Après d'intenses tractations, Veolia absorbe Suez

Veolia a réussi son OPA sur Suez, dont il contrôle 86,22% du capital à l'issue de son offre, selon des résultats provisoires publiés vendredi par l'Autorité des marchés financiers (AMF). Les deux groupes ont fini par s'entendre au printemps dernier sur un rapprochement estimé à environ 13 milliards d'euros, qui implique notamment la scission des activités françaises de Suez dans l'eau et les déchets ainsi que de certaines activités à l'international au sein d'une entité indépendante.
Le succès de cette OPA met fin à un feuilleton de près de 18 mois ouvert avec l'annonce fin août 2020 par Veolia d'un projet de rachat de la participation d'Engie dans Suez, qui a ensuite bataillé pour tenter d'éviter d'être avalé par son concurrent.
Le succès de cette OPA met fin à un feuilleton de près de 18 mois ouvert avec l'annonce fin août 2020 par Veolia d'un projet de rachat de la participation d'Engie dans Suez, qui a ensuite bataillé pour tenter d'éviter d'être avalé par son concurrent. (Crédits : STEPHANE MAHE)

Après de longs mois de batailles et d'âpres négociations, le géant de l'eau et des déchets Veolia est parvenu à absorber son vieux rival Suez, dont il détient depuis vendredi soir plus de 86% du capital, au terme d'une offre publique d'achat et de plusieurs mois de bataille.

Le groupe a annoncé qu'il allait demander une réouverture de l'offre, du 12 au 27 janvier, pour les vendeurs retardataires. Au-delà de 90% d'actions, il pourra ensuite procéder à un "retrait obligatoire" pour récupérer les derniers titres et atteindre 100%. Ce taux de 86,22% est "élevé, et très satisfaisant", s'est félicité vendredi soir le directeur financier de Veolia, Claude Laruelle, lors d'un point de presse. Les actionnaires de Suez avaient jusqu'à vendredi pour apporter leurs titres à Veolia, et de l'avis des analystes, l'issue ne faisait guère de doutes, au vu du prix proposé. L'offre avait été fixée à 20,50 euros l'action, 19,85 euros en retirant le dividende versé.

Veolia devrait en effectuer le règlement et prendre possession du frère ennemi le 18 janvier. En vertu d'un accord trouvé avec Suez au printemps, quelque 40% des actifs seront cependant rétrocédés d'ici la fin janvier à un consortium de nouveaux repreneurs, chargés de maintenir et développer un "nouveau Suez" indépendant.

L'ensemble des opérations devraient être terminées lors de la seconde quinzaine de février, et Suez alors retirée de la cote, indique-t-on chez Veolia.

Anti-trust

Le numéro un mondial du secteur détenait déjà 29,9% du capital de Suez, acquis en octobre 2020 auprès de l'énergéticien Engie (ex-GDF Suez). Mi-décembre, l'autorité de la concurrence européenne avait donné son aval au rachat du reste des actions, seule condition suspensive de l'OPA.

La direction de Suez n'a pas publié de réaction vendredi. L'ex-Lyonnaise des Eaux a longtemps bataillé pour éviter ce rachat. Mais, après huit mois d'un spectaculaire bras de fer financier, politique, judiciaire et médiatique, et faute d'avoir trouvé un investisseur alternatif, il avait dû se résoudre en avril dernier, au terme d'une médiation menée par son ancien patron.

Cette opération à 13 milliards d'euros permettra à Veolia de passer de 180.000 à 230.000 salariés, avec un chiffre d'affaires de 37 milliards d'euros, soit 10 milliards supplémentaires.

Il confortera sa position de numéro un, tout en ne représentant qu'environ 5% du secteur, dans un paysage mondial éclaté. Eau, déchets, gestion de l'énergie, qualité de l'air... le groupe, présent désormais dans une quarantaine de pays, renforcé notamment aux Etats-Unis, en Espagne, en Amérique latine, se veut le "champion" capable de répondre aux défis de la transition écologique.

Il devra cependant céder quelque 300 millions d'euros d'actifs, dans l'eau et les déchets industriels, pour répondre aux exigences de l'anti-trust bruxellois, et il a six mois pour le faire. Veolia devra aussi passer par une "enquête approfondie" de l'autorité de la concurrence britannique, s'il veut pouvoir racheter les biens de Suez au Royaume Uni (représentant 2% de son activité).

Sa direction devrait en tout cas pouvoir publier des prévisions à la présentation de ses prochains résultats, le 17 mars, assure-t-on.

De son côté, amoindrie et recentrée sur son activité historique, l'eau, Suez passera à 40.000 salariés, et près de 7 milliards d'euros d'activité.

La société gardera en France l'essentiel de ses actifs - eau comme déchets -, que Veolia aurait eu du mal à conserver de par les lois anti-trust. Elle garde aussi quelques positions notamment en Chine, en Afrique, en Europe, pour pouvoir se projeter à l'international.

Ce "nouveau Suez" sera détenu à 39% par le fonds français Meridiam, 39% par l'américain GIP, avec la Caisse des dépôts/CNP Assurances. Le premier s'engage pour au moins 25 ans, les autres dix ans. Une directrice générale, Sabrina Soussan, a été nommée, une stratégie reste à être annoncée. Le consortium a promis le maintien de l'emploi pendant au moins cinq ans, Veolia quatre ans.

(Avec AFP)

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Commentaires 3
à écrit le 09/01/2022 à 19:06
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Un des plus beaux exemples de suicide économique et industriel français, organisé avec la bénédiction du banquier d'affaires de l'Élysée, qui, sur ce coup là comme sur tout le reste, n'avait rien à foutre des intérêts des français et de la nation.

à écrit le 09/01/2022 à 9:23
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Merci à véolia grâce à leur cupidité et leur gestion malsaine de l'eau je me suis mis à boire de l'eau de source et j'en suis très content. La cupidité est mauvaise conseillère, enfin si des zombies peuvent comprendre ce que je dis. Tandis que nous s...

à écrit le 09/01/2022 à 9:18
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Véolia, ce truc qui privatise l'eau potable et s'occupe de nos déchets. En fait c'est une nébuleuse qui contrôle un très grand nombre de sociétés quelqu'un peut-il en préciser le nombre.

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