L'Europe veut se muscler à toute vitesse dans l'éolien offshore

La Commission européenne veut multiplier par cinq les capacités de production des éoliennes en mer en dix ans, et par 25 dans un délai de seulement 30 ans.
Juliette Raynal
Dans un rapport publié en 2019, l'AIE estimait que l'éolien offshore pourrait devenir la première source d'électricité sur le Vieux-continent d'ici à 2040.
Dans un rapport publié en 2019, l'AIE estimait que l'éolien offshore pourrait devenir la première source d'électricité sur le Vieux-continent d'ici à 2040. (Crédits : Ben Barden / Vattenfall)

L'Europe veut enclencher la vitesse supérieure sur le front des éoliennes en mer. La Commission européenne a dévoilé, jeudi 19 novembre, sa stratégie en la matière pour les prochaines décennies. Sa feuille de route prévoit de passer d'une capacité de production de 12 gigawatts (GW) aujourd'hui à 60 GW en 2030, puis à 300 GW en 2050. Cela reviendrait donc à multiplier par cinq les capacités de production en dix ans, et par 25 dans un délai de seulement 30 ans.

La commission estime qu'un investissement de près de 800 milliards d'euros sera nécessaire d'ici à 2050 pour atteindre les objectifs proposés. Ce montant doit aussi permettre de soutenir le développement d'autres formes de production d'énergie en mer, comme l'énergie solaire flottante.

Selon l'instance, ce changement d'échelle est indispensable si l'Europe veut atteindre la neutralité carbone à l'horizon 2050. Elle rappelle que le Vieux Continent a été pionnier dans cette technologie (le premier parc éolien offshore a vu le jour au large du Danemark en 1991) et sa position de leader à l'échelle internationale.

Le Vieux Continent, pionnier et leader

L'UE représente aujourd'hui plus de 40% du marché de l'éolien en mer avec une capacité de 12 GW. Elle devance ainsi le Royaume-Uni (9,7GW) et la Chine (6,8 GW), qui accélère sur ce domaine. Pour conserver son leadership, le Vieux Continent peut "s'appuyer sur le vaste potentiel offert par les mers de l'Union européenne, et tout particulièrement la mer du Nord, la mer Baltique, la Méditerranée, l'Atlantique et la mer Noire", souligne la commission. Surtout, il peut miser sur son savoir-faire industriel. La commission rappelle ainsi que 93% de la capacité offshore installée en Europe en 2019 a été produite en Europe.

L'éolien en mer connaît actuellement un développement sans précédent. Si en 2018, cette source d'énergie ne représentait que 0,3% de l'électricité produite dans le monde, l'agence internationale de l'énergie (AIE) insiste sur son "potentiel quasi illimité". Dans un rapport publié en 2019, l'AIE estimait même que l'éolien offshore pourrait devenir la première source d'électricité sur le Vieux-continent d'ici à 2040.

Des coûts en forte baisse

Cet essor est directement lié à la baisse très rapide des coûts. "Aux Pays-Bas, ils ont chuté de 70% en huit ans", soulignait à La Tribune, Lydia Schot, directrice de l'éolien en mer chez Eneco, groupe énergétique néerlandais. À l'échelle globale, ils ont baissé de 44% en dix ans et évoluaient, en 2019, entre 45 et 79 euros le mégawattheure (MWh). Cette évolution s'explique notamment par l'augmentation de la puissance des mâts, qui permet de réaliser des économies d'échelle, et par la baisse du prix des turbines. Mais aussi par le développement de navires spécialement conçus pour l'installation d'éoliennes. L'essor de l'éolien en mer doit également être tiré par le développement des éoliennes flottantes, qui sont fixées sur un socle rattaché au fond de la mer par des câbles.

"Les forces du marché, les progrès technologiques et l'évolution des prix continueront de pousser la croissance des énergies renouvelables dans les années à venir", écrit la Commission européenne. Elle prévient néanmoins qu'un "tel changement de rythme nécessite de surmonter un certain nombre d'obstacles".

Des défis industriels

L'un des principaux défis consiste à renforcer la chaîne d'approvisionnement. La commission souligne ainsi la nécessité d'améliorer les capacités de production et les infrastructures portuaires, ainsi que d'augmenter la disponibilité de main-d'œuvre suffisamment qualifiée pour assurer des taux d'installation plus élevés. Selon la commission, une implication plus forte de l'UE et des États membres est indispensable, "car dans le cadre des politiques actuelles, la capacité d'installation ne pourrait atteindre qu'environ 90 GW en 2050". Bien loin donc des 300 GW visés.

Pour passer la vitesse supérieure, la commission plaide donc pour une planification à long terme afin notamment de favoriser une bonne coexistence entre les installations des éoliennes en mer et les autres usages de l'espace marin. Un enjeu de taille lorsqu'on sait qu'en France, les premiers appels à projets dans ce domaine ont été lancés en 2012 et qu'ils n'ont toujours pas vu le jour en raison des très nombreux recours juridiques.

Juliette Raynal

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Commentaire 1
à écrit le 21/11/2020 à 11:11
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L'Europe "veut" beaucoup, annonce beaucoup mais au final ne fait rien, le plan de 750 milliards d'aides annoncé en mars ou avril n'est toujours pas encore voté hein... Donc faites une pause svp les mythos, surtout pas les temps qui courent, merci...

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