La Banque d’Angleterre plaide en faveur de la finance verte

Mark Carney, gouverneur de la banque d’Angleterre et président du conseil de stabilité financière du G20, voit dans un accroissement des investissements bas-carbone une solution pour éviter la déflation et relancer la croissance.
Dominique Pialot
Globalement, entreprises et investisseurs doivent s'engouffrer sur un marché des green bonds déjà en pleine expansion, que les régulateurs peuvent rendre plus attractif encore. 42 milliards de dollars ont été émis en 2015 sous la forme d'obligations vertes, alors que, selon Mark Carney, ce sont plus de 100.000 milliards de dollars détenus par les principaux fonds d'investissements qui pourraient être fléchés vers les obligations vertes.

Les plaidoyers pour un renforcement de la finance « verte » se multiplient, avec des arguments toujours plus nombreux, développés par des personnalités toujours plus légitimes. Lors d'un discours à Berlin cette semaine intitulé « Résoudre le paradoxe climatique », Mark Carney, gouverneur de la banque d'Angleterre et président du conseil de stabilité financière du G20, s'est longuement exprimé sur le sujet.

42 milliards de green bonds émis en 2015

Il a notamment appelé le secteur privé à se doter de meilleures stratégies d'évaluation de leur exposition au risque climatique, pour favoriser la création d'un marché des green bonds plus « mainstream ». Il a également incité les pays développés à s'intéresser tout particulièrement aux économies émergentes, susceptibles d'offrir les meilleurs retours sur investissements. Globalement, entreprises et investisseurs doivent s'engouffrer sur un marché des green bonds déjà en pleine expansion, que les régulateurs peuvent rendre plus attractif encore. 42 milliards de dollars ont été émis en 2015 sous la forme d'obligations vertes, alors que, selon Mark Carney, ce sont plus de 100.000 milliards de dollars détenus par les principaux fonds d'investissements qui pourraient être fléchés vers les obligations vertes. En effet, a-t-il rappelé, une multiplication par quatre des investissements dans les infrastructures est nécessaire pour rester sous le seuil des 2°C de hausse de la température moyenne.

Transition douce

Quant au paradoxe évoqué dans le titre, il porte sur le « timing » : il est  urgent d'agir avant que l'impact du changement climatique ne devienne évident au sein de la sphère financière traditionnelle, car il sera alors trop tard pour stabiliser le climat et la hausse de la température moyenne en dessous de 2°C.

Mais il faut également se garder d'une transition trop rapide vers une économie bas-carbone. En effet, une réévaluation du risque climatique et donc des entreprises, pourrait menacerait elle aussi la stabilité financière.

D'où la nécessité d'une transition douce, favorisée, selon Marc Carney, par des analyses distinguant entre les risques matériels (liés aux événements climatiques extrêmes), les risques juridiques liés à la non conformité à des réglementations environnementales toujours plus strictes, et les risques liés aux progrès technologiques vers une économie bas-carbone, réalisés par certains acteurs au détriment de leurs concurrents moins agiles. Il appelle de ses vœux une politique climatique globale fournissant aux entreprises suffisamment d'information et de sécurité pour les inciter aux investissements verts.

La finance verte pour éviter la déflation

Sur un plan plus financier, Mark Carney souligne que des investissements accrus dans les technologies vertes contribueraient à éviter une situation de déflation. Il a rappelé que les banques centrales n'étaient pas la cause des taux d'intérêt bas, mais une réponse à cette situation. « Nous sommes acteurs d'une pièce écrite par d'autres », a-t-il déclaré. Et de rappeler que les seules politiques monétaires ne pouvaient régler les problèmes économiques mondiaux. « Près de dix ans après les débuts de la crise financière, il est de plus en plus couramment admis que sortir de cette situation de croissance faible et d'inflation nulle exigera un ré-équilibrage entre les politiques monétaires, fiscales et structurelles. »

Selon lui, l'absorption des excédents de liquidités par les investissements « verts «  contribuerait à faire remonter les taux et à relancer la croissance mondiale.

Dominique Pialot

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Commentaires 3
à écrit le 24/09/2016 à 23:34
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Parce c'est un secteur potentiellement rentable....aucun altruisme la dedans...une autre manière de faire du fric......

le 25/09/2016 à 14:15
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@Delahaut: enfin quelqu'un qui comprend le pragmatisme anglosaxon et la nature humaine en général :-)

à écrit le 24/09/2016 à 11:22
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La finance verte pour éradiquer la finance pourrie ? Je pense hélàs qu'elle va plutôt se faire contaminer par elle. Espérons que les financiers vont suffisamment déserter ce pays pour lui offrir une marge de manœuvre politique convenable.

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