Servier : le gouvernement renonce à une aide à la relocalisation sur un site qui produisait le Mediator

Interpellé par le collectif de victimes du Mediator, le gouvernement, a décidé d'annuler une subvention de 800.000 euros accordée aux Laboratoires Servier dans le cadre de sa politique de relocalisation. Cette somme visait à augmenter la production d'un site où était produit le Mediator.
(Crédits : Reuters)

Pas de subventions pour Servier. Le gouvernement a décidé d'annuler une subvention de 800.000 euros accordée initialement aux Laboratoires Servier pour lui permettre d'augmenter sa production dans le cadre de sa politique de relocalisation, selon France Info.

« Le gouvernement a vérifié que le projet, validé par les services instructeurs (notamment des ministères de l'Economie et de la Santé, ndlr), répondait bien au cahier des charges de l'appel à projets ''(Re)localisations''», a indiqué dimanche le ministère de l'Industrie, puisque les 3/4 des volumes du site relèvent de produits classés « à service rendu important » selon la Haute autorité de santé (HAS). « Toutefois, compte tenu de l'émotion suscitée par cette décision, il a décidé d'annuler cette subvention », ajoute-t-il.

Le gouvernement a été interpellé par le collectif de victimes du Mediator qui s'est ému que ce financement visait à accroître les capacités de production de Servier sur son site de Gidy (Loiret), là où l'entreprise produisait le Mediator. Le collectif de victimes a envoyé un courrier adressé le 8 mars au ministre de l'Economie Bruno Le Maire. Le Canard Enchaîné soulignait mercredi l'"inutilité" d'une part des médicaments concernés.

"Vous nous faites part de votre vive émotion concernant l'octroi de cette subvention au site de Gidy où, historiquement, s'est déroulée la production du Mediator - produit qui fait encore l'objet de procédures judiciaires," a écrit samedi au collectif la ministre Agnès Pannier-Runacher, dans une lettre que l'AFP a pu consulter.

"Compte-tenu de cette émotion que nous entendons, et dans un esprit d'apaisement, je tenais à vous informer que nous avons décidé d'annuler cette subvention", leur annonce-t-elle, tout en justifiant la politique de "(re)localisation" par la nécessité de "contribuer au renforcement du potentiel de notre industrie de santé".

Deuxième laboratoire français, Servier a été reconnu coupable en mars 2021 de "tromperie aggravée" et "homicides et blessures involontaires" dans le scandale du Mediator, un médicament tenu pour responsable de centaines de décès. Le parquet de Paris et Servier ont fait appel de cette condamnation.

Soutenir la filière

Fin janvier, dans un manifeste, le G5 Santé, qui regroupe les huit principales entreprises françaises du secteur de la santé et des sciences du vivant (bioMérieux, Guerbet, Ipsen, LFB, Pierre Fabre, Sanofi, Servier, Théa, qui regroupent 52 usines et 45.000 salariés en France), ont proposé quatorze mesures pour promouvoir l'innovation et soutenir cette filière, sur le devant de la scène depuis le début de la pandémie. Le premier axe appelait à des investissements publics massifs lors du prochain quinquennat.

"Dans le budget public de recherche, seuls 18% sont dédiés à la biologie-santé, environ 2 milliards d'euros", regrettait le G5 Santé dans son manifeste. "On demande à être au niveau de l'Allemagne, avec un budget recherche doublé, passant à 4 milliards d'euros", précisait Didier Véron, président du G5 Santé,

Deuxième axe de réflexion : un cadre plus favorable au secteur. Pour cela, le G5 Santé milite pour un moratoire sur les baisses de prix des médicaments "à fort enjeu d'indépendance sanitaire", et suggère également d'adapter les politiques d'achats des hôpitaux.

Troisième axe: améliorer l'accès des patients aux produits innovants. Alors que le délai d'accès aux nouveaux traitements "est significativement plus long en France que dans la plupart des pays européens", l'organisation prône la commercialisation des médicaments dès l'autorisation de mise sur le marché.

Enfin, les industriels militent pour une gouvernance "adaptée", avec le rapprochement des ministères en charge de l'Enseignement supérieur, de la Recherche, de l'Innovation et de l'Industrie, au sein d'un grand ministère.

Développement de biomédicaments

Pour rappel, début janvier, le gouvernement avait détaillé sa stratégie d'innovation dans les médicaments et lancé des appels à projets à destination des entreprises pharmaceutiques et de biotechnologies, pour promouvoir le développement de nouveaux biomédicaments.

Cette "stratégie d'accélération" des biothérapies et de la bioproduction de thérapies innovantes correspondait aux annonces précédemment faites par le président de la République. Au mois de juin dernier, dans le cadre du plan innovation santé 2030, Emmanuel Macron avait en effet promis 800 millions d'euros d'investissements pour ce secteur, se fixant comme objectif le développement de 5 nouveaux biomédicaments d'ici 5 ans.

Les biomédicaments regroupent une grande variété de thérapies (produits pour la thérapie cellulaire, la thérapie génique par exemple). Ils sont produits à partir du vivant, contrairement aux médicaments classiques fabriqués chimiquement, ce qui rend leur production plus complexe et plus chère.

Quatre médicaments nouveaux sur 10 étaient des médicaments biologiques en 2017, selon la fédération des entreprises du médicament (Leem). Aujourd'hui, la moitié des médicaments en développement sont des biomédicaments, et le marché des biothérapies pourrait atteindre 320 milliards d'ici à 2025.

Mais la France reste fortement dépendante (à 95%) des importations de biomédicaments, et elle est même passée de la première à la quatrième place en termes de production. En outre, soulignaient les ministères de l'Industrie et de l'Enseignement supérieur, la France compte seulement 9 usines pour la production en propre (pour Sanofi, Novartis et Servier).

La stratégie d'accélération sera focalisée sur quatre axes de développement: les biotechnologies en oncologie (comme les anticorps monoclonaux ou les cellules CAR-T); les innovations en thérapie génique et cellulaire, hors oncologie; les nouveaux systèmes biologiques de production de ces thérapies; et le développement d'unités de production plus performantes.

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Commentaires 3
à écrit le 28/03/2022 à 15:07
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@citoyen blasé Toujours là même rengaine . Faut changer de disque … dur ou déménager en Grande-Bretagne … Asselineau la crotte qui va voter pour un type pareil ? qui le charisme d un bulot et la géostratégie d une ligne Magînot…. Dans les années 30 o...

à écrit le 28/03/2022 à 9:45
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la france de gauche qui a demoli l'industrie veut reeindustrialiser des gens qui ne reviendront pas... la france de gauche qui a mis le medicament dehors veut faire revenir les medicaments.....he, demandez a la cgt et lfi d'inventer eux memes des med...

à écrit le 28/03/2022 à 8:10
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Et comment il va payer les emplettes de sa femme du moins l'oligarque hein ? Vous y avez pensé à ça au moins ? Il va pas sortir le pognon de ses paradis fiscaux quand même non mais ho ! Puis ça existe pas de toutes façons !

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