« Air Liquide va investir 8 milliards d'euros dans l’hydrogène bas carbone », (Benoît Potier, PDG)

En déplacement en Seine-Maritime, le PDG d’Air liquide a donné le coup d’envoi de ce qui est présenté comme le plus grand site au monde de production d’hydrogène vert. Cette giga factory d’électrolyseurs constituera la première manifestation concrète du plan d’investissement que le groupe entend lancer en faveur de l’H2 bas carbone. Présent au côté de Benoît Potier, Bruno Le Maire a salué cette contribution à l’indépendance énergétique de la France.
Air Liquide se prépare à investir massivement dans l'hydrogène décarboné
Air Liquide se prépare à investir massivement dans l'hydrogène décarboné (Crédits : DR)

Comme un coup d'éclat avant son départ en juin prochain. Alors que la guerre en Ukraine ravive le débat sur la souveraineté énergétique de l'Europe, le futur ex PDG d'Air Liquide démontre une nouvelle fois son sens aigu du timing. En déplacement en Normandie ce mardi au côté de Bruno Le Maire, Benoît Potier a annoncé  l'intention de son groupe d'investir « 8 milliards d'euros dans la chaîne de valeur de l'hydrogène bas carbone d'ici 2035 ». Ce plan massif et mondial devrait trouver une première traduction dans quelques mois avec le lancement de la construction d'un giga électrolyseur au cœur du complexe pétrochimique de Port-Jérôme, en Seine-Maritime : « l'un des premiers de cette taille au monde », dixit le patron d'Air Liquide.

Appuyé par l'Etat, le projet n'attend plus que le blanc seing de la commission européenne à qui une participation de 190 millions d'euros est demandée dans le cadre du green deal (voir l'encadré ci-dessous). A première vue, le soutien ne l'UE ne fait guère de doutes. « Nous avons de grands espoirs», a  d'ailleurs indiqué un Benoît Potier, tout sourire, à La Tribune. L'intéressé est d'autant moins fondé à douter que l'installation baptisée Air Liquide Normand'hy sera le fruit d'un « partenariat franco-allemand » ainsi qu'il le rappelle.  Elle utilisera en effet la technologie de membrane par échange de protons ( dite PEM) de Siemens Energy et devrait être alimentée en électricité « renouvelable »  par TotalEnergies avec qui le géant gazier vient de conclure un protocole d'accord.

L'industrie et la mobilité en ligne de mire

D'une puissance de 200 MW, cette future usine constituera en fait l'un des maillons d'un réseau complet de fourniture d'H2  en circuit court puisqu'elle sera reliée par un écheveau de pipe line aux deux autres unités de production d'hydrogène bleu (produit à partir du gaz mais avec captage du CO2) qu'Air Liquide exploite -ou exploitera bientôt- dans l'enceinte des raffineries normandes d'Exxon Mobil et de TotalEnergies. « Ce réseau aura donc trois sources,  une verte et deux bleues », résume Benoît Potier. La capacité dudit réseau devrait atteindre environ 300 tonnes par jour.

Objectifs : décarboner l'industrie locale à commencer par celle, très émissive, du raffinage mais aussi contribuer à émanciper le secteur des transports de la vallée de Seine d'une partie  de sa dépendance aux énergies fossiles. « Cela permettra d'amorcer les premiers usages de mobilité lourde dans la région et jusqu'à Paris », veut croire le PDG d'Air Liquide.

Pour les industriels de la zone industrialo-portuaire havraise qui voient arriver avec inquiétude les futures directives européennes sur les renouvelables (Red II et Red III), l'enjeu est doublement important. Air Liquide Normand'Hy s'inscrit en effet dans un projet plus global de décarbonation du bassin industriel normand mené par le géant gazier en coopération avec les pétroliers Esso SAF et TotalEnergies les fabricants d'engrais Borealis et Yara. Le but ? Développer à horizon 2030 une infrastructure complète de captage, de liquéfaction, d'expédition et de stockage du CO2 dans d'anciens gisements pétroliers de la mer du Nord. Laquelle pourrait permettre la réduction de 3 millions de tonnes d'émissions de CO2 par an, faisant dire à Bruno Le Maire. « Ce n'est pas une usine que nous inaugurons aujourd'hui mais une stratégie énergétique de décarbonation de l'économie ».

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ZOOM : La France soumet quinze projets hydrogène à l'Europe

En marge de la visite du locataire de Bercy en Normandie, le ministère de l'économie a dévoilé, la carte des quinze projets que la France soumettra  à la commission européenne dans le cadre du Projet important européen commun en matière d'hydrogène (alias PIIEC), l'une des pièces maitresses du Green Deal. "C'est une révolution copernicienne pour l'UE qui, pour la première fois accepte de financer des projets industriels qui ne seront pas rentables tout de suite" souligne Bruno Le Maire.

La copie française se veut ambitieuse. Le gouvernement espère une aide de l'UE à hauteur de 1,7 milliard d'euros pour un montant total de 7 milliards d'investissements publics et privés confondus. « Les retombées économiques, sociétales et environnementales de l'ensemble de ces projets arriveront à un moment crucial pour l'Europe, à l'heure où son économie est confrontée à des défis géopolitiques et écologiques majeurs », commente t-on à Bercy. Verdict dans le courant du second semestre.

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Commentaires 3
à écrit le 08/03/2022 à 23:43
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Qu'il se depeche car si les camions poubelles ne peuvent plus ramasser nos ordures à cause du prix de l'essence , nous allons crouler sous un tas d'immondices ....et de maladies

à écrit le 08/03/2022 à 19:45
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"a salué cette contribution à l’indépendance énergétique de la France" ça fait sourire dans le sens qu'il faut du courant pour faire de l'hydrogène vert, dit bas carbone, donc si on est indépendant en production d'électricité on le sera en hydrogène ...

à écrit le 08/03/2022 à 19:41
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On cherche des "pigeons" désespérément... comme pour toute startup, il faut faire rêver!

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