Via un partenariat scellé avec NG Biotech, Boiron réalise depuis avril le conditionnement et la distribution des autotests antigéniques fabriqué par cette société pionnière dans les outils de diagnostic rapide du Covid 19. Le laboratoire, dont le siège (et principal site industriel) est situé à Messimy dans le Rhône, s'est également associé à Emmac Life Sciences pour commercialiser des produits à base de plantes de cannabis thérapeutique. Boiron nourrit d'autres projets de développement sur le créneau des plantes médicinales, assure un porte-parole du groupe familial à La Tribune. Ces diversifications restent marginales pour le groupe pharmaceutique qui a développé parallèlement une gamme de compléments alimentaires et de crèmes cosmétiques. Elles s'inscrivent dans un contexte dégradé pour le premier laboratoire français dont les médicaments homéopathiques représentent environ 80% de l'activité.
Leur déremboursement progressif entamé depuis 2019 avait déjà provoqué un recul de 7,8% du chiffre d'affaires de Boiron en 2020 (513 millions d'euros). L'arrêt complet de la prise en charge de l'homéopathie depuis le 1er janvier a encore aggravé cette baisse. Les mesures de protection sanitaire, provoquées par l'épidémie de Covid 19, ont, de surcroît, fortement limité les pathologies hivernales, point fort de Boiron avec ses granules contre la grippe notamment. Le laboratoire, côté sur le marché Euronext de la Bourse de Paris, a ainsi annoncé une chute de 41% de ses recettes au premier trimestre par rapport à la même période de 2020.
Réorganisation depuis 2020
Conséquence de cette conjonction d'éléments négatifs, Boiron fermera son site de production de Montrichard en décembre. A la clé, le licenciement économique d'une trentaine de salariés sur les 64 qu'emploie le laboratoire dans le Loir-et-Cher. Les autres collaborateurs bénéficieront de mesures de reclassement au sein du groupe ou de préretraite. Les installations seront transférées au siège de Messimy avant la vente de ces locaux de plusieurs milliers de mètres carrés, propriété de l'entreprise. Mis en œuvre à partir d'octobre 2020, le plan de sauvegarde de l'emploi (PSE) de Boiron induit également la fermeture de 12 établissements de préparation-distribution sur les 27 que compte le laboratoire dans l'Hexagone. 490 emplois sont concernés par ces mesures portant la totalité des suppressions de postes fin 2021 à 550 sur un effectif total dans le monde de 3.200 salariés.
Trésorerie solide
Boiron, qui ne comptera plus que deux sites de production en 2022, à Messimy et à Montevrain en Seine et Marne, anticipe cette année une baisse de ses recettes similaire à celle enregistrée en 2020. Pour autant, l'assise et la pérennité du laboratoire, encore détenu à 70% par la famille Boiron, ne sont pas remises en cause, selon le même porte-parole. D'une part, le groupe s'est largement développé à l'international depuis 2015. Boiron réalise désormais 50% de ses recettes hors de l'Hexagone, où la question du remboursement des médicaments est moins sensible qu'en France. Le laboratoire, dirigé par Valérie Poinsot, peut, d'autre part, s'appuyer sur une situation financière saine, grâce à une absence d'endettement et une trésorerie importante. De quoi attendre des jours meilleurs en poursuivant sa diversification pour ne plus dépendre uniquement de ses gammes de produits homéopathiques.
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