homme qu'il fallait pour redresser PSA, lui redonner confiance et mobiliser des équipes passablement découragées. Carlos Tavares devrait remplacer Philippe Varin, président du directoire depuis 2009,  d'ici à l'été prochain.

Négociations avec Dongfeng

Philippe Varin, qui a échoué dans son projet d'alliance avec le japonais Mitsubishi puis dans son alliance avec GM - au périmètre réduit progressivement - négocie actuellement une vaste alliance avec le consortium chinois Dongfeng, en vue d'une augmentation de capital jusqu'à trois milliards d'euros. Cette opération verrait l'Etat français et Dongfeng prendre chacun une participation de l'ordre de 20-30% dans le constructeur, toujours d'après l'agence Reuters. "Une lettre d'intention entre PSA Peugeot Citroën et Dongfeng pourrait être signée avant Noël", affirmait récemment une source interne du groupe auto français. 

Le discussions sont lentes et d'autres projets alternatifs sont aussi étudiés. Le capital de PSA Peugeot Citroën est contrôlé aujourd'hui à 25,2% par la famille fondatrice - qui possède 37,9% des droits de vote - et son allié américain General Motors qui en détient 7% depuis 2012.

Une expérience intercontinentale

Ingénieur portugais d'origine, passionné et fin connaisseur de l'automobile, Carlos Tavares apportera au groupe PSA les talents et les connaissances stratégiques et technologiques  qui lui manquent. Ce sportif, qui dispute à ses heures de loisirs des épreuves avec sa propre voiture de course, pourra rivaliser avec les spécialistes de l'automobile que sont la plupart des patrons des constructeurs allemands !

Ce centralien arrivé chez Renault en 1981 où il a notamment dirigé le projet de la Mégane, est parti chez Nissan en 2004 . Homme lige de Carlos Ghosn, il a notamment été responsable de la stratégie et du planning des produits au sein de l'allié nippon de Renault, avant de devenir le patron de la zone Amériques du groupe japonais. Il est revenu chez Renault en 2011 comme Directeur général délégué, pour remplacer Patrick Pelata, sacrifié par Carlos Ghosn à cause de la pseudo affaire d'espionnage.

Polyglotte, cet homme réputé austère, intègre, gros travailleur et très exigeant, supportait mal chez Renault d'être cantonné au rôle de numéro 2. A l'initiative du projet de renaissance de la marque sportive Alpine au sein de l'ex-Régie, Carlos Tavares apportera, outre sa connaissance de l'automobile, sa vision internationale et sa vaste culture d'entreprise japonaise et anglo-saxonne.

Crise financière profonde

PSA a vu son chiffre d'affaires baisser de 3,7% sur un an au troisième trimestre, et de 3,8% sur les neuf premiers mois de l'année, alors que les incertitudes sur son avenir restent vives. Sa division automobile, qui se trouve au coeur de ses activités, demeure lourdement déficitaire, avec une perte opérationnelle de 510 millions d'euros sur le premier semestre. Les usines tournent en Europe à 74% à peine de leurs capacités, et même à 61% seulement sur la seule France. C'est peu.

Le taux d'endettement grimpe

Le taux d'endettement a grimpé au 30 juin à 3,32 milliards, passant de 31% des capitaux propres à fin décembre dernier à 35%. Lesdits capitaux propres ont continué à dégringoler, passant de 10,17 milliards à 9,56 milliards en six mois. Le groupe devrait encore consommer 1,5 milliards de cash (au plus) sur l'année. Même si c'était prévu, c'est beaucoup. Et Philippe Varin ne confirme plus l'objectif d'un retour à l'équilibre fin 2014, fixé précédemment. Il ne s'est d'ailleurs pas engagé non plus sur un flux de trésorerie équilibré en 2015...

Dans le cadre d'un plan de restructuration annoncé en juillet 2012, le constructeur a entrepris de supprimer au total 8.000 emplois en France, dont 3.000 dans son usine d'Aulnay-sous-Bois, en Seine-Saint-Denis, près de Paris. Et ce n'est pas fini.