Le gouvernement argentin part en guerre contre les pétroliers

Les compagnies sont accusées de ne pas investir. Le groupe espagnol Repsol, leader du marché, est menacé d'expropriation. Total est épargné par les foudres de Buenos Aires
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Le gouvernement argentin est parti en guerre contre les pétroliers, en particulier contre l?espagnol Repsol, qui assure 32 % de la production de brut et 23 % de celle de gaz via sa filiale locale YPF. Buenos Aires accuse les compagnies de ne pas investir suffisamment et d'obliger ainsi le pays, naguère exportateur net d?hydrocarbures, de procéder à des importations de plus en plus coûteuses (9 milliards de dollars en 2011). YPF se voit également reprocher des transferts de dividendes « excessifs ». Mi-mars, trois provinces pétrolières lui ont retiré des concessions, pour « manque d?investissements ».

Repsol dans le viseur

Depuis, Repsol fait un geste, en proposant d?affecter les dividendes non distribués (1 milliard d?euros) par YPF à une recapitalisation de la société. Le groupe rappelle aussi que sa filiale va investir 2,6 milliards d?euros en 2012. Insuffisant pour les autorités, qui rappellent qu?une expropriation (qui reviendrait à renationaliser YPF, privatisée dans les années 90) n?est pas à exclure. Les griefs du gouvernement sont en partie fondés. Ces dernières années, 90 % des dividendes d?YPF ont été distribués aux actionnaires (Repsol en détient 57,46 %, le groupe local Petersen, 25,46 %) et, pour l?essentiel, ils ont pris le chemin de l?Espagne, Petersen payant ainsi son entrée dans le capital en 2009. Il est vrai aussi que la production de la filiale du groupe espagnol a chuté. Même si celle d?autres pétroliers a également décliné, YPF, compte tenu de sa place de leader, est un bouc émissaire tout désigné.

Les prix ne rentabilisent pas de nouveaux gisements

Mais la faiblesse de l?investissement est d?abord la conséquence d?une politique de prix internes qui ne permet pas de rentabiliser de nouveaux gisements. Quant à la distribution des dividendes d?YPF, elle était prévue par l?accord qui a permis l?entrée de Petersen dans le capital de la société avec l?aval du pouvoir. Seule la libération des prix internes pourrait relancer la production. L?expropriation d?YPF ne changerait pas grand-chose à cette situation, l?État n?ayant pas les moyens d?investir.

Total épargné

Pour les prochains mois, on s?attend à une pression accrue sur Repsol et les autres pétroliers. Devraient y échapper deux compagnies dont la production a augmenté : Total, qui dispute à YPF la première place pour le gaz, et Pan American Energy. Parallèlement, un nouveau partenaire local sera recherché pour entrer au capital de la filiale de Repsol, afin de relancer l?investissement.

Mais, si ce dernier projet n?aboutissait pas, la renationalisation d?YPF pourrait être décidée. Ce retour à « la souveraineté énergétique » assurerait à la présidente Cristina Fernández de Kirchner un regain de popularité.

 

 

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Commentaire 1
à écrit le 29/03/2012 à 16:08
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regain de popularite? quand on voit comme ils magouillent vu leur balance commerciale, ca laisse dubitatif ( et vive le troc compensation...)

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