Construire 250.000 logements sociaux d'ici à fin 2022, le pari risque d'être intenable

Au moins 92.700 autorisations à construire du logement social ont été délivrées par les préfets de département en 2021, selon les chiffres de l'Union sociale pour l'habitat. « Nous affrontons plus d'embûches et plus de refus », témoigne sa présidente Emmanuelle Cosse, ancienne ministre du Logement. En attendant, il reste 2,2 millions de demandeurs de logement social.
César Armand
Après 124.000 agréments en 2016, 113.000 en 2017, 109.000 en 2018, 105.000 en 2019, 87.500 en 2020, les bailleurs sociaux comme l'exécutif auraient souhaité « un rebond » à 100.000 autorisations à défaut de 120.000.
Après 124.000 agréments en 2016, 113.000 en 2017, 109.000 en 2018, 105.000 en 2019, 87.500 en 2020, les bailleurs sociaux comme l'exécutif auraient souhaité « un rebond » à 100.000 autorisations à défaut de 120.000. (Crédits : Reuters)

C'est un « défi » qui ressemble de plus en plus à une mission impossible. A trois mois jour pour jour du premier tour de l'élection présidentielle, la volonté politique du gouvernement actuel de construire davantage de logements neufs semble se heurter à un mur.

En février dernier, la ministre du Logement Emmanuelle Wargon avait proposé, au micro de Jean-Jacques Bourdin sur RMC-BFM-TV, « qu'on construise 250.000 logements sociaux en deux ans » : 120.000 en 2021 et 130.000 en 2022. Soit un tiers de plus qu'en 2020, année marquée par la crise sanitaire et la paralysie des chantiers pendant le premier confinement.

Cette année-là, seuls 90.000 logements sociaux étaient sortis de terre et 87.500 agréments délivrés, c'est-à-dire des autorisations délivrées par les préfets de départements. Soit 22.500 de moins qu'en 2019, année de référence.

Au moins 92.700 agréments en 2021

Force est de constater que la promesse semble difficilement atteignable. En visioconférence de presse ce 10 janvier 2022, l'Union sociale pour l'habitat (USH), la confédération des bailleurs sociaux, a communiqué sur le chiffre de 92.700 agréments pour 2021.

« Après un quinquennat marqué par les « Gilets jaunes », la Covid, la montée de la pauvreté et des inégalités, le sujet n'est pas assez porté politiquement », a regretté la présidente de l'USH Emmanuelle Cosse.

« Nous allons nous mobiliser pour faire comprendre aux candidats de réorienter leur programme en ce sens », a ajouté l'ancienne ministre du Logement (2016-2017).

« Plus d'embûches et plus de refus »

Le compteur d'agréments sera clos le 14 janvier prochain, mais devrait atteindre les 95.000-96.000, a précisé la directrice générale de l'Union sociale pour l'habitat, Marianne Louis. Interrogé par La Tribune, le ministère du Logement déclare justement vouloir attendre la semaine prochaine pour communiquer quelque chiffre que ce soit.

Après 124.000 agréments en 2016, 113.000 en 2017, 109.000 en 2018, 105.000 en 2019, 87.500 en 2020, les bailleurs sociaux comme l'exécutif auraient souhaité « un rebond » à 100.000 autorisations à défaut de 120.000.

Les écueils sont connus : outre l'approche des élections présidentielle et législative, les maires (ré)élus en 2020, voire et surtout leurs habitants, freinent le développement de nouveaux projets. « Les bailleurs nous le disent clairement : nous avons des dossiers, mais nous affrontons plus d'embûches et plus de refus. C'est pourquoi nous avons besoin d'une mobilisation plus forte ! » insiste Emmanuelle Cosse.

Action Logement et CDC Habitat en première ligne

La solution viendra peut-être des bailleurs sociaux institutionnels. Lors de son annonce, la ministre du Logement Emmanuelle Wargon avait promis de mettre sur la table 1,5 milliard d'euros. Le premier à avoir sorti le chéquier est Action Logement. Administré par les syndicats et le patronat, l'ex-1% a en effet débloqué 1,170 milliard d'euros au premier semestre 2021: 920 millions d'euros de prêts et de subventions pour les opérateurs du logement social et intermédiaire et 250 millions à Foncière Logement pour favoriser la mixité sociale et lutter contre l'habitat indigne.

Lire aussi 8 mn« Un nouveau prélèvement de l'État déstabiliserait Action Logement et sa mission auprès des salariés », Bruno Arcadipane

Selon nos informations, l'organisme paritaire, qui visait 46.000 agréments en 2021 après en avoir obtenu 42.000 en 2020, aurait glané plus ou moins 35.000 autorisations à construire délivrés par les préfets de département l'année dernière. Déjà détenteur d'environ 20% du patrimoine social, Action Logement réalise chaque année 30% de la production neuve dans ce domaine. Il peut compter sur sa cinquantaine de filiales et mobiliser des financements spécifiques pour tout type d'opération, construction ou démolition-reconstruction.

Le second acteur de premier plan est CDC Habitat. Après avoir déclenché dès mars 2020 un premier appel à manifestation d'intérêts pour acquérir 40.000 logements neufs en vente en état futur d'achèvement (VEFA), la filiale logement de la Caisse des Dépôts s'est engagée « pour la production de 42.000 logements sociaux en 2021 et 2022, soit une hausse de plus de 50% de sa production annuelle par rapport à 2020 » en lançant un appel à projets visant la production de 30.000 logements locatifs sociaux sur deux ans et associant son réseau d'organismes de bailleurs sociaux partenaires. Sollicitée, CDC Habitat déclare qu'il est «trop tôt pour faire un point ».

Lire aussi 7 mnLogement: « Il va nous falloir faire du sur-mesure » (Anne-Sophie Grave, CDC Habitat)

2,2 millions de demandeurs

Pour loger 2,2 millions de demandeurs de logement social, il faudrait 150.000 agréments annuels, a l'habitude de répéter l'Union sociale pour l'habitat. Soit 30.000 de plus que ceux espérés pour l'année 2022.

« L'objectif 250.000 a le mérite de dire les choses et l'intérêt à ce que les acteurs économiques se confrontent à ces sujets. Reste que la question est de savoir si l'Etat veut vraiment que cet objectif soit tenu... », a encore affirmé Emmanuelle Cosse.

César Armand

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaires 9
à écrit le 11/01/2022 à 21:13
Signaler
La france et ses élites n'ont pas encore compris que la croissance perpétuelle de la population soit naturellement soit par l'immigration nous bloquaient dans une crise du logement perpétuelle et était en contradiction avec la préservation des terrre...

à écrit le 11/01/2022 à 16:53
Signaler
Plus il y a de logements sociaux plus il y a de clientélisme municipal et donc de ségrégation sociale!

à écrit le 11/01/2022 à 9:53
Signaler
Logement sociaux pour accueillir les bataillons d'immigrés qui vont pourrir la vie avec leur culture moyenâgeuse aux autres habitants tout en refusant l'intégration, tout cela aux frais des classes moyennes qui sont les plus taxés au monde et qui son...

le 11/01/2022 à 13:54
Signaler
En tout cas ce ne sont pas leurs vieux qui nous coûtent cher puisque eux s'en occupent jusqu'à la fin de leur vie, nous autres on les parque dans des mouroirs en cherchant milles excuses pour se donner bonne conscience. La barbarie elle est pas de le...

à écrit le 11/01/2022 à 9:32
Signaler
Ils feraient mieux d’interdire les résidences secondaires et de surveiller le marché de l'immobilier, depuis la construction de masse des ces logements dit sociaux les accès au logement sont toujours moins abordables, comment cela se fait ? 16m2 à Bo...

à écrit le 11/01/2022 à 6:08
Signaler
Emmanuelle qui ? Il y a longtemps que le logement social n'est plus une priorité.

à écrit le 11/01/2022 à 2:04
Signaler
La pauperisation en marche.

à écrit le 10/01/2022 à 19:36
Signaler
quand on voit ce que cette dame a fait, on a envie de rire a l'idee qu'elle donne encore son avis ( a la c..)

à écrit le 10/01/2022 à 19:23
Signaler
Des logements sociaux, pourquoi pas, mais alors ,de petite superficie. L'état français n'a pas à financer un train de vie faste, ni à encourager la natalité par des surfaces excessives. Des trente mètres carrés sont suffisants

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.