Encore une opération financière rondement menée... Exor vient de céder PartnerRe pour la somme de 9 milliards de dollars (7,7 milliards d'euros) au groupe Covéa. Cette opération permet au holding de la puissante famille Agnelli, connue pour avoir fondé l'empire Fiat, d'empocher près de 3 milliards de dollars de plus-value après avoir engrangé 660 millions de dollars de dividendes depuis son rachat en 2016.
Un expert des opérations financières
Le groupe italien confirme son expertise pour les juteuses opérations financières. En 2015, Exor avait déjà encaissé près de 1,5 milliard de dollars de profits en revendant Cushman & Wakefield, troisième promoteur immobilier mondial. Mais c'est avec le groupe Fiat Chrysler (FCA), depuis devenu Stellantis après sa fusion avec le groupe PSA en janvier dernier, qu'Exor a réalisé le plus de profits financiers. La holding dirigée par John Elkann a transformé le groupe automobile en privilégiant les ratios financiers et les dividendes (900 millions d'euros en 2019), parfois au détriment des investissements dans les gammes ou les technologies. De fait, FCA était devenu extrêmement rentable financièrement, alors que les ventes ne cessaient de s'effondrer en Europe, ainsi que le revenu par voiture vendue.
Un très lucratif démantèlement industriel
Pour optimiser davantage encore sa structure financière, Exor a démantelé le groupe industriel. Il a ainsi séparé toute la division camions et engins de chantiers à travers une nouvelle structure baptisée CNHI Industrial. Séparé de FCA, cette nouvelle structure est encore contrôlée par Exor qui en détient 27% des parts et 42,5% des droits de vote. En 2016, John Elkann reproduit la même opération en séparant le joyau de la couronne, Ferrari, à travers une juteuse redistribution des actions aux actionnaires. Exor possède 33% du capital de la firme au cheval cabré, et 36% des droits de vote. L'opération est un véritable succès. Au-delà des dividendes, la valorisation de Ferrari (40 milliards d'euros) gonfle le bilan d'Exor, ce qui lui permet d'améliorer sa solvabilité et ses capacités de refinancement. Enfin, la cession de Magneti-Marelli en 2019 pour 6 milliards d'euros avait également contribué à améliorer le profil financier de FCA.
Des participations très diversifiées
Mais Exor agit comme un fonds d'investissement et investit beaucoup d'argent dans diverses entreprises. Il a par exemple placé plus de 500 millions d'euros en mars dernier pour prendre 24% de Louboutin. Il est entré dans le capital de Alan, la startup dédiée au monde de l'assurance. Fin 2020, il avait racheté la filiale chinoise d'Hermès en Chine, Shang Xia. Sans parler des participations historiques dans la Juventus de Turin par exemple, le célèbre club de football sise dans le fief de Fiat. Exor possède également un important pôle de presse avec The Economist (43%) ou le groupe italien Gedi (90%) qui édite d'importants journaux comme La Stampa ou La Repubblica. Enfin, Exor est également un actionnaire important de Faurecia (5%), héritant de la redistribution de titres après la sortie du capital de Stellantis qui contrôlait l'équipementier automobile français.
En tout et pour tout, Exor contrôle une constellation d'entreprises dont le chiffre d'affaires cumulé a atteint en 2019, près de 143 milliards d'euros. En Bourse, Exor vaut 20 milliards d'euros, soit une progression de 25% depuis le début de l'année.
Un pacte d'actionnaires verrouille le capital de Stellantis
Avec les 9 milliards de dollars engrangés après la cession de PartnerRe, Exor peut-il augmenter sa participation dans Stellantis ? La holding de la famille Agnelli possède 14,4% dans Stellantis, soit moitié moins que les 30% qu'elle détenait dans l'ancien FCA. Les Peugeot ne pèsent, eux, que 7% de Stellantis... Et la famille française ne dispose pas du tout de la même surface financière que les Agnelli, avec moins de 7 milliards d'euros d'actifs sous gestion à travers le holding Peugeot Invest (ancien FFP), et avec des participations ultra-minoritaires (4% du groupe Seb, 5,3% de Spie, 0,1% du groupe Safran...).
Il faut seulement compter avec BPI France pour rééquilibrer les "intérêts français" dans le capital de Stellantis. Mais la démarche d'investissement d'une banque publique n'est pas la même que celle d'une famille historique qui accompagne le groupe fondée par ses aïeux. Pour l'heure, un pacte d'actionnaire bloque les positions des uns et des autres pendant sept ans (soit jusqu'en janvier 2028). Les Peugeot peuvent simplement monter de 2,5%. Mais, en cas de rupture du pacte d'actionnaires, les Agnelli pourraient prendre le contrôle de Stellantis en une bouchée...
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