Pénurie de médicaments : les industriels mis en cause

Au moins 350 médicaments manquent régulièrement à l'appel. Un phénomène aggravé par les quotas fixés par Pfizer, Lilly ou Roche. Ces pratiques se banalisent sur le marché français.
Infographie La tribune

«Depuis le début de l'année, il nous manque régulièrement une trentaine de médicaments pour soigner des pathologies importantes : trithérapies, anticholestérols, anti-Parkinson... » Ce pharmacien parisien résume l'avis de la profession : les ruptures de stocks de médicaments s'accélèrent. L'Union des syndicats de pharmaciens d'officine (USPO) a déjà reçu 1.200 déclarations de ruptures d'approvisionnements, soit 5 % des officines, sur la seule base du signalement des pharmaciens. « Sur les 350 médicaments concernés, la moitié a subi une rupture de plus de trois jours », s'alarme le président de l'USPO, Gilles Bonnefond.

« Il n'y a pas de pénurie généralisée mais il peut y avoir des soucis sur les produits vendus seulement à quelques milliers d'exemplaires par an, comme les antirétroviraux (traitement du sida) », admet Emmanuel Déchin, le secrétaire général de la Chambre syndicale de la répartition pharmaceutique, qui fédère les grossistes. Mardi, le ministre de la Santé Xavier Bertrand a dénoncé « les exportations parallèles » et les « quotas des laboratoires » et menacé le secteur d'un « nouveau texte » pour encadrer ces pratiques. Mais dans la réforme du médicament présentée lundi, pas un mot sur ces pratiques.

De quoi s'agit-il ? En Europe, les prix des médicaments sont fixés nationalement. Jusqu'à 20 % plus chers en Allemagne par rapport à la France, ils coûtent 10 % de moins en moyenne en Espagne, en Italie ou en Grèce. Certains grossistes - intermédiaires entre les industriels et les pharmaciens - en jouent pour revendre à l'étranger des produits nationaux, gonflant leurs marges grâce au différentiel de prix. Un « commerce intracommunautaire » parfaitement légal estimé à quelque 500 millions d'euros en France (3 % du marché). À ce petit jeu, les quatre grossistes hexagonaux (les français OCP et CERP, le britannique Alliance Healthcare et l'allemand Phoenix) pointent la responsabilité d'une vingtaine de nouveaux acteurs, appelés « shortliners ». Ceux-ci ne vendent que quelques références (d'où leur nom) et n'hésitent pas à exporter directement les plus lucratifs, alors que les grossistes traditionnels ont l'obligation de servir d'abord le marché français.

« Les shortliners ne représentent que 2 % du marché [18 milliards en France, Ndlr] : ils ne peuvent pas être seuls à l'origine du problème », s'étonne Gilles Bonnefond. Pour lui, c'est l'ensemble de la profession qui est en cause ainsi que les industriels. Ces derniers imposent en toute légalité des quotas sur près de 600 médicaments, justement pour éviter que les grossistes ne les revendent à l'étranger une fois servi le marché domestique... Mais « Pfizer, Lilly ou Roche imposent des quotas trop drastiques sur leurs médicaments les plus chers », estime Gilles Bonnefond. Le syndicat des labos (Leem) rétorque que « les ruptures résultent de facteurs impossibles à anticiper (mauvaises conditions météo, catastrophes naturelles) ». « Les grossistes et les laboratoires continueront à se renvoyer la balle tant qu'il n'y aura pas une totale transparence sur les produits exportés et sur les quotas », selon Gilles Bonnefond.

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Commentaires 5
à écrit le 14/08/2011 à 20:42
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le truc, il est pas compliqué. Les médicaments en France coutent beaucoup moins cher en France qu'en Allemagne, aux PB ou en GB. Pourquoi ? parce que la sécurité sociale fixe le prix des médicaments qu'elle rembourse, et le fixe beaucoup très bas pou...

à écrit le 06/08/2011 à 7:29
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Pour repondre a MRCHELEM et la vindicte gauchisante, je n'ai qu'une question a lui poser: quand il aura son cancer, est ce que celui ci sera de gauche ou de droite??? Et il est temps que les gouvernements se penchent ENFIN sur les prix de transferts...

à écrit le 05/08/2011 à 15:16
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notre monde accélère sa folie !!!!! Seul compte ce sacro saint ARGENT !! fonds de pensio, actionnariats, intérêts ... et à côté de toutes ces folies basées sur le seul d'intérêt de l'argent on ouvre le chapeau et on découvre subitement que 700.000 en...

à écrit le 05/08/2011 à 12:54
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Cherchez du coté des exportations par les grossistes frontaliers qui se font des millions sur le dos des laboratoires au détriment de la livraison aux officines .Les fameux profiteurs capitalistes ne sont pas toujours ceux désignés par la vindicte ga...

le 05/08/2011 à 13:19
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au fait à quel moment on pense aux malades qui sont en attente de ces médicaments ? le problème n'est sans doute pas là, puisque la finalité dans le commerce c'est de se faire du fric quelle que soit la marchandise...

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