Accord entre Total et EDF pour l'avenir de Dunkerque, comité d'entreprise sous tension

Ce lundi se tient un comité central d'entreprise exceptionnel chez Total pour évoquer l'avenir des salariés de la raffinerie de Dunkerque, toujours en grève, et qui doit fermer. Mais le géant pétrolier français et EDF annoncent ce lundi matin la signature d'un accord qui prévoit la réservation par Total d'une capacité de regazéification dans le projet de terminal méthanier de Dunkerque.

L'avenir s'éclaircit pour les salariés de Total à Dunkerque. Le géant pétrolier français et EDF annoncent ce lundi matin la signature d'un accord qui prévoit la réservation par Total d'une capacité de regazéification dans le projet de terminal méthanier de Dunkerque développé par Dunkerque LNG, filiale à 100% d'EDF, et une prise de participation de Total au capital de cette société. Les deux partenaires précisent que "cet accord s'inscrit dans le cadre de la recherche globale par EDF de partenaires susceptibles d'acquérir à ses côtés une partie des capacités de regazéification du terminal".

Avec une capacité annuelle de regazéification comprise entre 10 et 13 milliards de mètres cubes par an, le terminal développé par Dunkerque LNG représenterait plus de 20% de la demande gazière française. La décision d'engagement de la construction du terminal sera prise par Dunkerque LNG avant l'été 2010 pour une mise en service en 2014. Elle reste conditionnée à l'obtention de toutes les autorisations administratives ainsi qu'à l'aboutissement des démarches commerciales et des appels d'offres de construction.

Le projet mobiliserait jusqu'à 1.200 personnes pendant la construction. En phase d'exploitation, le terminal créerait au moins une cinquantaine d'emplois directs, auxquels devraient s'ajouter quelque 150 emplois indirects. Le projet pourra bénéficier des compétences et des personnels des partenaires dans les phases de construction et d'exploitation.

Le ministre de l'Industrie, Christian Estrosi, a, comme à son habitude, réagi immédiatement en disant qu'il accueille très positivement l'annonce de l'accord intervenu entre EDF et Total pour l'installation d'un terminal méthanier à Dunkerque "assortie de la création d'emplois directs et indirects sur le site. Le ministre, qui avait souhaité la création d'une telle activité dès le 26 janvier dernier à l'Assemblée nationale, y voit une première réponse pour le maintien de l'emploi et de l'activité industrielle sur le site de Dunkerque.

Alors que Total réunit aujourd'hui un comité central d'entreprise (CCE) sur l'avenir de sa raffinerie, Christian Estrosi, qui avait plaidé pour que ce CCE initialement programmé au 29 mars se réunisse à plus brève échéance, sera très attentif à ce que cette première réponse soit complétée à travers un projet précis et daté d'implantation de nouvelles activités permettant le maintien de l'emploi et du site industriel de Dunkerque."

Cet accord suffira-t-il à calmer les esprits chez Total ? Pas sûr. Si le mouvement général de grève dans les raffineries françaises de Total a été levé, la grogne sociale au sein de l'entreprise se poursuit. Vendredi, des salariés de la raffinerie de Dunkerque, toujours en grève, ont mis hors service un dépôt de pétrole brut. Objectif : peser sur les négociations sur l'avenir du site, menacé de fermeture, qui se tenaient ce lundi lors d'un comité central d'entreprise extraodinaire au siège de Total à La Défense, près de Paris. Une manifestation de salariés s'est tenue devant le bâtiment.

"On a mis hors service du matériel, on a posé des cadenas pour que les pompes de vidange ne puissent plus fonctionner", a expliqué à l'agence Reuters Patrice Leclerc, délégué Force ouvrière chez Total, à propos de l'action menée vendredi. Elle visait à empêcher le chargement du brut sur un pétrolier. Selon les salariés, la direction de Total envisagerait de faire en sorte que le pétrole puisse être chargé sur des navires à destination d'autres raffineries.

"Ce pétrole ne doit pas quitter les cuves tant que les choses ne sont pas arrêtées", a déclaré Philippe Wullens, délégué syndical Sud (majoritaire sur le site), qui estime à 400 millions d'euros la valeur du stock. "Nous réclamons toujours un véritable projet industriel pour protéger le tissu industriel dunkerquois et nous n'avons pas eu vent d'un tel projet", ont souligné les responsables syndicaux.

La direction de Total a annoncé ce lundi la fin des activités de raffinage à Dunkerque tout en garantissant le maintien de l'emploi des 370 salariés de la raffinerie par la création d'un dépôt, d'un centre de formation, d'un centre technique et des reclassements notamment. Le dépôt logistique emploierait 15 personnes, les centres de formation et d'assistance technique au raffinage environ 225. Les salariés se verront proposer 80 postes dans d'autres raffineries, 30 postes dans d'autres structures de Total en France et 20 salariés pourront bénéficier de "fins de carrières anticipées".

A la suite d'un mouvement social de blocage de ses six raffineries en France, qui a menacé un temps le pays de pénurie de carburant, Total s'est engagé à conserver cinq de ces raffineries pendant cinq ans.  L'accord ne concerne pas cependant la raffinerie de Dunkerque, à l'arrêt depuis mi-septembre 2009.

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.