Scandale du Mediator : le procès en appel s'ouvre lundi

Le Mediator est accusé d'avoir provoqué de graves lésions cardiaques et de nombreux décès. Il a été retiré du marché en 2009 après avoir été prescrit pendant trente-trois ans à 5 millions de personnes. Ce procès en appel s'étalera jusqu'au 28 juin, au rythme de deux journées et demi d'audience par semaine.
(Crédits : © Charles Platiau / Reuters)

La justice n'en a pas fini avec le scandale du Mediator. Le procès en appel de ce scandale sanitaire, tenu pour responsable de centaines de décès, s'ouvrira lundi à Paris. Il intervient deux ans après la condamnation des laboratoires Servier à 2,7 millions d'euros d'amende pour « tromperie aggravée. »

Le Mediator, mis sur le marché en 1976 pour le traitement du diabète a largement été prescrit comme coupe-faim ensuite. Il est accusé d'avoir provoqué de graves lésions cardiaques et de nombreux décès.

En mars 2021, à l'issue d'un procès-fleuve de plus de neuf mois interrompu plusieurs semaines pour cause de pandémie de Covid, les laboratoires Servier et leur ancien numéro 2, Jean-Philippe Seta, avaient été reconnus coupables de « tromperie aggravée » et d'« homicides et blessures involontaires. »

Appel contre le premier jugement

Lors du procès ouvert en septembre 2019 et clos en juillet 2020, une question avait été centrale: comment le Mediator a-t-il pu être prescrit pendant trente-trois ans malgré les alertes répétées sur sa dangerosité ?

Le tribunal avait alors considéré que les laboratoires Servier avaient sciemment dissimulé les propriétés anorexigènes (coupe-faim) et les dangereux effets secondaires de ce médicament, utilisé par 5 millions de personnes jusqu'à son retrait du marché en 2009.

Le deuxième laboratoire français avait en revanche été relaxé des délits d'« obtention indue d'autorisation de mise sur le marché » et « d'escroquerie », au préjudice notamment de la Sécurité sociale, ce qui a conduit le parquet de Paris et des parties civiles à faire appel. Dans leur sillage, le groupe pharmaceutique avait lui aussi formé un appel contre le jugement.

De son côté, l'Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM, ex-Afssaps) n'a pas fait appel après sa condamnation à 303.000 euros d'amende pour avoir tardé à suspendre la commercialisation du Mediator malgré sa toxicité

Un crash-test pour la santé publique

« Les laboratoires Servier et M. Seta contestent toujours avoir délibérément trompé les patients et les médecins prescripteurs sur la dangerosité » du Mediator, a indiqué à l'AFP François De Castro, l'un de leurs avocats.

Ce procès en appel s'étalera jusqu'au 28 juin, au rythme de deux journées et demi d'audience par semaine, dans la salle grands procès du Palais de justice de Paris, celle qui a accueilli ceux des attentats du 13-Novembre puis de Nice. Le dossier comporte « plus de 7.500 parties civiles » et une webradio sera mise à leur disposition pour suivre le procès, selon le parquet général.

La pneumologue Irène Frachon, qui avait révélé au grand public l'ampleur du scandale sanitaire, reviendra à la barre. Elle a toutefois confié à l'AFP avoir perdu confiance dans la capacité de la justice à condamner ce type d'infractions à la hauteur de la gravité des délits commis. Dans une interview à Sud-Ouest, elle estime que «Le procès en appel du Médiator est un crash-test pour la santé publique  ».

(Avec AFP)

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Commentaires 2
à écrit le 09/01/2023 à 2:27
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Je n'ai jamais très bien compris pour quelle raison, ils allaient chercher des poux dans la tete à servier, étant donné que la plupart des prescriptions était "détournées" les bonnes femmes l'utilisaient pour maigrir et non pas donc pour l'utilisatio...

le 09/01/2023 à 12:56
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Même pour maigrir, ce médicament a été prescrit. En effet les prescripteurs ne sont pas poursuivis

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