Renault présente jeudi un nouveau plan stratégique... après avoir raté ses objectifs

Par Alain-Gabriel Verdevoye  |   |  660  mots
Les objectifs des plans de Renault successifs depuis 2006 n'ont jamais été remplis.
Carlos Ghosn, PDG de de Renault, présente ce jeudi les résultats financiers 2013 du groupe et dévoile les objectifs de son nouveau plan stratégique pluriannuel. Problème: aucun objectif de ventes ou de marges des plans précédents n'a été atteint.

Journée cruciale pour Renault jeudi. Le constructeur automobile français présente le 13 février à 10 heures à Boulogne-Billancourt ses résultats financiers 2013, mais aussi la deuxième phase de son plan stratégique pour la période 2014-2016. Carlos Ghosn, le PDG de Renault et Nissan a toujours adoré les grands plans stratégiques pluriannuels. Mais, las, au sein de la firme du losange, le double patron n'a jamais rempli ses objectifs ! Loin de là.

Echec des plans précédents

Le « Renault Contrat 2009 » avait déjà constitué un échec. Et le plan stratégique « Drive the change » (conduire le changement), dévoilé en février 2011, aussi. Carlos Ghosn visait ainsi une marge opérationnelle supérieure à 5% pour 2013 avec un volume de plus de 3 millions de véhicules vendus. Or, Renault n'y est pas du tout. Certes, les marchés européens sont en plein marasme avec une grande crise dont les effets étaient difficilement prévisibles. Il n'empêche.

Le constructeur automobile français devrait avoir réalisé un chiffre d'affaires d'environ 40,5 milliards d'euros l'an dernier, soit 1,9% de moins qu'en 2012, selon les analystes de la Deutsche Bank et de la Société Général cités par l'AFP. La marge opérationnelle du groupe devrait être passée de 729 millions en 2012 à un chiffre compris entre 1,08 et 1,15 milliard, d'après les analystes interrogés. Soit une marge qui devrait tourner autour de 2,7% selon les analystes, moitié moins que les 5% promis. Déjà en 2006, pour son premier grand plan stratégique, Carlos Ghosn tablait sur 6% de marge opérationnelle à terme… On attend toujours.

Le bénéfice net, gonflé en 2012 par une plus-value exceptionnelle, devrait avoir été divisé par plus de deux, à 760 millions d'euros environ, pronostique la Société Générale. Renault a dû passer une provision de 512 millions d'euros liée au gel de ses activités en Iran et il souffre de taux de changes défavorables.

Un manque à gagner de près de 400.000 unités

Enfin, Renault a vendu 2,63 millions d'unités à peine l'an dernier. Le manque à gagner par rapport aux objectifs de 2011 est donc de presque 400.000 voitures. Aïe. Ces ratages sont d'autant plus flagrants que, déjà, en 2006, le tout nouveau patron de Renault promettait 800.000 voitures de plus au moins pour… 2009 (par rapport à 2005). Or, huit ans après, Renault vend in fine, à peine 100.000 unités de plus qu'en 2005.

Au fond, Renault n'arrive pas à croître. Ce qui est une quasi-constante dans son histoire des quinze dernières années. Avant son départ pour Nissan en 1999, Carlos Ghosn, alors l'un des adjoints du PDG Louis Schweitzer chez Renault, déplorait déjà le manque… de croissance de l'ex-Régie. Un problème récurrent.

Pour l'avenir, les analystes ne sont toutefois pas pessimistes sur Renault. Ils estiment en effet que l'objectif de marge opérationnelle de 5% reste accessible… d'ici à 2016. Pour la Deutsche Bank, elle devrait même grimper à 3,7% cette année et à 4,7% en 2015. L'avenir n'est donc pas si sombre, malgré les reports successifs des objectifs de rentabilité. Cette progression serait rendue possible par l'amélioration des performances de la branche automobile du groupe. Le constructeur tricolore devrait en effet profiter du renouvellement de sa gamme.

Nouveaux modèles cruciaux en vue

Après le remplacement des Clio ainsi que des Dacia Logan et Sandero, la firme de Boulogne-Billancourt s'apprête à lancer deux nouveaux modèles phares, la citadine Twingo III dont les premières photos seront publiées en fin de semaine, et le monospace Espace, mais aussi l'utilitaire Trafic. En 2015, la Laguna de gamme moyenne supérieure devrait être remplacée. Puis viendront les berlines compactes Mégane et leur dérivé monospace Scénic.

Renault bénéficiera également des synergies avec son partenaire japonais Nissan et des gains tirés de l'accord de compétitivité signé en France l'an dernier. Nul doute que Carlos Ghosn annoncera jeudi des nouveaux objectifs qui se voudront une fois de plus ambitieux! Restera à les tenir...