Total confirme l'arrêt de la raffinerie à Dunkerque mais va s'y développer avec EDF

Ce lundi s'est tenu un comité central d'entreprise exceptionnel chez Total pour évoquer l'avenir des salariés de la raffinerie de Dunkerque, toujours en grève, et dont la fermeture a été confirmée. Mais le géant pétrolier français garantit le maintien des 370 emplois et annonce un accord avec EDF pour le projet de terminal méthanier de Dunkerque.

L'avenir s'éclaircit pour les salariés de Total à Dunkerque. La direction de Total a annoncé ce lundi la fin des activités de raffinage à Dunkerque tout en garantissant le maintien de l'emploi des 370 salariés de la raffinerie par la création d'un dépôt, d'un centre de formation, d'un centre technique et des reclassements notamment. Le dépôt logistique emploierait 15 personnes, les centres de formation et d'assistance technique au raffinage environ 225. Les salariés se verront proposer 80 postes dans d'autres raffineries, 30 postes dans d'autres structures de Total en France et 20 salariés pourront bénéficier de "fins de carrières anticipées".

Le géant pétrolier français et EDF ont en outre annoncé ce lundi matin la signature d'un accord qui prévoit la réservation par Total d'une capacité de regazéification dans le projet de terminal méthanier de Dunkerque développé par Dunkerque LNG, filiale à 100% d'EDF, et une prise de participation de Total au capital de cette société. Les deux partenaires précisent que "cet accord s'inscrit dans le cadre de la recherche globale par EDF de partenaires susceptibles d'acquérir à ses côtés une partie des capacités de regazéification du terminal".

Avec une capacité annuelle de regazéification comprise entre 10 et 13 milliards de mètres cubes par an, le terminal développé par Dunkerque LNG représenterait plus de 20% de la demande gazière française. La décision d'engagement de la construction du terminal sera prise par Dunkerque LNG avant l'été 2010 pour une mise en service en 2014. Elle reste conditionnée à l'obtention de toutes les autorisations administratives ainsi qu'à l'aboutissement des démarches commerciales et des appels d'offres de construction.

Le projet mobiliserait jusqu'à 1.200 personnes pendant la construction. En phase d'exploitation, le terminal créerait au moins une cinquantaine d'emplois directs, auxquels devraient s'ajouter quelque 150 emplois indirects. Le projet pourra bénéficier des compétences et des personnels des partenaires dans les phases de construction et d'exploitation.

Le ministre de l'Industrie, Christian Estrosi, a, comme à son habitude, réagi immédiatement en disant qu'il accueille très positivement l'annonce de l'accord intervenu entre EDF et Total pour l'installation d'un terminal méthanier à Dunkerque "assortie de la création d'emplois directs et indirects sur le site. Le ministre, qui avait souhaité la création d'une telle activité dès le 26 janvier dernier à l'Assemblée nationale, y voit une première réponse pour le maintien de l'emploi et de l'activité industrielle sur le site de Dunkerque.

La CGT est évidemment d'un avis diamétralement opposé. Elle souligne que "le compte n'y est pas. Il est clair que le projet de la direction est une véritable provocation. C'est inacceptable et nous mettons le gouvernement devant ses responsabilités. Le projet industriel n'est pas au rendez-vous". Le syndicat appelle à une réunion de l'intersyndicale mercredi pour décider d'une résolution et d'une éventuelle reprise de la grève dans les autres raffineries du groupe.

Alors que Total réunissait aujourd'hui un comité central d'entreprise (CCE) pour annoncer l'avenir de sa raffinerie et ses promesses concernant les salariés, Christian Estrosi, qui avait plaidé pour que ce CCE initialement programmé au 29 mars se réunisse à plus brève échéance, sera très attentif à ce que cette première réponse soit complétée à travers un projet précis et daté d'implantation de nouvelles activités permettant le maintien de l'emploi et du site industriel de Dunkerque."

Signe que la grogne sociale au sein de l'entreprise se poursuit, une manifestation de quelque 300 salariés s'est tenue ce lundi pendant le CCE devant le siège de Total à La Défense, près de Paris. Et vendredi, des salariés de la raffinerie de Dunkerque avaient mis hors service un dépôt de pétrole brut afin de peser sur les négociations concernant l'avenir du site.  "On a mis hors service du matériel, on a posé des cadenas pour que les pompes de vidange ne puissent plus fonctionner", a expliqué à l'agence Reuters Patrice Leclerc, délégué Force ouvrière chez Total, à propos de l'action menée vendredi. Elle visait à empêcher le chargement du brut sur un pétrolier. Selon les salariés, la direction de Total envisagerait de faire en sorte que le pétrole puisse être chargé sur des navires à destination d'autres raffineries.

"Ce pétrole ne doit pas quitter les cuves tant que les choses ne sont pas arrêtées" avait déclaré Philippe Wullens, délégué syndical Sud (majoritaire sur le site), qui estime à 400 millions d'euros la valeur du stock. "Nous réclamons toujours un véritable projet industriel pour protéger le tissu industriel dunkerquois et nous n'avons pas eu vent d'un tel projet", ont souligné les responsables syndicaux.

A la suite d'un mouvement social de blocage de ses six raffineries en France, qui a menacé un temps le pays de pénurie de carburant, Total s'est engagé à conserver cinq de ces raffineries pendant cinq ans.  L'accord ne concernait pas cependant la raffinerie de Dunkerque, à l'arrêt depuis mi-septembre 2009 et dont la fermeture a donc été confirmée aujourd'hui.

L'histoire n'est pas terminée. Les syndicats de Total ont en effet commandé lors du CCE comme c'est leur droit des expertises sur l'évolution des raffineries en France et sur la raffinerie de Dunkerque. "Les élus du CCE ont souhaité se faire assister d'experts, des cabinets ont été désignés cet après-midi. Nous aurons leurs conclusions dans environ deux mois" a déclaré à la presse le directeur du raffinage, Michel Bénézit.
 

D'après la CGT, les représentants du personnel ont aussi voté le principe d'un recours en justice pour "entrave à l'information" car Total aurait "créé les conditions pour nous mettre devant les faits accomplis" d'arrêt de l'activité à Dunkerque. Les syndicats de Total ont prévu de se réunir mercredi ou jeudi pour prendre une position commune à la suite des annonces de ce lundi sur l'arrêt du raffinage à Dunkerque. Un appel à une reprise de la grève dans les différents sites du groupe n'est pas exclu.

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaires 2
à écrit le 08/03/2010 à 15:35
Signaler
Total est une entreprise bien gérée. Cela implique de prendre les décisions nécessaires, quelles soient ou non agréables. Dans le cas d'espèce une certaine reconversion est prévue et l'emploi, dit Total, sauvegardé pour les salariés. C'est sans doute...

à écrit le 08/03/2010 à 14:57
Signaler
les autres salaries du groupe ont toujours leurs emplois ils sont solidaires c'est tout les organisations syndicales travaillent pour leurs propres appartenances,ils n'ont aucun poids,surtout leurs propres interets electorals

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.