Une débâcle pour John Elkann. L'homme d'affaires franco-italien, héritier de la famille Agnelli (fondatrice de l'empire Fiat), a raté l'introduction en Bourse d'Iveco. Le fabricant de camions italien entrait à la Bourse de Milan ce lundi 3 janvier, marquant sa scission du groupe CNH Industrial.
Titre rapidement suspendu
Après un début retardé de 30 minutes, le titre a rapidement plongé de 10% avant que le titre ne soit suspendu lorsqu'il est passé sous la barre des 11 euros. Iveco représentait la branche camions et bus du groupe CNH Industrial (qui garde les activités machines agricoles et de chantier), et agissait sous les marques Iveco, Heuliez, Astra (véhicules militaires) et Magirus (véhicules de lutte contre les incendies).
À 11,26 euros, le cours d'introduction valorisait Iveco autour de 3 milliards d'euros... soit beaucoup moins que les prévisions du marché. Début novembre, le journal italien de référence Il Sole 24 Ore tablait sur une capitalisation comprise entre 5 et 10 milliards d'euros.
La débâche d'Iveco rejaillit sur CNH Industrial qui chute de... 12%
Le titre CNH Industrial avait ouvert sous de bons auspices avec un titre en légère progression. Les brokers soulignaient que le groupe cédait ses activités les moins rentables. Mais la débâcle d'Iveco s'est répercutée sur la performance de CNH Industrial qui chutait ensuite de près de 12%.
La décision d'introduire Iveco en Bourse est survenue après l'échec de négociations de rachat avec le groupe chinois FAW. Ce dernier avait mis 3,5 milliards d'euros sur la table. Outre le fait que le montant était considéré comme insuffisant, le gouvernement italien s'était opposé à ce rachat menaçant de recourir au "golden power". Il s'agit d'un dispositif législatif qui permet à l'Etat italien de s'immiscer dans les affaires de secteurs considérés comme stratégiques pour le pays.
Premier raté après dix ans de démantèlement de l'empire Fiat
L'échec de cette IPO est un mauvais coup pour Exor, le holding familial qui représente la famille Agnelli. Sous la houlette de John Elkann, le holding a totalement rebattu les cartes du groupe industriel italien Fiat. En 2013, il sort CNH Industrial du groupe Fiat. En 2015, il exfiltre Ferrari du groupe en l'introduisant en Bourse. En 2019, il cède Magneti-Marelli, la branche équipementier, pour 6 milliards d'euros. Presque à chaque opération qui redistribue une partie des titres aux actionnaires, Exor préservait une position majoritaire dans le capital de la nouvelle entité: un tiers des titres chez Ferrari, 27% chez CNH Industrial, soit autant que dans la nouvelle entreprise Iveco.
En attendant, Exor reste un holding financièrement puissant. Il vient de céder le groupe d'assurance PartnerRe pour 9 milliards de dollars (7,7 milliards d'euros) au groupe Covéa. Il détient également 14% de Stellantis, le groupe automobile issu de la fusion de Fiat-Chrysler et PSA.
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