"Depuis Fukushima, nous avons largement relevé nos niveaux de contrôle" (ASN)

Cinq ans après la catastrophe de Fukushima, l'Autorité de sûreté du nucléaire (ASN) continue de tirer les leçons de cet accident nucléaire majeur, où la fusion de trois réacteurs a pris de court leur exploitant Tepco et le Japon tout entier. Des défaillances qui ont déclenché un programme complet de révision des installations françaises sur lequel Julien Collet, directeur général adjoint de l'ASN, fait le point pour La Tribune.
"Avant Fukushima, les aléas extrêmes tels qu'un tsunami n'étaient pas prévus dans la construction des centrales".

La Tribune : Quel est aujourd'hui l'état de sûreté des centrales nucléaires françaises, que l'on sait vieillissantes?

Julien Collet. Comme toute installation industrielle, elles présentent des risques. Le principal danger est bien entendu le rejet de substances radioactives dans l'environnement en cas d'incident ou d'accident. Les carburants et les produits chimiques utilisés sur les installations sont également pris en compte. Mais le fonctionnement de ces centrales est régulé par la loi et, de notre côté, nous nous assurons que les exploitants respectent la réglementation. Nous leur avons d'ailleurs demandé d'améliorer ces installations pour mieux résister aux risques sismiques notamment.

Justement, quels enseignements ont été tirés de la catastrophe de Fukushima?

Le niveau de sûreté des installations a été largement renforcé. Avant le tsunami de 2011, les aléas extrêmes tels que celui-ci n'étaient pas prévus dans la construction des centrales. Il a provoqué un comportement très anormal : la perte de l'alimentation électrique et de la source froide, c'est à dire l'eau qui refroidit les réacteurs. Suite à cela, des stress-tests ont été réalisés dans l'ensemble des centrales européennes jusqu'à la fin de l'année 2011. Ces études visaient à vérifier comment les réacteurs se comporteraient face à des événements naturels extrêmes, comme des séismes ou des inondations. A partir de là, il a été prescrit à EDF d'améliorer ses installations autour de tous ses réacteurs.

Mais suite à Fukushima, nous avons aussi eu un retour d'expérience plus large quant à la gestion des populations, de la contamination des eaux et des sols, la gestion de crise... Par exemple, quel rôle donner aux sous-traitants et quelles sont les compétences nécessaires en cas de catastrophe?

Où en est EDF dans la mise en œuvre de vos recommandations?

La première phase se termine aujourd'hui. De nouveaux matériaux mobiles ont été ajoutés dans chaque centrale pour être disponibles et utilisés rapidement. Il s'agit par exemple de générateurs électriques pouvant faire face à une perte d'alimentation. Une Force d'action rapide nucléaire (FARN) a également été mise sur pied à partir de 2012 et constitue des moyens humains pouvant intervenir en urgence sur un site. (Cette force spéciale de 300 personnes peut intervenir en moins de 24 heures sur un site nucléaire français gravement accidenté NDLR).

On entre à présent dans une deuxième phase avec la mise en place de moyens définitifs. Des générateurs électriques permanents vont être ajoutés et placés dans des bâtiments résistants aux aléas extrêmes. EDF va également construire des centres de crise plus robustes. L'entreprise a jusqu'à 2020 pour réaliser ces modifications que nous contrôlerons à la fin tout en réalisant des inspections au fur et à mesure sur les chantiers. A ce stade, EDF a respecté l'ensemble des échéances.

Les divers incidents survenus récemment dans des centrales françaises -Cattenom début mars, Bugey fin février, Fessenheim en 2014- sont-ils l'illustration d'une technique mal maîtrisée?

Mal maîtrisée non, mais il surviendra toujours des anomalies. Nous mettons en place des outils de surveillance pour les détecter, les prendre en compte et nous améliorer sans cesse. On apprend au fur et à mesure, on essaie d'anticiper au maximum en modifiant les installations. Tous ces événements survenus dans les centrales françaises nous ont été déclarées et ont été instruites par l'ASN. Quant aux contestations des pays voisins -Allemagne, Luxembourg, Suisse. NDLR- elles ne reflètent pas les rapports que nous avons avec nos homologues étrangers. Nous avons globalement un niveau de sûreté très harmonisé et homogène en Europe. Nous discutons et échangeons sans cesse. Ce n'est pas la première fois qu'il y a des réactions de la part du canton de Genève par exemple. Mais elles relèvent plus d'une critique de notre politique énergétique.

Propos recueillis par Tiphaine Honoré

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Commentaire 1
à écrit le 14/03/2016 à 9:53
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Fukushima, 0 morts, quasi pas d'impact sur la nature (moins de 50bq). Mais jugé comme une catastrophe ... propagande écolo quand tu tiens...

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