Serge Villepelet : "PricewaterhouseCoopers France vise un maintien du chiffre d'affaires en 2010"

Dans une interview à La Tribune, le président de PricewaterhouseCoopers France, Serge Villepelet, dévoile les ambitions de la firme pour 2010. Il estime souhaitable de revenir sur le principe de la comptabilisation à la juste valeur ("fair value").

La Tribune : vous avez clôturé vos comptes le 30 juin 2009. La crise a-t-elle impacté vos activités?
Serge Villepelet : notre chiffre d'affaires a baissé de 2%, 628 millions d'euros contre 641 millions pour notre exercice 2008. Notre activité d'audit s'est maintenue, avec un chiffre d'affaires de 264 millions d'euros. Celle de l'expertise comptable est en légère croissance (83 millions contre 80 millions en 2008). Le juridique et fiscal diminue (118 millions contre 128 millions). De même, le conseil a connu une baisse importante, passant de 171 millions d'euros en 2008 à 163 millions d'euros en 2009. La principale raison est due à une forte diminution de nos activités liées aux transactions. Elles sont en baisse de 17% alors que le consulting a progressé de 7%.

Estimez-vous cette baisse de 2% comme un mauvais résultat?
Nous avions plutôt anticipé le maintien de notre activité. Mais dans le contexte actuel, cette baisse de 2% nous semble tout à fait raisonnable. Elle ne remet pas en question notre projet stratégique "Cap 800" qui prévoit d'atteindre, dans les prochaines années, 800 millions d'euros de chiffre d'affaires annuel. Notre firme reste orientée vers cet objectif et nous devons pour cela nous développer sur tous les segments du marché (grands comptes, entreprises de taille intermédiaire, entreprises de petite taille).

Comptez-vous renforcer vos implantations en France?
Nous avons déjà vingt-cinq bureaux en région qui réalisent 30% de notre chiffre d'affaires. Au-delà des actions engagées pour dynamiser notre croissance interne, PwC France continue à regarder des dossiers de rapprochement. Un rapprochement réussi repose sur une vision commune et des objectifs de qualité concordants. Sur ce modèle, un rapprochement vient d'être finalisé avec le cabinet strasbourgeois Yves Bourdin.

Avez-vous stoppé votre politique de recrutement?
Non. PwC France reste un gros employeur de jeunes. Nous recrutons cette année 400 jeunes diplômés contre 500 l'an passé. Nous souhaitons conserver et investir sur nos équipes qui représentent notre principal actif. Une quinzaine d'associés, hommes et femmes, a été nommée en 2009. Notre volonté est d'être prêt pour la reprise et aussi de renforcer la mixité de nos équipes et des comités exécutifs. Par ailleurs, notre politique de ressources humaines a consisté à avoir une répartition équitable de l'impact de la crise. En matière de rémunérations par exemple, les associés ont ainsi été plus impactés proportionnellement que les collaborateurs.


Quels sont vos objectifs pour 2010?
Nous visons un maintien du chiffre d'affaires. Depuis deux mois, un léger frémissement se fait ainsi sentir dans le domaine des transactions. Tout en restant prudent, je suis raisonnablement optimiste. En interne, nous avons réduit nos coûts : principaux loyers renégociés, effort important sur le nombre de réunions et les frais de déplacement à caractère interne. Notre priorité est de nous adapter constamment aux attentes de nos clients. A cette fin, notre projet "Cap Solutions" leur propose des solutions multicompétences adaptées au contexte actuel. Nos axes de développement pour 2010 vont aussi porter sur la restructuration des entreprises, le développement durable et l'environnement, le secteur public. Sans oublier que PwC France est désormais implanté à Monaco et au Maghreb (Maroc et Algérie), des zones géographiques en plein développement.

Au début de la crise, le choix de la comptabilisation à la juste valeur ("fair value") a été critiquée. Faut-il revenir sur ce choix?
Oui. Il est nécessaire de revenir sur le principe de comptabilisation à la juste valeur. Une bonne application de la "fair value" suppose la prise en compte de l'intention de l'entreprise et de son business model. Lorsque l'objectif est purement spéculatif, il est normal d'appliquer strictement cette règle de comptabilisation. En revanche, pour un investissement à moyen ou long terme, une application adaptée et intelligente est indispensable.

Comment les entreprises pourraient mieux se prémunir en période de crise?
J'ai un avis personnel sur la comptabilisation des provisions. Pour se prémunir des aléas futurs probables dont la date de survenance est indéterminée, une entreprise devrait avoir la possibilité de comptabiliser des provisions lorsque ses résultats le permettent. Cela irait dans le sens d'une gestion de bon père de famille. Par exemple, dans les années 80, de grands groupes ont comptabilisé des provisions pour "risques pays". Ces provisions permettaient de couvrir une partie de leurs actifs dans des pays à risques forts. Les normes comptables IFRS interdisent aujourd'hui de le faire. Or, il me paraît souhaitable de revenir à un peu plus de raison.

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Commentaire 1
à écrit le 20/12/2009 à 3:28
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Quel honte de voir les propos de la direction de PWC France ... Dans la branche conseil ils ont viré 50 personnes sur 200 ... sans parler de tout ceux qui sont au placard pour les pousser à partir. Les associés disent avoir subi plus que le staff la ...

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