Renault, Stellantis..., les constructeurs automobiles tentent de verrouiller leur approvisionnement de métaux stratégiques

Les constructeurs automobiles veulent à tout prix éviter de nouvelles situations de pénurie qui pourraient cette fois empêcher la fabrication de batteries électriques. Mais les nouveaux accords d'approvisionnement signés récemment ne couvriront qu'une partie seulement de leurs besoins.
Nabil Bourassi
(Crédits : SARAH MEYSSONNIER)

Branle-bas-de-combat chez les constructeurs automobiles... Les tensions sur les matières premières et les pénuries sont devenues critiques. Au point que certains sites de production voient leur production suspendue faute de pièces. L'actuelle crise des semi-conducteurs qui pourrait encore durer jusqu'en 2024, selon la secrétaire américaine au Commerce Gina Raimondo, donne un avant-goût de ce que donneront les approvisionnements des métaux stratégiques nécessaires à la fabrication des batteries électriques.

Les constructeurs mettent donc les bouchées doubles pour sécuriser leurs approvisionnements et éviter d'être pris à la gorge et ne pas reproduire un nouveau scénario de pénurie. Entre la reprise post-covid et la guerre en Ukraine, le marché des matières premières a été en première ligne, même si les dernières prévisions semblent plus optimistes.

D'après une note récente de Goldman Sachs, la tonne de lithium qui culmine autour de 60.000 dollars alors qu'elle s'échangeait à 6.000 dollars en 2020, pourrait refluer vers les 16.400 dollars dès 2023. Sur le cobalt, la banque américaine est plus prudente et voit la tonne à 59.000 dollars l'an prochain, alors qu'elle tutoie les 80.000 dollars actuellement. De son côté, le nickel devrait rester stable. Pour les constructeurs, le sujet n'est donc pas tant de déjouer les tensions sur les prix, mais de conjurer le risque de pénurie.

Volkswagen, Tesla...

Volkswagen a été l'un des premiers à avoir dégainé en passant une série d'accords pour assurer son programme de production de 34 milliards de dollars de batteries électriques. Le groupe allemand a notamment signé avec Vulcan pour sécuriser du lithium extrait dans la vallée du Haut Rhin, en Allemagne. Mais le contrat le plus spectaculaire reste toutefois celui signé entre Tesla et Vale pour sécuriser 75.000 tonnes de nickel par an en provenance de mines canadiennes. Cet accord survient au moment où la guerre en Ukraine a rappelé au monde entier la prépondérance russe sur le nickel (premier producteur mondial avec 20% de la production totale).

D'après une note de l'agence internationale de l'énergie repérée par Les Echos, le secteur des transports consommera 19 fois plus de nickel en 2040 par rapport à 2022. Pour Elon Musk, ce minerai est d'autant plus stratégique qu'il peut en partie remplacer le cobalt dont la production est encore plus concentrée (60% de la production mondiale est située en RDC).

Les Français signent aussi des accords

Les Français sont également à la manœuvre pour sécuriser leurs approvisionnements. Renault a annoncé mardi un accord avec la société marocaine Managem Group pour se fournir en cobalt. Le groupe au losange achètera ainsi 5.000 tonnes de cobalt marocain par an pendant sept ans.

Dans la foulée, c'est Stellantis qui a divulgué un accord, cette fois, pour sécuriser ses approvisionnements en lithium. Le groupe franco-italo-américain a signé avec l'américain Controlled Thermal Ressources pour la fourniture de près de 25.000 tonnes de lithium par an pendant dix ans. Toutefois, cet accord vise seulement à sécuriser les activités Nord-américaines du groupe où il a programmé le lancement de 25 modèles électriques. Stellantis vise la moitié de ses ventes en voitures électriques à horizon 2030 sur ce juteux marché. Ces accords ne couvrent qu'une partie seulement des besoins des constructeurs. Il est possible que de nouveaux accords surgissent dans les prochains mois.

Nabil Bourassi

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Commentaire 1
à écrit le 13/06/2022 à 16:32
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Et c'est tant mieux.... On crie depuis des lustres que cette toute dépendance à la Chine notamment est une aberration, un suicide économique. Le pandémie nous la démontrait avec fracas, maintenant le secteur auto.... Que faut il de plus pour que tous...

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