Après l'acier, le charbon va-t-il empoisonner la vie de Montebourg ?

Le ministre du redressement productif est resté inhabituellement silencieux sur ce dossier. Pourtant un repreneur offre depuis des mois de sauver une grande partie des 535 emplois menacés par les projets de fermeture d'E.ON France. Arnaud Montebourg pourra-t-il continuer à rester à l'écart?
Des ouvriers de l'usine Eon de Gardanne manifestent à Bouc-Bel-Air, le 7 avril 2009 lors de la visite de Sarkozy

Après ArcelorMittal, Petroplus, PSA, Sanofi et Doux, Arnaud Montebourg devra-t-il faire un peu de place sur son bureau pour un nouveau dossier de sites industriels menacés? «Une rencontre est prévue avec le ministre du redressement productif avant le 11 octobre», affirme Loïc Delpech, délégué syndical CGT d'E.ON France. Le 11 octobre, c'est la date du comité central d'entreprise où E.ON va présenter le plan social qui doit accompagner son projet de fermeture de 4 centrales à charbon héritées de la SNET (ex: Charbonnages de France). Au menu: jusqu'à 535 suppressions de postes (sur un effectif de 800 personnes) d'ici à 2015.

Un silence embarrassé
Jusqu'à présent, Arnaud Montebourg est resté étrangement silencieux sur ce dossier qui présente pourtant tous les ingrédients de nature à retenir son attention: des suppressions de postes annoncées au c?ur des ex-bassins houillers (des postes de surcroit protégés par le fameux statut des industries électriques et gazières où aucun licenciement n'est intervenu depuis 1946), un grand groupe international propriétaire (l'électricien allemand E.ON) et, pour une fois, une offre de reprise sur la table qui propose de sauver les centrales à charbon et la plus grande partie des emplois.
Or, le temps presse. E.ON, qui avait interrompu son processus de consultation des instances représentatives au printemps, pour examiner l'offre de la société Sparkling Capital, vient de reprendre les opérations. Le groupe va présenter le 11 octobre un calendrier de fermeture et un plan de départ volontaire de 215 personnes pour la première période (2013-2014). Plus personne ne parle de l'offre de Sparkling.

Le précédent Petroplus
Du côté d'E.ON, la position est claire. «E.ON n'a pas reçu d'éléments constitutifs d'une offre non engageante, encore moins d'une offre engageante», affirme-t-on. Pourtant Michèle Assouline, la jeune entrepreneur qui dirige Sparking, est formelle. «J'ai déposé une offre le 31 mars dernier auprès d'E.ON, qui n'est évidemment pas engageante puisque que je n'ai eu pas eu accès aux sites ni aux éléments techniques». Ce dialogue de sourds dure depuis des mois, suscitant des espoirs douloureux chez les 800 salariés d'EON France.
Pour tenter de débloquer la situation et contourner ce qu'elle interprète chez E.ON comme un refus de vendre, Michèle Assouline a demandé fin juillet la nomination d'un «expert indépendant». Pas de réponse à ce jour du ministre du redressement productif. «Nous instruisons le dossier mais on manque d'éléments», affirme-t-on chez le ministre. Une grande prudence règne chez Montebourg sur le sujet. Comme si le précédent Petroplus, où les doutes sont nombreux sur la solvabilité des deux preneurs en lice, avait douché les enthousiasmes.

Une repreneuse qui demande de l'argent à tout le monde
«Le défi financier et technique du projet de Sparkling est grand. Mais le dossier est mince et Michèle Assouline ne nous aide pas. Elle a annulé un rendez-vous début septembre», glisse-t-on à Bercy. «On ne m'a demandé aucune précision ni document supplémentaire depuis juillet», affirme de son côté la jeune femme.
Ce qui est vrai, c'est qu'elle agace. Pour financer son projet, elle demande de l'argent à tout le monde. Au vendeur (les 180 à 200 millions d'euros qu'E.ON aurait consacrés à la fermeture des centrales et au plan social) et à l'Etat sous forme de prêts aidés. Cet été, elle a trouvé un financement complémentaire avec le groupe d'ingénierie américain Wamar qui est prêt à apporter 250 millions d'euros en entrant au capital. Aujourd'hui, Michèle Assouline affirme disposer d'un engagement de 400 millions de dollars de la part de son partenaire.

Secret industriel
Reste le plus mystérieux. Comment cette ingénieur Arts et Métiers de 36 ans, surgie de nulle part, peut-elle estimer rentable la continuation de ces veilles centrales à charbon, condamnées par les normes environnementales, alors que l'un des tout premiers électriciens au monde la juge impossible? "E.ON ne pense pas qu'elles ne seront pas rentables, mais pas assez rentables", avance Jean-Pierre Damm, délégué FO. De son côté, Michèle Assouline reste évasive, arguant d'un secret industriel: une technologie américaine qui permettrait de mettre aux normes ces centrales et dont elle serait en train de négocier l'acquisition.
Certains syndicalistes eux-mêmes se mettent à exprimer des doutes. «Michèle Assouline ne donne pas suite à nos discussions, ne nous fournit pas les éléments d'informations qu'elle promet. On finit par se demander si tel un vautour, elle n'attend pas le cadavre de la SNET pour récupérer l'argent», déclare l'un d'eux sous le couvert de l'anonymat.

Doutes sur la centrale biomasse à Gardanne
Pendant ce temps, E.ON s'efforce de donner des gages de sa bonne volonté aux pouvoirs publics. Le groupe a annoncé vendredi un investissement de 220 millions d'euros pour convertir une unité de Gardanne en centrale biomasse. L'électricien prévoit un démarrage des travaux d'ici à la fin 2013 «au plus tard» pour une mise en service avant la fin 2014. «Le permis d'exploitation n'est pas attribué. L'organisme (Coderst) qui devait examiner la demande cette semaine l'a retiré de son ordre du jour. Les élus des Bouches-du-Rhône émettent des doutes sur la faisabilité du projet. On ne sait plus qui croire», affirme de son côté un délégué syndical de Gardanne. 80% du personnel était en grève sur l'ensemble des sites jeudi 27 septembre. A suivre.

 

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Commentaires 24
à écrit le 11/10/2012 à 15:17
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Cet ingénieur surgi de nulle part ... Ca ranime des mauvais souvenirs d'argent public gaspillé par le contribuable au bénéfice de précédents vautours pour sauver les groupes BOUSSAC ; LA CHAPELLE D'ARBLAY; voire MANUFRANCE aujourd'hui dépecés ou disp...

à écrit le 01/10/2012 à 15:55
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Son Ministère ne sert à rien. Il a passé sa vie à par faire coq, pour gravir le premier cercle du partie socialiste. Comme la plu par des politiques, il ne connaît pas le monde de l?entreprise. Encore un qui va nous faire croire qu?il est entré en po...

à écrit le 30/09/2012 à 14:38
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Tout part en quenouille dans la France socialiste. Pus dure sera la chute.

à écrit le 30/09/2012 à 14:21
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Mais que fait Arnaud Montebourgeoise ?

à écrit le 30/09/2012 à 13:33
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Notre ami journaliste a de l'humour noir, comme le charbon. Nous faire pleurer sur le sort de Montebourg doit apaiser dans les chaumières concernées par ce naufrage sans aucun doute.

à écrit le 30/09/2012 à 11:53
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Ce pauvre ministre s' est fait bien piégé par Hollande. Montebourg le chantre anti-mondialisation n' a pas fini d' aller mettre des gerbes devant toutes ces usines qui deviennent des cimetières. Si il avait un peu d' honneur il démissionnerai.

le 11/10/2012 à 15:58
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Honneur ? Il est un peu comme la RCEA qui traverse la Saone et Loire inutilisable, tantôt à trois voies tantôt à deux voies. Il fallait bien être Hollande pour le nommer Ministre.

à écrit le 30/09/2012 à 11:43
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Le ministre de l'endormissement improductif est resté inhabituellement silencieux...; normal il dort sur ses lauriers !!! (qu'il a eu où .. je ne sais pas !?)

à écrit le 30/09/2012 à 11:38
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le virus du charbon va-t-il empoisonner Montebourg? J?espère !

à écrit le 30/09/2012 à 10:55
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En fin Mittal laisse les hauts fourneaux a un repreneur. Montebourg va pouvoir faire voir comment il géré une entreprise qui produit un acier dont plus personne ne veux, avec des outils obsolète. on va pouvoir enfin payer les ouvrier a rien faire. l'...

à écrit le 30/09/2012 à 1:40
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Les salariés n'ont qu'à reprendre leurs entreprises et les gérer eux-mêmes plutôt que de toujours laisser d'autres prendre les responsabilités. Par exemple chez Peugeot çà fait quelques décennies que le groupe se trompe d'orientations. Les salariés a...

le 30/09/2012 à 15:51
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Et avec quel argent SVP ?

le 01/10/2012 à 0:32
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ben c'est ça le problème : on ne peux pas virer les riches et vouloir qu'ils investissent leur argent dans ce pays !!!

à écrit le 29/09/2012 à 18:37
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Après l'acier, le charbon va-t-il empoisonner la vie de Montebourg? ...et Montebourg, quand va-t-il arrêter d'empoisonner celle des Français ???

le 29/09/2012 à 23:10
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Bientot !!! S'il avait eu le courage d'aller au salon de l'auto ce matin ....... il n'aurait surement pas fait le malin comme à son habitude !!!!

à écrit le 29/09/2012 à 17:27
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"Les élus des Bouches-du-Rhône émettent des doutes sur la faisabilité du projet". Comme les élus n'ont en général aucune expérience technique ou entrepreneuriale, c'est dire seulement qu'ils n'ont pas été courtisés. Comment courtise-t-on les élus cum...

à écrit le 29/09/2012 à 14:08
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Lorsqu'il est nécessaire de fermer une usine dans un secteur, ici le charbon, il est de coutume de trouver des "porteurs de bougie", ici dans un premier temps l'allemand EON. A son tour ce porteur se charge soit de liquider soit de trouver quelques a...

le 29/09/2012 à 14:46
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Corso, vous avez raison, mais reconnaissez que les français ne sont pas aidés avec ce que leur servent les média, les politiques et les syndicats...

le 29/09/2012 à 19:01
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Bonsoir Corso votre commentaire est excellent mais nous sommes en France où les trois Institutions qui ménent et non gérent, notre PAYS son encore au 19 ème siècle. La France est malade gravement malade du politique, des syndicats et du Medef type CG...

à écrit le 29/09/2012 à 12:34
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dd, ce que vous suggérez est trop compliqué pour un ministre improductif...

à écrit le 29/09/2012 à 11:57
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Il faut impérativement garder le savoir faire, car on pourrait en avoir besoin un jour, il ne faut plus faire de l'acier ordinaire, mais de l'innovation dans les matériaux, une société américaine à fait un nouvel aluminium qui concurrence directemen...

le 29/09/2012 à 13:54
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Allez expliquer cela à quelqu'un qui n'a jamais travaillé !!!! Depuis sa majorité Montebourg a toujours vécu à nos crochets !!!

le 29/09/2012 à 16:06
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Ce qui laisserait supposer qu'il a travaillé jusqu'à sa majorité?

le 29/09/2012 à 23:08
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Pas tout compris José : jusqu'a sa majorité ses parents l'ont fait vivre après c'est nous !!!

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