Fiat-Peugeot : les chiffres fous d'une fusion historique

En fusionnant, les groupes automobiles français et italo-américain entrent dans une autre galaxie. Ils créent un géant baptisé Stellantis dont la taille n'a plus rien à voir avec celle moyenne, voire petite, qui les caractérisait. Pour PSA, l'appartenance à tel mastodonte ouvre d'immenses perspectives de marché et de synergies. Dans un contexte de profonde transformation sectorielle, cette ambition est unanimement saluée par les marchés.
Nabil Bourassi
Stellantis, qui signifie qui brille d'étoiles en latin, sera le nouveau nom de l'entité fusionnée de PSA et FCA (Fiat Chrysler).
Stellantis, qui signifie "qui brille d'étoiles" en latin, sera le nouveau nom de l'entité fusionnée de PSA et FCA (Fiat Chrysler). (Crédits : COMMUNICATION FCA)

C'est un adieu en fanfare que Louis Gallois célèbre ce lundi 4 janvier. L'industriel français qui a dirigé Snecma, la SNCF, Airbus, prend sa retraite après avoir supervisé la fusion entre PSA et FCA menée menée tambour battant par Carlos Tavares, président du directoire du constructeur français, et qui a été validée ce lundi matin par les actionnaires des deux entreprises réunies en assemblée générale.

En tant que président du conseil de surveillance de PSA, fort de son aura d'industriel respecté, Louis Gallois a permis de conforter ce projet de fusion géante. Dans une interview aux Echos publiée ce lundi, il est formel: "nous vivons la plus grande fusion dans l'industrie automobile depuis son origine". Et pour cause, les chiffres de la nouvelle entité, Stellantis, donnent le vertige, et vont totalement modifier le profil du groupe français historiquement cantonné à sa condition de petit constructeur automobile. Pour rappel, seul le rachat d'Opel en 2017 lui a permis de franchir le seuil de 3 millions de voitures vendues annuellement.

Lire aussi : Fusion Fiat-Peugeot : l'histoire d'un coup de bluff

Avec Stellantis, les quatre marques du groupe français (Peugeot, Citroën, DS et Opel) vont faire partie d'une entité qui produira pas moins de 8 millions de voitures par an et pèsera près de 185 milliards d'euros de chiffre d'affaires, contre 75 milliards d'euros pour PSA en 2019. Carlos Tavares, qui dirigera Stellantis, sera à la tête d'un groupe composé de 400.000 salariés (soit le double de PSA) répartis dans 160 usines, contre 60 sites pour le constructeur français.

De beaux profits en perspective

Pour PSA, mais également pour FCA, cette fusion sera source d'immenses synergies industrielles qui permettront d'amortir les investissements que nécessite la transformation de l'industrie automobile (transition énergétique, voiture autonome, connectivité, concurrence accrue...). Ainsi, Carlos Tavares table-t-il sur des synergies d'environ 5 milliards d'euros par an, soit un gain de compétitivité conséquent.

En outre, les analystes espèrent que le patron à poigne saura dupliquer chez Stellantis la stratégie d'optimisation industrielle qui a permis à PSA de devenir l'un des groupes automobiles les plus rentables du monde (8,5% de marge opérationnelle en 2019). Cela permettrait d'envisager de conséquents profits... Les analystes estiment par ailleurs qu'il existe d'importants gisements d'économies du côté de FCA, lequel souffre de ses surcapacités industrielles, notamment en Europe.

Une constellation de marques

Enfin, dernier chiffre, Stellantis réunira près de 14 marques automobiles. Pour Carlos Tavares il va falloir gérer la complémentarité des marques entre elles, définir des territoires de marques, mais également investir massivement dans certaines d'entre elles pour relancer leur gamme. Ces investissements se comptent en milliards d'euros chacune.

Avec Stellantis, Français et Italiens veulent retrouver leur rang de constructeur mondial. Leur projet industriel est fondé sur un ambitieux programme de rationalisation, de rentabilité et de repositionnement de 14 marques partout dans le monde. Alors que l'industrie automobile est appelée à d'importantes ruptures pour les dix prochaines années, cette fusion semble arriver à point nommé. Pour Louis Gallois, l'industrie automobile française est désormais sur de bons rails, il peut partir tranquille...

Nabil Bourassi

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Commentaires 4
à écrit le 05/01/2021 à 10:19
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Fidèle de Peugeot/Citroën, je pense sérieusement de me tourner vers un constructeur plus petit, ou plus indépendant, Toyota?. J'ai beaucoup de connaissance qui ont déjà franchit l'obstacle du psychologique et le pire est qu'ils sont satisfait de leur...

à écrit le 04/01/2021 à 17:53
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14 marques pour devenir le 4e groupe ! encore plus fort que VW et ses 12 marques. Toyota fait mieux à lui tout seul...

le 05/01/2021 à 10:48
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oui tout a fait. il convient de faire la différence entre la marque et le groupe. toyota a réussi presque toute seule à tenir face à ces concurrents qui n'hesitent pas à racheter des marques pour se développer comme le fait VW.

à écrit le 04/01/2021 à 13:56
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Non les marchés ne saluent pas les ambitions, mais saluent les fusions en espérant ainsi des licenciements, restructurations et autres "mesures de préservation de l'emploi" à mettre en perspective avec les "produits de protection de la plante" comme ...

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