Batteries électriques : Tata Motors préfère le Royaume-Uni à l'Espagne pour sa « giga-usine » en Europe

Le Royaume-Uni a décroché l'investissement du géant indien Tata Motors, propriétaire du constructeur Jaguar Land Rover, dans une giga-usine de batteries électriques à « plus de 4 milliards de livres ». La production doit démarrer en 2026 et « devrait fournir près de la moitié de la production de batteries dont le pays a besoin d'ici 2030 », selon le gouvernement. De quoi aider le pays à accélérer les efforts pour décarboner son industrie automobile.
L'usine doit être bâtie à Bridgewater, dans le Somerset, au sud-ouest de l'Angleterre.
L'usine doit être bâtie à Bridgewater, dans le Somerset, au sud-ouest de l'Angleterre. (Crédits : Vivek Prakash)

[Article publié le mercredi 19 juillet à 12h39, mis à jour à 13h20] Il aura fallu neuf mois de négociations pour que le Royaume-Uni décroche le projet d'usine de batteries électriques porté par l'Indien Tata Motors, maison mère du constructeur britannique Jaguar Land Rover. L'industriel devrait débourser plus de 4 milliards de livres pour cette infrastructure qui devrait générer « jusqu'à 4.000 nouveaux emplois directs et des milliers en plus dans la chaîne d'approvisionnement élargie », précise un communiqué du ministère des Entreprises publié ce mercredi 19 juillet.

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Cette nouvelle « giga-usine » sera « l'une des plus vastes en Europe », indique le document. Elle doit être bâtie à Bridgewater, dans le Somerset, au sud-ouest de l'Angleterre, et la production doit y démarrer en 2026. Le Premier ministre britannique Rishi Sunak s'est félicité d'une « marque de reconnaissance de la vigueur de notre industrie automobile et des qualifications de ses ouvriers ».

Le Royaume-Uni plutôt que l'Espagne

En mars, le grand quotidien économique Financial Times écrivait que Tata Motors avait demandé un demi-milliard de livres (575 millions d'euros) d'aides au Royaume-Uni pour y bâtir son usine de batteries, faute de quoi il pourrait choisir la péninsule ibérique.

« Nous pouvons être incroyablement fiers que la Grande-Bretagne ait été choisie pour la première giga-usine de Tata Group hors d'Inde. C'est probablement le plus gros investissement jamais injecté dans l'industrie automobile de ce pays », a déclaré le ministre de l'Énergie Grant Shapps sur Sky News.

Le président de Tata Sons, N. Chandrasekaran, assure dans le communiqué que le conglomérat indien « est fortement engagé pour un avenir durable » et note que la nouvelle usine va « fournir en batteries électriques les futurs modèles de Jaguar Land Rover (...) avec le potentiel de fournir également d'autres constructeurs ».

Cap sur une industrie automobile décarbonée

Dans son communiqué, le gouvernement indique que l'usine « devrait fournir près de la moitié de la production de batteries dont le pays a besoin d'ici 2030, ce qui va donner un gros coup d'accélérateur à la transition du Royaume-Uni vers les véhicules à zéro émission » de CO2.

D'après le centre universitaire britannique Faraday, spécialisé dans l'électrification du pays, « d'ici 2030, il faudra un approvisionnement d'environ 100 gigawattheure (GWh) au Royaume-Uni pour satisfaire la demande de batteries pour » les véhicules, soit l' « équivalent de 5 giga-usines, chacune fonctionnant avec une capacité de 20 GWh par an ». D'ici 2040 ces besoins devraient grimper à 200 GWh soit l'équivalent de 10 giga-usines, ajoute-t-il, insistant sur la nécessité pour le pays d'accélérer ses projets d'infrastructures.

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Outre ce projet porté par Tata, le chinois Envision AESC construit déjà avec le constructeur japonais Nissan une « giga-usine » à Sunderland, au nord-est du pays, un projet annoncé en grandes pompes il y a deux ans. La société britannique Britishvolt, dédiée à la construction d'une vaste usine de batteries pour voitures électriques, a pour sa part fait faillite avant d'être rachetée par l'australienne Recharge pour une somme non divulguée.

Un retard à rattraper

L'ONG écologiste Greenpeace a salué « un moment important pour l'industrie automobile au Royaume-Uni ». Il y a quelques semaines, elle déclarait déjà qu' « obtenir une giga-usine (de batteries électriques) était capital pour s'assurer que le Royaume-Uni garde un secteur automobile à l'avenir ». Pour l'association, cela « montre que le gouvernement a finalement démarré dans la course internationale pour les technologies propres, pendant que d'autres sont déjà à pleine vitesse ». Elle appelle à présent Downing Street à « tenir son objectif louable de sortir des véhicules à essence et diesel à partir de 2030, et signer les réglementations pour cela ».

Pour sa part, le syndicat Unite, tout en louant l'annonce de la nouvelle usine, souligne que « les États-Unis et l'Europe ont des plans clairs et proactifs pour l'emploi et l'investissement » et demande au gouvernement britannique de « mettre en place une stratégie industrielle de long terme ».

Fin juin, le CCC, l'organisme indépendant chargé de conseiller Downing Street sur le passage à la neutralité carbone, avait déploré la « lenteur inquiétante » du rythme de la transition énergétique au Royaume-Uni. Il appelait le gouvernement à des actions « plus audacieuses » et à refaire du climat une « priorité ».

Tata affiche une santé de fer grâce à Jaguar Land Rover

Le constructeur automobile indien a annoncé en mai un bénéfice net supérieur aux attentes au quatrième trimestre de son exercice comptable clos en mars, à 54,08 milliards de roupies (658 millions de dollars). Il s'agit du deuxième trimestre consécutif de bénéfices, et le constructeur de véhicules particuliers et commerciaux avait annoncé son premier dividende en près de sept ans de deux roupies par action.

Ces bons résultats sont notamment le fait des performances de Jaguar Land Rover. Son chiffre d'affaires a augmenté de 49% au quatrième trimestre par rapport à la même période de l'an dernier, à 7,1 milliards de livres sterling. « L'année s'est achevée sur une note positive, tous les secteurs verticaux de l'automobile ayant enregistré de solides performances, ce qui a permis de réaliser de nombreux records historiques », avait indiqué le directeur financier de Tata Motors, P.B. Balaji, dans un communiqué.

(Avec AFP)

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Commentaire 1
à écrit le 20/07/2023 à 7:15
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Disons que l'industrie est gourmande en eau et que grâce à leurs géniales super bassines agro-industriels les espagnols sont à sec.

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