Opel, toujours allié de PSA, essaye de remonter la pente

Par Alain-Gabriel Verdevoye  |   |  932  mots
La nouvelle Opel Corsa
La filiale allemande de GM lance une nouvelle petite Corsa, rivale des Peugeot 208 et Renault Clio. Opel est structurellement en perte. Grâce notamment à des coopérations avec PSA, la firme espère revenir à l'équilibre en 2015 ou 2016.

Opel dévoile ce mercredi sa nouvelle "petite" Corsa V, la cinquième mouture en 32 ans. Le "Best seller" de la filiale allemande de GM est un modèle clé. La Corsa s'est vendue à presque douze millions d'exemplaires en Europe depuis la première, dont 2,8 millions pour l'actuelle génération développée en coopération avec Fiat du temps de l'alliance - éphémère - entre l'italien et le mastodonte américain... Les ventes annuelles moyennes de Corsa se montent à 370.000 unités, affirme Opel.

Production en Allemagne et en Espagne

Cette rivale des Peugeot 208 ou autres Renault Clio sera l'une des attractions du Mondial de l'automobile parisien, qui se tiendra du 4 au 19 octobre. L'assemblage sur les chaînes de Saragosse (Espagne) et d'Eisenach (ex-RDA) commencera avant la fin de l'année. Les premières livraisons (en France) sont prévues en janvier 2015.

Cette petite voiture de 4 mètres de long recevra notamment, en entrée de gamme, un tout nouveau micro-moteur trois-cylindres. Pour abaisser consommations et émissions de CO2. Cette petite auto aurait pu être partagée... avec PSA. Mais le programme était déjà trop engagé au moment de la signature de la fameuse alliance stratégique entre le français et la maison-mère américaine d'Opel  fin février 2012.

L'alliance ratée PSA-GM

Le 12 décembre dernier, cette super grande alliance a fait finalement... pschitt. GM a alors annoncé avec sa brutalité coutumière qu'il se débarrassait de ses 7% dans PSA, prenant les dirigeants du groupe tricolore par surprise. PSA a, depuis, scellé un mariage avec le chinois Dongfeng. Mais Opel et le français restent liés par plusieurs accords de coopération technique et industrielle.

Un futur monospace compact Opel  sera ainsi fabriqué chez PSA à Sochaux, parallèlement au remplaçant du Peugeot 3008. La fabrication des prochains minispaces des deux groupes sera, elle, assurée par le site General Motors de Saragosse (Espagne). Ces deux familles de véhicules seront développées sur des plates-formes PSA. Les premiers véhicules issus de l'alliance devraient être commercialisés à partir de 2016.

Un  programme portant sur une nouvelle génération de petits véhicules utilitaires légers pour les deux groupes a été également lancé sur une plate-forme aussi d'origine PSA. Plus de 700.000 véhicules devraient être produits au total dans le cadre de cette collaboration. Le programme phare de petits véhicules et de mini-moteurs communs a en revanche été purement et simplement abandonné !

Descente aux enfers

Les immatriculations d'Opel dans l'Union européenne sont reparties à la hausse sur les cinq premiers mois de l'année. Elles ont progressé de 7;9% à 372.685 voitures particulières neuves (avec la marque soeur britannique Vauxhall). La part de marché est remontée à 6,9%. Mais Opel n'est pas pour autant tiré d'affaire. Car la  firme de Rüsselsheim détenait encore 7,4% du marché européen en 2011 et plus de 10% il y a dix ans ! Opel a en effet connu une véritable descente aux enfers.

La marque à l'éclair perd structurellement de l'argent depuis plus d'une décennie. Elle a dû réduire successivement ses capacités pour accompagner la chute de ses ventes. Après avoir fermé son site belge d'Anvers, le constructeur doit encore arrêter la production dans l'usine allemande de Bochum à la fin de cette année.  Opel ne compte pas renouer avec les profts avant 2015 ou 2016...

Absent des pays émergents, centré sur la seule Europe, Opel a longtemps pâti d'une médiocre image, de graves problèmes de fiabilité et des nombreux retards technologiques faute d'investissements. Opel ne bénéficie pas, du coup, de la flatteuse réputation "germanique" attachée aux produits Volkswagen, BMW, Mercedes. Il faut dire que la firme a pâti des errements stratégiques du consortium de Detroit, qui a dû être placé lui-même sous la sauvegarde de la loi américaine sur les faillites en 2009.

Politique erratique de l'actionnaire

GM n'a d'ailleurs dû son salut qu'aux 50 milliards de dollars injectés par les pouvoirs publics de Washington. Malmené, Opel a même failli être vendu en 2009 par GM, lequel a fait volte-face au tout dernier moment, au grand dam de la chancelière Angela Merkel. GM a ensuite décidé de mettre en concurrence Opel et sa marque américano-américaine Chevrolet, avant de décider brutalement l'an dernier... d'arrêter la distribution des Chevrolet en Europe ! Une politique pour le moins contradictoire.

La qualité chez Opel a bien remonté la pente selon les dernières enquêtes auprès des clients, depuis la période noire de la fin des années 90 et de la décennie 2000. Les derniers modèles de la marque allemande sont intéressants et compétitifs. Enfin, le constructeur a commencé a renouveler sa gamme obsolète de moteurs. Opel est donc sur la bonne voie.

Reste une taille critique très insuffisante, ce qui constitue l'écueil majeur, et une production dans des pays à coûts élevés comme l'Allemagne. Alors même qu'Opel ne peut se permettre de vendre plus cher que ses rivaux. Il est d'ailleurs étonnant que la nouvelle Corsa soit partiellement produite outre-Rhin, Volkswagen ayant décidé de fabriquer sa Polo  concurrente en Espagne et ses "minis" en Slovaquie...  Enfin, Opel dépend toujours des décisions prises à Detroit avec un long cortège d'atermoiemements historiques. On espère toutefois que la nouvelle patronne de GM, Mary Barra, saura imprimer une ligne directrice moins contradictoire que celle de ses prédécesseurs. Malheureusement, GM est empêtré dans un rappel de 30 millions de véhicules !