« L'apprentissage doit devenir la voie de l'excellence de la formation professionnelle » Ph. Darmayan, ArcelorMittal

Afin de créer des filières professionnelles porteuses d'avenir et d'emplois, Philippe Darmayan, président d'ArcelorMittal France(*) souhaite enrichir et améliorer les formations traditionnelles grâce à l'utilisation des données numériques.
Philippe Darmayan est président d'ArcelorMittal France, président du Groupe des fédérations industrielles (GFI) et président de l'Alliance Industrie du Futur.
Philippe Darmayan est président d'ArcelorMittal France, président du Groupe des fédérations industrielles (GFI) et président de l'Alliance Industrie du Futur. (Crédits : DR)

LA TRIBUNE - À quels changements organisationnels doit-on s'attendre pour faire face aux défis de l'industrie 4.0 ?

PHILIPPE DARMAYAN - Les entreprises auront une organisation horizontale. Au lieu de simplement fabriquer des produits, elles vont enrichir leur offre en rajoutant des services à valeur ajoutée grâce au numérique. Les relations avec leurs fournisseurs et leurs clients en seront plus profondes et plus fréquentes. En termes de compétences, les collaborateurs auront besoin de mieux comprendre l'activité de l'entreprise dans un contexte qui ne cesse de s'élargir. Les métiers industriels seront modifiés non seulement sur le plan technique mais aussi économique et managérial.

Quel en sera l'impact sur l'encadrement ?

L'encadrant devra comprendre à la fois comment marche le numérique et comment fonctionne l'entreprise. Le digital, ce sont des capteurs sur les machines qui envoient leurs mesures dans le cloud afin de créer, par apprentissage, de la valeur qui aidera à mieux anticiper les pannes, voire les prévenir... Ces données serviront aussi à relier plus étroitement le bureau d'études et la fabrication. Encore faut-il acquérir la compréhension de ce que les données sont susceptibles d'apporter aux métiers et à l'entreprise...

Faut-il alors transformer les mécaniciens en « Data Mécaniciens » ?

Les formations de mécanicien ou de chaudronnier vont rester en place mais il faudra aller plus loin. Toutes les formations traditionnelles vont être enrichies et améliorées grâce à l'utilisation de ces données. À l'époque où le fraisage, par exemple, est passé à la commande numérique, soit on prenait un automaticien pour l'amener à conduire le fraisage numérique, soit on prenait un mécanicien qu'on formait à la commande numérique. La vérité est entre les deux, mais j'ai tendance à penser qu'on a plus intérêt à enrichir les métiers traditionnels qu'à opérer des ruptures trop fortes qui peuvent entraîner des pertes de compétences dans les métiers que les entreprises maîtrisaient jusqu'ici. Il en va de même pour la donnée.

Avec le retour de la croissance économique, comment palier les difficultés de recrutement dans les métiers industriels ?

À court terme, il est urgent de revaloriser les formations traditionnelles, de les rendre plus attractives et de hisser l'apprentissage au statut de voie de l'excellence de la formation professionnelle. Et c'est ce que nous allons faire dans la plupart des branches industrielles afin de créer des filières professionnelles porteuses d'avenir et d'emplois. Il faut savoir que, dans une écrasante majorité, les apprentis trouvent un emploi à la sortie de leur école.

Avec le numérique, se développe la culture de l'autonomisation des salariés, des hiérarchies plates, de l'entreprise libérée... L'industrie y est-elle prête ?

Le but de l'entreprise, c'est d'être le lieu de l'employabilité. L'entreprise libérée, c'est peut-être un peu tôt. Quant à la révolution culturelle sur la participation des salariés, elle est à l'oeuvre depuis longtemps. En revanche, une nouvelle révolution se profile à l'horizon : l'usine n'est plus le seul endroit du travail. Toutes les entreprises n'y sont pas prêtes.

___

(*) Philippe Darmayan est président d'ArcelorMittal France, président du Groupe des fédérations industrielles (GFI) et président de l'Alliance Industrie du Futur.

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaires 2
à écrit le 01/04/2018 à 23:35
Signaler
Des Enarques, HEC disent que l'apprentissage est la voie royale alors qu'au plus profond d'eux il la méprise royalement...😂😎 A mourir de rire....😃

à écrit le 01/04/2018 à 18:08
Signaler
« L'apprentissage doit devenir la voie de l'excellence de la formation professionnelle » Ph. Darmayan, ArcelorMittal Il peut toujours y envoyer son gosse ,histoire de montrer l'exemple ,mais j'ai comme l’impression qu'il n'a pas fait la même filiè...

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.