Sobriété énergétique : une « charte d'engagement » dans les tuyaux pour les entreprises du numérique

Dans le cadre du « Plan sobriété énergétique » d'Agnès Pannier-Runacher, l'écosystème du numérique et des télécoms travaille depuis fin août sur une charte d'engagement en faveur de la sobriété, dans le but de parvenir à une baisse de 10% de la consommation d'énergie d'ici à 2024, avec des premiers effets dès cet hiver. Les entreprises du secteur sont prêtes, entre autres, à réaliser un bilan carbone partiel ou complet d'ici à fin 2023, à déployer le « forfait mobilité durable » auprès de leurs salariés, ou encore à mettre en place des mesures ambitieuses de réduction d'énergie dans les bureaux. Le gouvernement présentera le détail du plan Pannier-Runacher d'ici à la fin du mois de septembre.
Sylvain Rolland
(Crédits : Reuters)

Le gouvernement le martèle sur tous les tons : entreprises comme particuliers, tout le monde devra faire des efforts de sobriété énergétique afin d'éviter, ou du moins de minimiser, les coupures d'électricité et de gaz que l'Etat craint pour cet hiver, et réduire les émissions de gaz à effet de serre de la France. Pour y parvenir, la ministre de la Transition énergétique, Agnès Pannier-Runacher, a annoncé fin juin le lancement d'un « Plan sobriété énergétique ». Son objectif : réduire de 10% nos consommations d'énergie d'ici à 2024, et de 40% d'ici à 2050. Sept groupes de travail thématiques ont été créés pendant l'été, afin de trouver des leviers d'action adaptés à tous les types de structures (État, entreprises, collectivités territoriales...) et de secteurs (logement, numérique et télécommunications...).

D'après nos informations, le groupe « numérique et télécommunications » travaille depuis fin août à l'élaboration d'une « charte d'engagement » destinée aux entreprises du numérique. Cette charte, dont les deux premières versions ont été consultées par La Tribune, est co-construite avec les principales organisations professionnelles du secteur, dont Numeum -qui fédère les entreprises du numérique-, France Digitale -qui représente les startups et investisseurs- et la Fédération Française des Télécoms. Sur la base d'une première version soumise par le gouvernement, les membres volontaires de ces associations ont amendé le texte.  « On a demandé aux acteurs de la filière numérique et télécoms de remonter les mesures qu'ils identifient pour atteindre les objectifs de réduction d'énergie fixés par l'Etat », confirme auprès de La Tribune le cabinet de Jean-Noël Barrot, le ministre délégué à la Transition numérique et aux télécoms.

Reste désormais à savoir si les mesures proposées par les acteurs du numérique seront validées par le gouvernement. On ne sait pas encore également si chacun des sept groupes de travail aura sa propre charte, ou si un texte global avec des spécificités thématiques sera préféré. D'après Bercy, « rien n'est encore acté » et il est même « trop tôt » pour affirmer que les engagements demandés aux entreprises prendront bien la forme d'une charte portée par les entreprises elles-mêmes.

Relance du débat sur le bilan carbone et l'intégration du scope 3

Quoi qu'il en soit, cette charte a été présentée aux associations professionnelles du numérique comme la « première étape d'une stratégie globale de transition écologique » qui sera proposée à l'écosystème French Tech d'ici à la fin de l'année.

Le texte liste des actions concrètes que les signataires s'engageront à mettre en place. L'une des plus importantes est la réalisation d'un bilan carbone pour chaque entreprise, à effectuer d'ici à la fin 2023, pour piloter avec de la donnée qualifiée une véritable stratégie de réduction de l'empreinte carbone.

« Il y a actuellement un débat parmi les startups sur l'ampleur du bilan carbone, s'il doit se limiter aux émissions directes -les scopes 1 et 2- ou aussi inclure les émissions indirectes -scope 3, qui sont pour beaucoup d'entreprises du numérique les plus importantes », nous indique une source. « Beaucoup pensent que seule l'intégration du scope 3 sera efficace, mais c'est aussi s'imposer une contrainte et aller au-delà de la loi », poursuit-elle.

Ce débat a déjà été tranché par le collectif Climate Act, qui regroupe 300 entreprises essentiellement dans la tech, et qui milite depuis mars 2021 pour un durcissement de la réglementation pour obliger davantage d'entreprises à réaliser un bilan carbone et y intégrer le scope 3.

Forfait mobilité durable, encadrement des déplacements professionnels, économies d'énergie dans les locaux

Le projet de charte prévoit également des actions à mener à l'échelle des collaborateurs. Les entreprises de la tech ont ainsi proposé de « déployer le forfait mobilité durable », qui donne depuis 2020 aux employeurs la possibilité de contribuer financièrement aux dépenses de transports écologiques de leurs salariés pour leurs trajets domicile-travail. L'encadrement des déplacements professionnels -privilégier le train à l'avion pour tout trajet inférieur à 4h- l'électrification de la flotte de voitures ou encore le recours accru à la visioconférence, font également partie des pistes proposées, tout comme le déploiement de formations aux collaborateurs sur les enjeux environnementaux.

Enfin, la dernière partie du projet de charte concerne les locaux de l'entreprise. Le texte soumis par les startups propose « d'éteindre les lumières, les ordinateurs et les écrans la nuit », « plafonner le chauffage dans les bureaux à 19 degrés », « encadrer l'usage de la climatisation en limitant l'écart de degré entre l'intérieur et l'extérieur à 5 degrés maximum », ou encore « utiliser les applications de fournisseurs d'électricité et gaz pour suivre en temps réel ses consommations ». La diffusion de ces bonnes pratiques à l'ensemble des partenaires, clients sous-traitants et fournisseurs est également suggérée.

Qu'en restera-t-il ? « Il faut encore que ces propositions soient validées par le gouvernement, harmonisées avec les autres acteurs de la filière tech, avec les autres groupes de travail, et soient en cohérence avec l'ensemble du Plan sobriété énergétique d'Agnès Pannier-Runacher », nous indique-t-on. Verdict dans la deuxième quinzaine de septembre.

Sylvain Rolland

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Commentaires 2
à écrit le 07/09/2022 à 9:20
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il faut qu'ils y aillent fond . Plus de rencontre ou de compétions sportive et encore moins mécanique (F1, rallye, bateau avion ) tous au garage. interdiction aux chômeurs et aux retraités de prendre un véhicule à moteur privé. transport en commu...

à écrit le 06/09/2022 à 23:02
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C'est incroyable de voir qu'aucun média ou presque ne souligne la responsabilité des élites actuelles dans la situation catastrophique que nous connaissons. Il est bien seul le patron d'EDF...

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