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La Réunion, test grandeur nature des énergies renouvelables

Insularité et éloignement obligent, La Réunion est un véritable laboratoire d’exploitation des énergies renouvelables (EnR) qui représentent 36.5 % de l’électricité produite sur l’île. 10 % de cette énergie est même générée par des ressources intermittentes (photovoltaïque et éolien). Tour d’horizon du modèle énergétique réunionnais.
"Le photovoltaïque, si cher aux territoires ensoleillés, est très développé."

L'hydroélectricité, la plus ancienne des énergies renouvelables (EnR), est à l'origine de 17,1 % de la production totale de La Réunion. Six centrales hydrauliques sont en fonctionnement et les barrages de la Rivière de l'Est (67,2 MW) et de Takamaka (43,3 MW) sont les deux plus gros pourvoyeurs d'électricité. Au vu des précipitations exceptionnelles à l'est de l'île, ces barrages sont des sources sûres d'énergie disponible pour compenser les pics inattendus de consommation et le manque de production éventuel des autres EnR.

La centrale énergétique de Bois-Rouge produit jusqu'à 10 % de l'électricité du territoire en brûlant la bagasse, les résidus fibreux de la canne à sucre. En dehors des cinq mois de récolte, la centrale thermique fonctionne au charbon.

Le pari des ressources intermittentes

Le photovoltaïque, si cher aux territoires ensoleillés, est très développé. L'une des plus grandes centrales de France a été installée en 2010, au sud de l'île (6 000 panneaux solaires sur une superficie de 10 000 m²).  EDF, qui a le monopole de la production sur l'île, fournit près de 8.5 % de l'électricité du réseau via ses parcs solaires. Les contraintes géographiques sont importantes, la superficie de 2 512 km² de l'île, le terrain escarpé et les terres agricoles ne facilitant pas l'installation de panneaux photovoltaïques. Le seuil maximal de la part des EnR intermittentes sur le réseau (fixé depuis 2008 à 30 %) devrait même être augmenté en 2016 grâce à un système de stockage testé depuis 2010 à Saint-André.

Parmi les autres énergies testées, le développement de l'éolien reste minime pour des raisons climatiques. Les cyclones et tempêtes tropicales impliquent des installations plus coûteuses (haubans et mâts rabattables pour les éoliennes). En ce qui concerne les éoliennes offshore, la mer souvent agitée ne se prête pas forcément à leur installation.

Autre EnR, la méthanisation des déchets qui produit du biogaz ensuite transformé en électricité. Véolia, à l'usine de Saint-Louis, fournit 2 MW d'électricité par an. Enfin, les démonstrateurs des énergies marines ont pour but de chercher d'autres ressources d'énergies propres. L'exploitation de la puissance des vagues (projets Pelamis et Ceto) ou la climatisation par l'eau de mer profonde sont testées sur l'île.

Vers des énergies 100 % renouvelables en 2030 ?

La Réunion trace donc son chemin vers les objectifs fixés par la loi de transition énergétique pour la croissance verte : la moitié de la production d'électricité issue des EnR en 2020 et une autonomie énergétique en 2030. Néanmoins, les élus locaux restent sceptiques. La Réunion est une zone non interconnectée (ZNI), qui ne peut être reliée à aucun autre réseau en cas de manque d'énergie. Sa population est grandissante, de 840 000 habitants aujourd'hui, elle devrait atteindre le million en 2040. Le chemin sera donc long avant d'atteindre l'autonomie énergétique. Actuellement, 63,5 % de sa production d'électricité reste liée aux énergies fossiles. Majoritairement du charbon (40,1 %) d'Afrique du Sud, ainsi que du fioul, de l'essence et du gaz de pays plus lointains. Le mix énergétique reste, pour l'instant, la solution la plus aboutie.

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