Carlos Ghosn veut doubler GM ou Volkswagen

Par Alain-Gabriel Verdevoye  |   |  826  mots
La Clio RS, un des derniers-nés de la marque Renault
L'Alliance franco-nippone a écoulé 8,3 millions de véhicules l'an dernier. Elle est le quatrième acteur mondial. Mais Carlos Ghosn, le double PDG qui vient d'être reconduit à la tête de Renault, veut accéder au podium des constructeurs mondiaux.

Les actionnaires de Renault, réunis ce mercredi en assemblée générale, ont reconduit Carlos Ghosn à la tête du constructeur automobile pour quatre ans.Cette résolution a été approuvée à 85,18%. Le nouveau mandat de Carlos Ghosn,prendra "fin à l'issue de l'assemblée générale statuant sur les comptes de l'exercice clos le 31 décembre 2017". Cette assemblée devrait se tenir au printemps 2018.

Détrôner GM, Volkswagen?

Carlos Ghosn - dont la rémunération au titre de Renault pour l'exercice 2013 est de 1,23 million d'euros (part fixe) et 1,38 million (part variable), 346.245 euros étant payés en numéraire et le reste en actions - est également le patron de l'allié nippon Nissan. Renault possède 43,4% du groupe japonais. Il y a été renouvelé jusqu'en 2015. Le double patron a affirmé, devant les actionnaires de Renault, que son objectif à moyen terme était de faire entrer  l'Alliance Renault-Nissan "dans le top trois des constructeurs automobiles mondiaux". Rude gageure. Le podium est actuellement occupé par le japonais Toyota, suivi de l'allemand Volkswagen et de l'américain General Motors.

L'Alliance a certes établi un nouveau record de ventes l'an passé autour de 8,3 millions d'unités, résultat en hausse de 2%, a calculé l'AFP. Il n'empêche. Il y a encore de la marge. Toyota a écoulé 10,13 millions d'unités sur son dernier exercice fiscal (entre le 1er avril 2013 et le 31 mars 2014). Volkswagen a enregistré 9,73 millions de ventes en 2013 (+5%), General Motors 9,71 millions. Derrière l'Alliance franco-japonaise figure le coréen Hyundai-Kia (7,6 millions).

L'Alliance est par ailleurs liée à l'allemand Daimler. Elle a passé en 2010 des accords financiers et industriels avec le consortium de Stuttgart. Renault possède 1,55% de Daimler, Nissan également. Daimler détient, lui, 3,1% du français et du japonais. L'Alliance Renault-Nissan et le constructeur japonais Mitsubishi ont par ailleurs annoncé en novembre dernier une  coopération internationale renforcée.

Trois mandats, déjà

Le PDG du constructeur tricolore  et de son allié, âgé de 60 ans, a déjà effectué deux mandats de quatre ans chacun à la tête de Renault. Arrivé en 1996 chez Renault en tant que directeur général adjoint, ce libanais d'origine né au Brésil a pris en 1999 les rênes opérationnelles de Nissan, la firme japonaise en crise dont le français venait de prendre le contrôle.

Il en sera nommé Président-Directeur Général de Nissan en 2001. Puis, il cumulera la présidence de Renault en mai 2005, assurant la suite de Louis Schweitzer. Il deviendra le PDG de l'entreprise française  le 6 mai 2009. Cet ancien de Michelin est également président du conseil d'administration d'Avtovaz, le fabricant russe des Lada dont l'Alliance Renault-Nissan est en train d'acquérir la majorité des parts.

Renforcement des pouvoirs

Le double PDG, qui a dernièrement renforcé son pouvoir chez Renault et chez Nissan en supprimant les postes de numéro deux,  essuie bien des reproches. Mais il est certain que, sans l'alliance avec Nissan - coup de génie de Louis Schweitzer mais dont Carlos Ghosn a été l'orchestrateur -, Renault serait trop petit, trop européocentré et marginalisé en termes de produits. Il eut risqué de se retrouver dans la gravissime situation de PSA actuellement.

L'an dernier, le constructeur automobile tricolore a affiché des résultats financiers mitigés, même s'ils sont honorables vu la crise en Europe. Il a affiché un résultat opérationnel de 1,24 milliard d'euros, contre 782 millions d'euros en 2012. Dans la seule activité automobile, le résultat opérationnel est en hausse de 461 millions d'euros à 495 millions et atteint 1,3 % du chiffre d'affaires. Ce qui reste cependant faible dans l'absolu! L'entreprise reste toutefois saine, puisque la position nette de liquidités s'élève à 1,76 milliard d'euros, en hausse de 229 millions d'euros par rapport au 31 décembre 2012.

Il n'empêche. L'écart entre Renault et son allié Nissan s'est fortement accru... depuis la signature du mariage en 1999! Au détriment du français, cantonné à plus de 40% dans des véhicules à bas coûts de sa gamme "Entry". Carlos Ghosn, qui gagne… deux fois et demie plus au titre de Nissan que de Renault , a mieux réussi a priori au sein du japonais, où il est considéré comme un héros, qu'à la tête du groupe de Boulogne-Billancourt.

Disparité de profits et d'effectifs

Le japonais  est en effet à présent deux fois plus gros que l'ex-Régie et autrement plus rentable. Or, au moment de la prise de contrôle de Nissan par Renault, les deux constructeurs étaient à peu près de taille équivalente. Par rapport à 1998, dernier exercice avant l'Alliance, Renault a accru ses volumes de 15%. Dans le même temps, Nissan les... a quasiment doublés.

 Nissan, qui perdait 110 millions d'euros avant son mariage avec Renault, contribue aujourd'hui pour une forte part... au résultat net de Renault. Sa contribution se montait l'an passé à 1,5 milliard d'euros. Sans Nissan, le français aurait été carrément dans le rouge de presque un milliard en 2013.