Sobriété énergétique : la stratégie « anti-gaspi »du Centre Val de Loire

La flambée des prix de l’énergie provoque des mesures ponctuelles d’économies dans la plupart des collectivités territoriales du Centre Val de Loire, à l’instar de l’extinction de l’éclairage la nuit à Bourges et de la baisse de la température des piscines à Tours. Le Centre Val de Loire veut lui-même faire baisser de 40% d’ici 2030 la consommation d’énergie de son parc de bâtiments et de lycées.
Symbole de la détermination de la collectivité à décarboner ses installations, l’hémicycle de la région Centre Val de Loire à Orléans sera entièrement rénové au plan énergétique d’ici 2023.
Symbole de la détermination de la collectivité à décarboner ses installations, l’hémicycle de la région Centre Val de Loire à Orléans sera entièrement rénové au plan énergétique d’ici 2023. (Crédits : Reuters)

En cette rentrée marquée par la crise énergétique, les mesures de sobriété énergétique se renforcent dans le Centre Val de Loire. Par exemple à Bourges, dans le Cher, l'extinction des lumières de minuit à 5 heures dans 70% des quartiers de la ville, déjà en vigueur depuis la rentrée 2021, sera ainsi étendue à partir d'octobre. « Après une première année de test, notre objectif est de réduire l'éclairage dans 90% des quartiers, y compris le centre-ville, assure Yann Galut, maire PS de Bourges. Nous venons en ce sens d'acquérir pour 50.000 euros un logiciel permettant de piloter à distance l'ensemble des armoires électriques ». Cet investissement devrait être amorti dès le premier exercice. Il contribuera en principe à minorer de 350 000 à 400 000 euros la facture d'électricité de la ville en 2023. Avec un surcoût de plus de 2 millions d'euros de ses dépenses énergétiques prévues cette année, Bourges a également fait baisser d'un degré depuis juin l'eau des bassins de son centre nautique principal. La préfecture du Cher travaille également sur un système de récupération d'eau, afin de limiter sa consommation.

Tours, confrontée à la même problématique de sécheresse record, a pris une première mesure symbolique. La ville, dirigée par un maire écologiste depuis mars 2020, a retardé d'un mois le remplissage des bassins de sa principale piscine, Gilbert Bozon. Des mesures semblables de diminution de la température devraient être rapidement mises en œuvre, courant septembre, assure Emmanuel Denis. Le premier magistrat étudie parallèlement la possibilité de réduire l'éclairage des rues et des bâtiments publics. « Les services l'ont diminué à certains endroits, explique-t-il, mais nous nous heurtons à fois à des questions de travaux à réaliser et de sécurité à préserver ». Tours, moins agile que Bourges, verra pourtant sa facture d'énergie quasiment doubler en 2023. Les chiffres donnent le tournis à l'équipe des finances de la ville. Ils grimperont de 7 millions d'euros en 2021 à presque 13 millions l'année prochaine. En Touraine comme dans le Berry, des hausses d'impôts locaux seront à prévoir dans les prochains budgets communaux. Les taxes ont déjà augmenté de 15% la seconde année de mandat de la municipalité écologiste tourangelle

Refonte de l'hémicycle à la région

En lançant dès 2020 une COP sur le climat, la région Centre Val de Loire, première en France à se doter d'un levier d'actions de ce type, se félicite d'avoir eu du nez, à l'heure où la sobriété énergétique s'impose comme une nécessité urgente. Un contrat de performance énergétique, signé en 2010 avec Engie et représentant un montant total de 80 millions d'euros, a permis de rénover en dix ans 19 des 62 lycées dont la collectivité a en charge la gestion.

« Les travaux d'isolation, mais aussi l'installation de chauffage biomasse et de panneaux photovoltaïques afin d'assurer l'autosuffisance des établissements, ont permis de réduire la consommation de 15%, assure Alexandre Tinseau, directeur de cabinet du président de la région. Une seconde tranche, qui intègre le Fonds régional d'art contemporain (FRAC) à Orléans, a démarré depuis deux ans et s'achèvera d'ici à 2035 ».

Pour tenir son objectif de réduction de 40% de réduction de l'empreinte carbone de son parc immobilier en 2030, la région Centre Val Loire vient également de démarrer un chantier emblématique : la rénovation énergétique de son propre hémicycle. Les travaux, qui dureront un an environ, prévoient le remplacement systématique des anciens convecteurs de chauffage et d'éclairage par des installations moins énergivores. Enfin, le parc de véhicules de la collectivité régionale sera entièrement électrique ou hybride d'ici deux ans.

Si Bourges et Tours sont contraintes de réagir dans l'urgence face à la montée rapide des prix de l'énergie depuis plusieurs mois, leurs deux maires de gauche, élus il y a deux ans, ont aussi initié d'ambitieuses politiques de rénovation énergétique des écoles. Pour la majorité des villes de taille moyenne, les établissements scolaires constituent à la fois un important vecteur d'émission de gaz à effet de serre et un centre de coût de 20 à 30% de la facture de consommation globale. La cité berrichonne, qui a démarré le chantier en début de mandat de Yann Galut, a prévu un plan d'investissement de 40 millions d'euros sur 10 ans afin d'isoler correctement ses 40 écoles. Le palais d'Auron, qui accueille les concerts du Printemps de Bourges, 3e manifestation musicale en région, constitue également une passoire énergétique. La mairie, après le lancement d'un bilan énergétique des bâtiments municipaux en 2021, réfléchit à détruire pour le reconstruire cet ensemble de bâtiments situés sur plusieurs hectares en plein centre-ville. La municipalité tourangelle est engagée dans un schéma similaire vis-à-vis de ses 60 écoles. Elle a budgété un investissement de 140 millions d'euros qui passera par la destruction des dix écoles de type Pailleron sur l'ensemble du parc d'établissements scolaires. Au prix d'un méga plan pluriannuel de 450 millions d'euros sur 12 ans, Tours s'est notamment fixée comme objectif la réduction de sa consommation énergétique de 30% à moyen terme.

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Commentaires 3
à écrit le 12/09/2022 à 15:03
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Pas d'éclairage public la nuit à Bourges, quel progrès, c'est un beau retour à l'époque où les villes n'étaient pas éclairées. Ce sont les voyous qui vont se régaler. Moi, encas de cambriolage ou d'agression la nuit, je porterais plainte contre ces ...

à écrit le 12/09/2022 à 7:16
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Ce qui prouve qu'avant, on gaspillait allègrement l'énergie. Comme quoi, personne n'est vertueux, il n'y a qu'en frappant au portefeuille, qu'on obtient quelque chose

le 12/09/2022 à 9:00
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Quand on a eu 58 réacteurs, il a fallu la consommer, cette énergie, dans le chauffage électrique, des grille-pains accrochés aux murs, et le fuel étant peu utilisé le taxer peu pour l'usage carburant (gazole et fuel c'est très voisin, le fuel est col...

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