40% de « logements publics » à Paris en 2035 ! Rien de moins. Derrière ce pourcentage, l'adjoint (PCF) chargé du Logement veut atteindre, dans treize ans, les 30% de logements sociaux et 10% de logements abordables, des habitats dont les loyers sont inférieurs à 20% à ceux du marché.
Retenir les classes moyennes
Sauf que ce double objectif nécessite de produire 4.000 logements sociaux et autant de logements abordables supplémentaires dans les délais impartis. D'autant qu'à l'heure actuelle, Paris ne compte « que » 24,7% de logements sociaux, contre 13% en 2001 lorsque le socialiste Bertrand Delanoë a été élu maire de la capitale.
Entre un marché de l'achat privé cantonné aux classes supérieures et un parc social réservé aux classes populaires, l'exécutif parisien veut désormais retenir les classes moyennes. Ces dernières sont les premières à quitter la Ville-lumière pour d'autres communes dès lors qu'elles ont un enfant ou divorcent.
Une promesse de campagne d'Hidalgo... en janvier 2020
En réalité, Ian Brossat ne fait que reprendre à son compte une annonce d'Anne Hidalgo, alors candidate à sa réélection aux élections municipales. Le 15 janvier 2020, l'édile avait en effet choisi un garage aérien transformé en immeuble de logement social dans le 9ième arrondissement pour y annoncer la création d'une société mixte publique-privée proposant de la location à des prix abordables.
Aux côtés déjà de son adjoint (PCF) au Logement et d'Alain Dinin, président de Nexity, premier opérateur immobilier français, elle avait promis que cette future société serait d'un dotée d'un milliard d'euros de la Ville, de deux milliards d'une institution publique type Caisse des Dépôts et de trois milliards d'euros d'acteurs privés, comme les assureurs ou les banquiers.
Lever 20 milliards pour "reconquérir" 30.000 logements d'ici à 2026
Déjà l'objectif d'Anne Hidalgo était ambitieux : lever 20 milliards d'euros pour « reconquérir » 30.000 logements d'ici à 2026 (date de fin du mandat actuel, Ndlr). Elle prenait l'exemple d'un couple qui démarre dans la vie active, qui a un enfant et qui souhaite accueillir un deuxième. « Les loyers seront 20% en-dessous du prix du marché actuel", avait-elle également fait savoir.
Concrètement, cette société d'économie mixte pourra racheter des immeubles - elle le fait déjà pour le parc social -, en transformer d'autres - elle en confie le soin à des promoteurs privés - ou même construire...sur un foncier toutefois restreint.
A la question de savoir qui attribuerait lesdits logements, Anne Hidalgo expliquait que « la Ville garderait la main en collégialité avec les entreprises privées et les institutions ». Selon toute vraisemblance, son fonctionnement devrait se rapprocher de celui qui prévaut pour le logement social. C'est-à-dire, sous condition de revenus et sous la forme d'un système de cotation qui fonctionne selon un nombre de points.
Aujourd'hui, les modalités économiques et financières restent floues
Il n'empêche : Ian Brossat veut certes réserver l'intégralité de sa communication pour son intervention lors du prochain Conseil de Paris du 15 au 18 novembre mais les modalités économiques et financières restent floues.
Interrogé là-dessus par La Tribune, le premier adjoint (PS) d'Anne Hidalgo, Emmanuel Grégoire répond d'abord en définissant les « logements publics » comme « un parc de logements qui échappera à la main invisible du marché ».
Relancé, il confirme que les grandes foncières institutionnelles, type assurances et banques, qui ont des obligations de placement à faible niveau de rentabilité pour couvrir leurs activités à risque seront au tour de la table. Il indique aussi que des discussions ont lieu avec la Caisse des Dépôts.
Reste que 2035 apparaît comme une échéance tardive. Les prochaines élections municipales se tiendront en 2026. Les suivantes en 2032. Autrement dit, quand Anne Hidalgo, Ian Brossat et Emmanuel Grégoire seront des retraités de la vie politique.
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