Carlos Gomes (BYmyCAR) : « le rachat de Marcel, première étape d'un projet global »

Les nouveaux modes de consommation de la mobilité vont impacter le métier des concessionnaires automobiles. Nommé en juillet 2020 directeur général de BYmyCAR, Carlos Gomes, ancien patron Amérique Latine puis Asie du groupe PSA, a engagé un profond travail de diversification du troisième distributeur français, autour des nouveaux métiers de la mobilité. Celui qui vient de racheter la plateforme de VTC Marcel explique les contraintes qui obligent toute la filière automobile à se transformer.
Nabil Bourassi
(Crédits : Bymycar)

LA TRIBUNE - On parle beaucoup de la transformation de l'industrie automobile. Mais le monde de la distribution n'échappe pas à cette mutation avec la digitalisation et la fin de la propriété automobile. Quelle est la photographie actuelle du secteur de la distribution ?

CARLOS GOMES - Il faut replacer dans leur contexte historique les enjeux d'aujourd'hui. Les relations entre l'industrie automobile et la distribution ont été façonnées autour d'un modèle qui est resté relativement stable pendant plusieurs décennies. Il y a eu des innovations, mais pas de ruptures. On peut même décrire cette entente comme très étroite et ancienne. Je rappelle qu'il y a même eu des cas dans l'histoire où ce sont des distributeurs qui sont venus secourir des constructeurs automobiles, y compris sur le plan capitalistique. Aujourd'hui, nous achevons un cycle de concentration des distributeurs commencé dans les années 2000, et nous ouvrons effectivement un nouveau chapitre. Nous sommes face à un marché automobile qui s'est mondialisé et de plus en plus exigeant en matière de rentabilité. Tout le monde cherche la marge là où elle se trouve, y compris dans la distribution. Les contraintes réglementaires CO2 et la course à l'innovation technologique ont amplifié les enjeux et obligent à des choix qui impacteront la distribution. Il nous appartient donc de nous réinventer.

Qu'est ce qui a changé exactement et qui impacte votre métier ?

Nos quatre métiers traditionnels sont impactés par cette transformation : la vente de voitures neuves, la vente de voitures d'occasion, le service après-vente et les pièces détachées. Ce n'est pas seulement le secteur qui change, c'est aussi le client. Hier, il voulait être propriétaire, aujourd'hui il est intéressé par la location, au forfait ou en longue durée. Ces nouveaux modèles de consommation de la mobilité deviendront la norme.

Mais en entrant dans la bataille de la mobilité, vous risquez d'avoir devant vous d'autres acteurs comme les loueurs de voiture, mais aussi des opérateurs publics ou des start-ups.

C'est effectivement le cœur de cette révolution : les constructeurs n'ont jamais été seuls sur le marché de la mobilité. Néanmoins, les acteurs que vous citez ont une très grande faiblesse : ils n'ont pas d'actifs, c'est-à-dire des véhicules. Certains n'ont même pas de points physiques, de relation client, d'après-vente, logistique ou de chaîne de recyclage de voitures d'occasion. Nous, nous avons 15.000 voitures disponibles, neuves ou d'occasion, et demain nous en aurons 50.000. Tout le monde doit pouvoir trouver chaussure à son pied.

Oui mais les mêmes qui n'ont pas d'actifs disposent de plateformes digitales et d'algorithmes, c'est tactique aussi...

Qu'est ce qui empêche les distributeurs de créer leur propre plateforme ou à s'y associer ?

C'est la raison qui vous a conduit, chez BYmyCAR, à racheter la compagnie de VTC Marcel au groupe Renault à l'automne dernier ?

Marcel, c'est une première étape d'un projet plus global. Nous travaillons actuellement à équiper notre groupe de nouvelles compétences et de talents. Nous avons ainsi recruté Christophe Pineau, ancien directeur de la stratégie de PSA, à la tête de la stratégie et de la mobilité du Groupe BYmyCAR. Nous avons également débauché des talents dans la data comme Pascal Josselin et nous allons continuer. C'est à travers cette nouvelle équipe que nous pourrons dérouler d'un point de vue opérationnel notre nouveau projet d'entreprise.

Marcel est loin d'être la plateforme VTC la plus dynamique...

Marcel est très dynamique. Nous venons justement de divulguer une nouvelle stratégie de croissance offensive pour cette plateforme avec une nouvelle identité visuelle mais aussi de nouveaux projets d'implantation dans d'autres agglomérations françaises à commencer par Nice et Lyon. Son positionnement de VTC à la française, responsable a été réaffirmé. Jamais Marcel n'a eu un tel programme !

Allez-vous procéder à des acquisitions pour aller plus vite dans la transformation de votre modèle ?

Il y a des sujets où l'acquisition est le format le plus pertinent, en raison de coûts d'entrée trop élevés. Nous envisageons également d'aller au-delà des frontières françaises, notamment en Europe du Sud. Mais BYmyCAR est reconnu pour sa force d'action opérationnelle, nous comptons donc aussi sur de la croissance organique.

Et en termes d'agenda...

Nous visons un chiffre d'affaires de 4 milliards d'euros en 2025 contre 1,7 milliard en 2020. En 2021, nous annoncerons plusieurs projets. L'arrivée de nouvelles compétences, ainsi qu'un bilan très solide en fonds propres et une trésorerie qui s'est accru pendant cette année de confinement sont un vrai accélérateur de la stratégie.

Cette croissance du chiffre d'affaires sera-t-elle essentiellement boostée par ces nouvelles activités de mobilité ?

Je ne peux pas le chiffrer, je peux simplement vous dire que la performance économique de ces nouvelles activités améliore entre 20 et 30% le rendement de nos activités traditionnelles. Mais notre véritable but c'est de nous positionner sur ce nouveau monde de la mobilité et faire partie de la solution. Aujourd'hui, BYmyCAR se porte bien, nous avons enregistré un chiffre d'affaires record de 500 millions d'euros au premier trimestre 2021 et vu notre rentabilité s'améliorer par rapport à 2019 notre meilleure année jusqu'à présent....

Nabil Bourassi

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Commentaire 1
à écrit le 10/05/2021 à 14:44
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Les constructeurs et les distributeurs peuvent mener toutes les stratégies du monde: tant que leurs services client seront aussi médiocres (particulièrement en premium comme chez Audi et Bymycar) ils n’ont aucune chance . La croissance se fait avec l...

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