EXCLUSIF : les autorités françaises imposent des engagements au fonds qatari Diar pour qu'il puisse racheter Cegelec

Le caractère stratégique du groupe, spécialiste de la filière nucléaire et des activités de défense, conduit le ministère de l'Economie ainsi que d'autres administrations à demander au fonds Diar de signer une lettre d'engagement qui permettrait de protéger les activités sensibles du groupe. Christine Lagarde est en conflit d'intérêt dans ce dossier.

Une étude interministérielle est lancée pour étudier les conditions de l'achat de 100% de Cegelec par le fonds qatari Diar à LBO France, selon des informations recueillies par latribune.fr. Les deux groupes sont en négociations exclusives depuis mi juin 2008. Cette étude juridique et économique établira si cette vente sera autorisée par les autorités françaises et dans quelles conditions. Elle sera ensuite transmise aux ministres concernés qui prendront la décision. Cette information est confirmée à latribune.fr de source proche du fonds Diar. Contacté, le ministère de l'économie se refuse à tout commentaires. Cegelec n'a pas répondu à nos sollicitations.


Elle sera fondée juridiquement en s'appuyant sur le décret sur les investissements étrangers en France. Ce décret permet aux autorités étatiques d'interdire l'arrivée d'un investisseur non français dans des entreprises jugées sensibles, de l'autoriser avec ou sans conditions. Il a été utilisé notamment lors de la vente du fabricant de batterie Saft au fonds britannique Doughty Hanson.


L'étude est menée sous l'égide de la Direction générale des entreprises du Minefi avec, notamment, des représentants de la Direction des applications militaires du CEA, du CNES et de la Direction générale de l'Armement du ministère de la défense. Elle est motivée d'abord par le caractère stratégique de Cegelec qui travaille, notamment, pour le secteur de la défense et surtout la filière nucléaire, un des atouts de la France sur les marchés internationaux. Elle est également motivée par les curieuses caractéristiques du fonds Diar. Ce fond, contrôlé par le fonds souverain du Qatar, ne s'était jusqu'à présent intéressé qu'à des investissements dans l'immobilier.

C'est sa première incursion dans l'univers industriel. Deuxième interrogation, pourquoi un fonds souverain, où l'un de ses véhicules tenterait de s'emparer de 100% d'une entreprise? C'est un fait exceptionnel. Enfin, la gestion de ce fond est jugée «opaque» par un des participants au groupe interministériel. Qui conclut: «au final, nous ne connaissons pas ses intentions réelles».


Selon les informations recueillies par latribune.fr, certains des participants au groupe de travail veulent assortir la vente de Cegelec d'une lettre d'engagement signé par le fonds. Celui-ci s'engagerait alors de ne pas délocaliser les installations stratégiques français. En revanche, d'autres pencheraient pour limiter la prise de participation à 40% sans droit de regard sur les dossiers stratégiques traités par Cegelec. De source proche du fonds Diar, les autorités s'orienteraient vers la première hypothèse. On fait remarquer que les fonds souverains moyen orientaux sont considérés comme bienvenus en France. La décision des autorités politiques est évidement attendue avec une certaine impatience par le groupe qui devait clôturer la vente à mi-octobre 2008. Dans moins de dix jours.

 

Christine Lagarde en conflit d?intérêt dans le dossier Cegelec
La ministre de l?économie, Christine Lagarde, est en conflit d?intérêt dans le rachat de 100% de Cegelec par le fond qatari Diar. Ce fonds a en effet choisi comme avocat-conseil le cabinet Baker & McKenzie dans cette acquisition délicate. Christine Lagarde connaît bien ce cabinet : elle y a passé 25 ans, commençant comme avocate de base au bureau de Paris en 1987 pour finir par diriger le comité stratégique mondial jusqu?en 2005, après avoir occupé la présidence du comité exécutif mondial du géant de l?avocature américaine. Or, ce sera à Christine Lagarde de décider au final de la vente de Cegelec et surtout de ses conditions. Elle devra décider quelles obligations sont imposées au fond qatari pour que soient protégés les intérêts stratégiques français. Dans ce débat très technique fera-t-elle abstraction des arguments de ses anciens collègues ?

 

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Commentaires 2
à écrit le 09/10/2009 à 6:13
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Pour info, JF

à écrit le 09/10/2009 à 6:13
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Prétendre, comme le fait ce journaliste que "Christine Lagarde, est en conflit d?intérêt dans le rachat de 100% de Cegelec par le fond qatari Diar" confine au procès d'intention. Sauf plus informé, la ministre n'a plus de lien direct ou financier a...

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