Renault reprend seul le projet d'Alpine sportive et rompt avec Caterham

Par Alain-Gabriel Verdevoye  |   |  592  mots
L'Alpine berlinette des années 60-début 70.
Renault annonce officiellement qu'il reprend les 50% du constructeur britannique dans la Société des automobiles Alpine Caterham. La future Alpine sera donc 100% Renault. Elle est prévue pour 2016.

Ca y est: Renault annonce ce mardi avoir "porté à 100% sa part dans la Société des automobiles Alpine Caterham, en rachetant la participation du groupe Caterham". Renault poursuivra donc "seul le développement de son propre véhicule Alpine pour un lancement commercial en 2016, tel que prévu initialement", souligne un communiqué du constructeur tricolore.

 

Ce rachat met un terme au partenariat avec le petit constructeur britannique de voitures de sport en difficulté, paraphé en novembre 2012 et confirmé en juin 2013 pour le développement et la fabrication de véhicules sportifs au sein d'une société commune, la Société des automobiles Alpine Caterham, détenue à parts égales par chacun des partenaires. Cet accord était pourtant à l'époque présenté comme la conditon sine qua non pour la viabilité du projet Alpine avec les économies d'échelle nécessaires... La rupture avait été annoncée le 26 mars dernier lors d'un comité central d'entreprise (CCE).

 

Redorer l'image de marque

 

Avec ce projet de future berlinette sportive - voulu en son temps par Carlos Tavares, ex-numéro 2 de Renault et aujourd'hui président de PSA -,  le constructeur au losange espère redorer son image. Il en a bien besoin, tant son image est aujourd'hui faible, liée aux voitures d'entrée de gamme "Entry" Logan, Sandero, Duster. Reste que la politique sécuritaire et répressive du tout-radar n'est guère favorable à une voiture de sport. Si elle fait vibrer le coeur des passionnés âgés, la marque Alpine, dont les ventes annuelles ont toujours été très faibles, est en outre totalement oubliée des personnes de moins de 40 ans. Et, hors de France, elle est encore plus ignorée! Rude gageure.

 

Ceux qui ont vu les maquettes de style sont toutefois enthousiastes. La future sportive de Renault, qui doit ressusciter la marque Alpine, "combine un avant inspiré de la célèbre berlinette et un arrière d'Aston Martin", raconte un de ces privilégiés à qui la maquette a été présentée. Cette Alpine doit en fait ressembler à la fameuse berlinette A 110  - la mythique voiture des années 60 et début 70 - , avait indiqué il y a quelque temps à La Tribune le patron du design de Renault, Laurens van den Acker.

 

Ce véhicule développerait 200-250 chevaux, tout en restant léger autour de 1,2-1,3 tonne seulement, avec des dimensions très contenues, selon nos informations. Cette nouvelle voiture emblématique, qui reprendra le label du champion du monde des rallyes de 1973, sera produite dans l'usine historique de Dieppe, en Seine maritime.

 

Une histoire mouvementée

 

Alpine a une très longue histoire qui remonte à... 1955. Créée par un concessionnaire Renault, Jean Rédélé, à Dieppe,  Alpine a vécu quarante ans d'histoire passionnelle et... fort mouvementée. Tout a démarré avec un petit coupé qui reposait sur une modeste base de 4CV. La Berlinette A108 a été dévoilée pour sa part en 1960. Un véhicule-clé, qui a servi de base à la fameuse A 110, laquelle est devenue la voiture sportive française par excellence, délicate à piloter, exiguë, médiocrement fabriquée, mais d'une légèreté et d'une agilité phénoménales.

 

Grâce à elle, Alpine a remporté le titre mondial des rallyes. L'heure de gloire. Après...  ce fut hélas la déchéance, avec notamment la reprise directe d'Alpine par Renault qui se fourvoiera dans la tentative de recréer une Porsche à la française, avec des véhicules trop chers et peu fiables. La marque a disparu en 1995.