Air Liquide plante son drapeau sur le projet de gigafactory hydrogène de la vallée de Seine

Le groupe présidé par Benoît Potier annonce le rachat de la totalité des parts de la société H2V Normandy à l’origine d’un projet de giga usine d’électrolyseurs près du Havre. Le site, d’une capacité d’au moins 28.000 tonnes, pourrait produire ses premières molécules d’hydrogène d’ici trois ans. Une réponse à l'impatience de Bercy.
Bercy compte sur le projet normand d'Air Liquide pour matérialiser la stratégie nationale en faveur de l'hydrogène. Laquelle s'est fixée pour objectif de construire 6,5 GW d'électrolyseurs d'ici 2030.
Bercy compte sur le projet normand d'Air Liquide pour matérialiser la stratégie nationale en faveur de l'hydrogène. Laquelle s'est fixée pour objectif de construire 6,5 GW d'électrolyseurs d'ici 2030. (Crédits : DR)

Bruno Le Maire l'a martelé dernièrement devant les membres du Conseil national de l'hydrogène, il veut voir sortir de terre des gigafactories asap. Manifestement, le message a été reçu cinq sur cinq par Benoît Potier, PDG d'Air Liquide. Le groupe accélère en devenant seul maître à bord de la société H2V Normandy créée en 2016 par l'homme d'affaires caennais, Alain Samson, pour développer un complexe XXL de production d'hydrogène bas carbone sur la zone industrielle de Port-Jérôme, proche du Havre. Le géant gazier, qui en avait acquis 40% des parts en janvier, vient de porter sa participation à 100% pour un montant qui n'a pas été dévoilé.

Rebaptisée Air Liquide Normand'Hy, la société s'est donné pour objectif de construire, à horizon 2025, un électrolyseur « d'une puissance d'au moins 200 MW» doté de la technologie dite de la membrane à proton.

« Cette acquisition est une étape clé dans la production à grande échelle d'hydrogène renouvelable pour fournir les secteurs de l'industrie et de la mobilité», commente François Jackow, directeur général adjoint d'Air Liquide.

"Une pierre angulaire de la décarbonisation"

Parmi les plus capacitaires du vieux continent, le projet qui vient de franchir le cap de l'enquête publique (elle s'est achevée cette semaine) est également l'un des plus avancés. Comme celui de Mac Phy à Belfort, il reste toutefois suspendu à un cofinancement par Bruxelles, espéré en fin d'année. A première vue, Benoît Potier peut être raisonnablement confiant. L'emplacement de la future usine, au cœur du complexe industrialo-portuaire très carboné de l'estuaire de la de Seine, lui confère beaucoup d'atouts au regard de la feuille de route que s'est fixée l'Union Européenne.

Raccordé au réseau hydrogène d'Air Liquide, le site devrait, en effet, contribuer à verdir les procédés de quelques-uns des plus gros émetteurs français de CO2. A commencer par les deux plateformes pétrochimiques normandes d'Exxon Mobil et de TotalEnergies, grandes consommatrices d'H2 « gris » - produit à partir du reformage de gaz. Il pourrait aussi fournir les premières flottes de camions ou de bateaux propulsées à l'hydrogène.

Pour autant, les 28.000 tonnes promises seront encore très loin de suffire à la demande. L'unité de Port-Jérôme n'est donc que le premier étage de la "fusée", insiste le groupe gazier dans un communiqué. « Le projet constitue une pierre angulaire de l'écosystème de décarbonisation qu'Air Liquide est en train de mettre en place avec d'autres industriels majeurs sur l'axe de la vallée de Seine en Normandie». Allusion à l'étude lancée par un consortium de cinq entreprises en vue de déployer, en complément, un dispositif de captage et de stockage de CO2 à l'échelle de la plateforme industrielle havro-rouennaise. L'une des trois zones identifiées par l'Ademe comme étant susceptibles d'abriter un tel mécanisme.

Le satisfecit de Mestrallet

De son côté, la société H2V, détenue par le groupe normand Samfi, se félicite de cette passation de témoin par la voix de Gérard Mestrallet devenu il y a peu vice-président de son conseil de surveillance aux côtés d'Alain Samson. « La cession de H2V Normandy s'inscrit dans un programme plus vaste de développement de plusieurs autres projets d'envergure équivalente qui pourront être menés jusqu'à leur terme notamment grâce aux moyens dégagés par cette opération» salue l'ancien patron d'Engie. Sont évoqués des projets dans les Hauts de France, l'Ile de France et le Grand Est. Curieusement, la Normandie, où Samfi convoite avec Paprec l'ancienne papèterie Chapelle Darblay mais aussi un site de Vallourec, n'est pas citée.

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Commentaires 4
à écrit le 21/10/2021 à 22:47
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"asap" en bon français ça donne "le plus rapidement possible"... C'est assez hallucinant de voir ça écrit dans un article de presse...

à écrit le 21/10/2021 à 22:46
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"asap" en bon français ça donne "le plus rapidement possible"... C'est assez hallucinant de voir ça écrit dans un article de presse...

à écrit le 21/10/2021 à 17:19
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Born un first april;, watt else

à écrit le 21/10/2021 à 16:59
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Coquilles "Le groupe présidée Benoît Potier annonce le rachat" présidé par Benoît Potier

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