E-santé : Sanofi passe à la vitesse supérieure

Sanofi a ouvert des locaux dédiés à la santé numérique à Gentilly, une première en France pour un laboratoire pharmaceutique. Le géant du médicament va accompagner des startups afin de co-créer et industrialiser des solutions pour améliorer le suivi des patients et développer des solutions pour les professionnels de santé.
Jean-Yves Paillé
Le 39Bis est "le premier laboratoire consacré à la santé numérique créé en France", assure Guillaume Leroy, président de Sanofi France. Et d'ajouter: "Ce domaine, qui chamboule notre manière de faire de la recherche et de la production, fait partie de nos priorités."

En 2015, les efforts de Sanofi dans la santé numérique en France semblait se résumer au développement de quelques applications mobiles, comme Diabeo, et à des projets d'utilisation dans la prévention, l'éducation des patients, encore flous. Depuis, le laboratoire pharmaceutique a parcouru beaucoup de chemin. Il a multiplié les partenariats avec des incubateurs (Village By CA Paris,...), des universités, des grandes sociétés comme Orange ou Altran, et des startups. Il souhaite désormais accompagner les jeunes pousses, du développement de leurs solutions en e-santé, jusqu'à leur industrialisation. Pour cela Sanofi a ouvert "un laboratoire dédié à la e-santé à 100%" au sein de son site de Gentilly (Val-de-Marne), lundi 4 décembre.

Baptisé 39Bis, il est divisé en trois parties. On y trouve un "showroom" et une agora, des lieux d'échanges où Sanofi et des sociétés de e-santé peuvent présenter leurs offres et en discuter, s'informer sur l'environnement en santé numérique ; un espace pour travailler sur le développement de projets ; et une salle dédiée à l'expérimentation des solutions. "C'est le premier laboratoire consacré à la santé numérique créé en France. Ce domaine, qui chamboule notre manière de faire de la recherche et de la production, fait partie de nos priorités", claironne Guillaume Leroy, président de Sanofi France, lors de l'inauguration des nouveaux locaux.

Sanofi a prévu d'accompagner chaque startup e-santé sélectionnée durant six mois, du cadrage à l'expérimentation, en passant par l'incubation. "On va proposer aux société des formations et des méthodes pour booster leurs projets", explique Isabelle VItali, directrice innovation de Sanofi France. Le laboratoire pharmaceutique prévoit également des discussions sur les modèles d'affaires pour les projets aboutis, en vue de l'industrialisation des solutions créées.

Cinq axes prioritaires dans la e-santé

Le laboratoire pharmaceutique va se focaliser dans un premier temps sur cinq axes stratégiques. Il cherche à lancer des produits de santé numérique destinés à améliorer la pharmacovigilance, c'est-à-dire l'usage des médicaments. Le laboratoire travaille déjà avec Orange et la startup Kap Code sur l'élaboration d'un agent conversationnel - une sorte de chatbot amélioré-, basé sur l'intelligence artificielle, dont les premiers tests qui impliqueront des professionnels de santé sont prévus pour janvier.

Concernant les quatre autres axes, le laboratoire va codévelopper pèle-mêle des projets dédiés au suivi de la vaccination de la grippe, à l'amélioration des diagnostics dans les maladies rares et des affections cutanées, ainsi qu'au rôle des pharmaciens, amenés dans quelques années à aller au-delà de la vente de boîtes de médicaments. "Des services et plateformes connectés, ou encore des moocs destinés aux officines sont à l'étude", précise Isabelle Vitali.

Sanofi juge le contexte favorable

Sanofi a choisi d'installer son "laboratoire en e-santé" en France, car la société pharmaceutique juge que l'environnement est favorable dans le pays. "Le marché de l'e-santé est estimé entre 2,2 et 3 milliards d'euros par an en France, lance Isabelle Vitali, qui cite une étude du Pipame. C'est un pays propice à ce type de marché, avec un potentiel énorme. Il y a des possibilités en modèle d'affaires, aussi bien pour les grands groupes que pour les jeunes pousses. Et seule une startup sur deux a pour le moment réussi à commercialiser ses solutions en e-santé aujourd'hui..."

En parallèle, la dirigeante se félicite d'une "évolution dans l'acceptation de la e-santé chez les médecins sur les bénéfices que cela peut apporter, en particulier dans les maladies chroniques". Isabelle VItali juge en outre que les patients "sont majoritairement favorables à un partage de leurs données de santé". Elle s'appuie sur un sondage d'Odoxa, diffusé en novembre, soulignant que 83% des Français sont favorables au partage de leurs données de santé, si cela permet d'améliorer les diagnostics, la prise en charge et la recherche médicale.

Aller au-delà du médicament

Cette initiative de Sanofi va dans le sens de sa volonté d'aller au-delà du médicament affichée depuis quelques temps. "Notre ambition dans cinq ans dans la e-santé est de développer des solutions de prise en charge globale", confiait en janvier 2016 à La Tribune Gilles Litman, alors directeur Performance & Innovation, chez Sanofi France.

Le géant pharmaceutique travaille également sur plusieurs projets en santé numérique au niveau international, sur le suivi et l'accompagnement des patients diabétiques notamment, pour booster une activité diabète en déclin. .Avec la startup Onduo, la big pharma prévoit la commercialisation d'une plateforme de médecine personnalisée dédiée aux diabétiques en 2018. Cette solution en e-santé devrait être capable d'analyser de nombreux paramètres (démographie, profil des pathologies, mode de vie,...) pour proposer un suivi adapté à tous les types de patients.

Jean-Yves Paillé

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