Hydrogène bas carbone : TotalEnergies et Air Liquide accélèrent en tandem

C’est peut-être un pas important vers la décarbonation du complexe industriel de la vallée de Seine. TotalEnergies et Air Liquide s’associent en vue de réduire drastiquement les émissions de CO2 de la raffinerie de Normandie grâce une solution mixte. Celle-ci combinerait la fourniture d’hydrogène bas carbone et le captage/enfouissement du gaz carbonique émis par la production d’hydrogène (H2) « gris ». Le réseau ainsi créé pourrait intéresser d’autres gros émetteurs de gaz à effet de serre situés à proximité.
La raffinerie de Normandie est l'une des plus capacitaires d'Europe et par ricochet l'une des plus émettrices de gaz à effet de serre (GES).
La raffinerie de Normandie est l'une des plus capacitaires d'Europe et par ricochet l'une des plus émettrices de gaz à effet de serre (GES). (Crédits : TotalEnergies)

La vallée de Seine en route vers la neutralité carbone ? L'objectif semble encore chimérique mais la chasse au CO2 est bel et bien ouverte autour du complexe industrialo-portuaire havrais cher à Edouard Philippe. A la manœuvre, TotalEnergies et Air Liquide. Les deux groupes viennent d'annoncer s'associer en vue de décarboner la production d'hydrogène de la plateforme pétrochimique de Gonfreville-l'Orcher près du Havre : l'une des plus capacitaires d'Europe.

Le plan échafaudé par le duo Benoît Pottier-Patrick Pouyanné est ambitieux ; il se fait fort de réduire de 650.000 tonnes les émissions de gaz carbonique de la raffinerie à horizon 2030. Soit l'équivalent d'autant d'allers-retours Paris-New York en avion.

Un fusil à deux coups

Le plan en question comporte deux volets. Le premier, et le plus rapide à mettre en œuvre, prévoit qu'Air Liquide fournisse à la plateforme havraise une quantité non précisée d'hydrogène bas carbone sitôt achevée la construction d'une usine de production d'hydrogène (H2) par électrolyse sur la commune voisine de Port-Jérôme. Le projet, connu sous le nom d'H2V, reste dans l'attente d'un co-financement par Bruxelles mais il est sur la rampe de lancement, comme le rappelle Régis Saadi, directeur des affaires publiques d'Air Liquide France. « Cela peut aller très vite d'autant que les deux sites sont déjà reliés par un pipe hydrogène long d'une trentaine de kilomètres », précise t-il.

Le second volet porte sur la reprise par le groupe gazier des installations de production d'hydrogène de la raffinerie de Normandie d'une capacité de 255 tonnes/jour, dans le cadre d'un contrat de long terme. Une fois optimisées, celles-ci devraient être équipées du procédé Cryocap de captage du CO2 éprouvé à plus petite échelle, depuis 2015, sur l'unité de production d'H2 « gris » (par reformage du gaz) qu'Air Liquide exploite déjà à Port-Jérôme. Mais contrairement à cette dernière, il s'agit, cette fois, non pas de transformer le gaz carbonique à d'autres fins industrielles mais d'aller le stocker quelque part dans les aquifères profonds de la mer du Nord où TotalEnergies est associé dans deux projets : Northern Lights en Norvège et Aramis aux Pays-Bas.

L'enjeu est important pour la raffinerie de Normandie qui risque d'être fortement taxée dans les prochaines années, comme le rappelle Bernard Pinatel membre du Comex de TotalEnergies : « Ce projet d'investissement permet de renforcer sa compétitivité industrielle et contribue à assurer son avenir à long terme », souligne t-il dans un communiqué.

Vers un réseau mutualisé ?

« La mise en place de ces solutions contribueront à terme à faire bénéficier le bassin industriel normand d'un réseau hydrogène bas carbone » écrit de son côté François Jackow, Directeur Général Adjoint et membre du Comité Exécutif d'Air Liquide. Car l'accord signé entre les deux géants français du pétrole et du gaz poursuit des visées plus larges. Le réseau qu'ils veulent construire pourrait, en fait, constituer le premier étage d'une infrastructure mutualisée de fourniture d'H2 bas carbone mais aussi de captage et de stockage du CO2 à l'échelle de la vallée de Seine. Un programme d'étude a d'ailleurs été lancé en juillet avec trois autres gros émetteurs havrais et rouennais (Esso, Yara et Boréalis). Son objectif ? Capter le CO2 contenu dans les fumées de plusieurs sites industriels dans l'espoir de réduire de 3 millions de tonnes les émissions de gaz à effet de serre (GES) du premier complexe industrialo-portuaire français.

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Commentaires 2
à écrit le 14/09/2021 à 22:46
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Un appel à subventions par une entente de marché de Total Liquide qui promet monts et merveilles pour 2030... Par ailleurs, l'enfouissement "vert" me semble aussi douteux pour le gaz que pour le nucléaire néanmoins la France semble coutumière d...

à écrit le 14/09/2021 à 19:31
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L'hydrogène bas carbone, ça n'existe pas

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