Chapelle Darblay : le cartonnier belge VPK fait faux bond et ira investir ailleurs

La perspective d’un avenir papetier pour l’usine rouennaise de la Chapelle Darblay s’éloigne. Longtemps pressenti, le cartonnier belge VPK va finalement investir dans une autre papeterie normande : celle du thaïlandais Double A.
Syndicats et ONG ont manifesté fin avril devant le ministère de l'économie pour la survie de la papeterie UPM, connue sous le nom de Chapelle Darblay.
Syndicats et ONG ont manifesté fin avril devant le ministère de l'économie pour la survie de la papeterie UPM, connue sous le nom de Chapelle Darblay. (Crédits : DR)

Rebondissement dans le feuilleton de la Chapelle Darblay. Le groupe belge VPK, qui était présenté comme l'un des candidats les plus sérieux à  la reprise de la papeterie rouennaise mise en vente par UPM, tourne les talons. Dans un courrier envoyé à des responsables régionaux, ses dirigeants annoncent leur intention de réaliser un « investissement majeur » dans une autre papeterie située sur la commune d'Alizay dans l'Eure, propriété du thaïlandais Double A.

Spécialisé dans la fabrication de ramettes A4, le site, racheté en 2013 au finlandais M'Real au terme d'une bataille homérique, bat de l'aile en raison de la dégringolade de la consommation de papier bureautique. En association avec Double A, le cartonnier entend le convertir dans la production de papier pour ondulé recyclé : un secteur dopé par le boom sans précédent du e-commerce. Selon nos informations, c'est VPK qui apportera l'essentiel des capitaux nécessaire à cette transformation dont le détail a été  présenté en début de semaine au CSE de Double A.

« Une victoire papetière au goût amer »

Le changement de pied soudain du cartonnier a jeté un froid à Rouen chez ceux qui espéraient encore une offre ferme de sa part, à la veille de la date limite fixée par UPM pour la vente de la Chapelle Darblay (fin juin). « Nous nous réjouissons pour nos collègues d'Alizay. Mais c'est une victoire papetière au goût amer » se désole Arnaud Dauxerre, délégué des cadres de l'usine.

La sortie du jeu du groupe belge pourrait, en effet, hypothéquer l'avenir de la dernière usine française produisant 100% de papier recyclé, pourtant unanimement considérée comme un modèle d'économie circulaire. « Aucun des candidats au rachat n'a les moyens de réaliser les investissements nécessaires pour pérenniser l'outil industriel » note un bon connaisseur. Les représentants syndicaux veulent toutefois encore croire à une issue positive.

Du papier à l'hydrogène ?

Ils réunissent ce vendredi (4 juin), à Rouen, trois investisseurs potentiellement intéressés pour tenter de bâtir un projet industriel viable sur la base des études réalisées depuis un an. « Avant de condamner un outil aussi capitalistique, tout doit être tenté d'autant que nous avons démontré depuis un an qu'il existait des débouchés dans les isolants ou la sacherie » insiste Arnaud Dauxerre. Pour autant, les chances de succès restent ténues.

 A défaut, c'est le groupe Samfi, propriété du millionnaire et homme d'affaires caennais Alain Samson qui pourrait bien emporter la mise. Associé à Paprec, il propose de transformer l'usine en une unité de production d'hydrogène adossée à un centre de collecte de vieux papiers, condamnant de fait l'activité de recyclage. Reste à voir ce qu'en pense Bercy où ce dossier est suivi avec beaucoup d'attention. A suivre

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