Pertes, plans d'économies, dividendes : les groupes pétroliers face au plongeon des cours

A l'image de Total, les géants du secteur ont accusé une dégradation importante de leurs performances financières au premier trimestre. Le deuxième trimestre devrait être encore plus difficile, ce qui a poussé deux acteurs à réduire leurs dividendes.
(Crédits : Ints Kalnins)

"Des circonstances tout a fait exceptionnelles". Comme l'ensemble des grandes compagnies pétrolières, Total subit de plein fouet le spectaculaire plongeon des cours du baril, précipité par la propagation rapide de l'épidémie de coronavirus. Mardi 5 mai, le groupe français a donc publié des résultats financiers en forte baisse. Et annoncé, comme ses rivaux, de nouvelles mesures d'économies... sans toutefois revoir à la baisse le montant de ses dividendes.

Des profits en chute libre, voire des pertes

Au premier trimestre, toutes les majors pétrolières ont accusé un net repli de leurs profits. Total affiche ainsi une baisse de 35% de son résultat net ajusté, passé de 2,8 milliards de dollars à 1,8 milliard sur la période. Chez Shell, les profits ajustés ont chuté de 46%, à 2,9 milliard de dollars. Et ils ont plongé de 67% pour BP, tombant sous les 800 millions de dollars. Le géant américain Exxon Mobil a enregistré un repli plus limité, de seulement 4%.

En prenant en compte les effets comptables liés à la valorisation des stocks, le résultat net de Total a fondu de 99%. Et Shell et BP ont publié des pertes nettes, respectivement de 24 et de 628 millions de dollars. Exxon Mobil a également terminé le trimestre dans le rouge, enregistrant un déficit de 610 millions de dollars, sa première perte en trente ans. A l'opposé, Chevron a fait état d'un bond de 38% de ses profits, mais il a bénéficié d'éléments exceptionnels et n'a pas passé de charge de dépréciation dans ses comptes.

Mesures d'économies renforcées

Face à cette situation, plusieurs groupes pétroliers ont annoncé de nouvelles mesures d'économies, s'ajoutant à celles déjà entérinées en mars avant que la crise ne s'aggrave. Par exemple, Total prévoit désormais de réduire ses investissements de 25% cette année, au lieu d'une réduction de 20%. Son programme d'économies va être porté à plus d'un milliard de dollars, contre 800 millions annoncés fin mars et 400 millions initialement prévus.

La semaine dernière, Chevron avait également accentué ses mesures d'austérité, espérant notamment un milliard d'économies sur ses coûts opérationnels. La société californienne a aussi porté la baisse de ses investissements de 20% à 30%. La compagnie italienne Eni avait fait de même quelques jours plus tôt, prévoyant un repli de 30% de ses dépenses en capital contre 25% précédemment.

Dividendes globalement préservés

Malgré la crise sur le marché pétrolier, les géants du secteur tentent de préserver leurs dividendes, comme ils l'avaient déjà fait lors des précédentes crises. Cependant, réduire la rémunération des actionnaires n'est désormais plus un tabou. Après le groupe norvégien Equinor fin avril, Shell a fait de même la semaine dernière, pour la première fois depuis la fin de la seconde guerre mondiale. Les deux sociétés ont divisé par trois le montant de leurs dividendes trimestriels. Et Eni s'est dit prêt à suivre l'exemple cet été.

En marge de la publication de leurs résultats trimestriels, Total, Exxon, Chevron et BP ont réaffirmé qu'ils n'avaient pas l'intention de modifier leurs plans. Au-delà du symbole, ces derniers sont encore plus primordiaux aujourd'hui que par le passé pour soutenir leurs cours boursiers. Pénalisé par l'émergence de la finance responsable, le secteur affiche ainsi les plus mauvaises performances boursières de la dernière décennie. Son dernier atout: ses dividendes aux rendements très élevés. Dividendes qu'il faut donc absolument préserver.

Et maintenant ?

Si le début de l'année a été compliqué, "les résultats du premier trimestre seront peut-être les meilleurs de l'année, admet Patrick Pouyanné, le PDG de Total. Nous ne savons pas où nous allons mais je peux anticiper que les résultats du deuxième trimestre seront beaucoup plus bas".  Au premier trimestre, le cours moyen du baril de Brent s'est élevé à 50 dollars, en baisse certes de 21% par rapport à 2019. Mais à un niveau nettement supérieur au prix actuel. A Londres, le contrat pour livraison en juin s'échange actuellement à 29 dollars. Fin avril, il était même repassé sous la barre des 20 dollars, pour la première fois depuis décembre 2001.

La situation sur le marché pétrolier ne devrait pas s'améliorer avant plusieurs mois, alors que la demande reste toujours faible en raison des mesures de confinement et que la surproduction pourrait déboucher sur une crise du stockage. "La demande repartira progressivement quand les économies redémarreront", prévient Michael Wirth, le patron de Chevron. "Nous ne savons pas si la demande qui a disparu reviendra", ajoute Ben van Beurden, le PDG de Shell. "Les cours du pétrole remonteront, mais si les volumes sont significativement plus faibles, nous assisterons à des bouleversements majeurs", redoute-t-il.

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Commentaires 3
à écrit le 06/05/2020 à 12:53
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ben faut mettre es investissements a zero, et les capacites de production vont vite se reajuster a la demande de toute facon avec un bien dont on ne connait pas le prix futur, faut etre tres prudent

à écrit le 06/05/2020 à 10:57
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Et le prix du gaz il baissera quand?

à écrit le 06/05/2020 à 10:42
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Les sous-traitants vont prendre cher!....

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