Virginie Hils, lanceuse du "Made in chez moi"

Face à la raréfaction des commerces de proximité dans certaines communes, la startup Comptoir de campagne propose d'implanter des surfaces de commerce et de service polyvalentes : vente de produits locaux, petite restauration, pressing, relais La Poste, banques...
César Armand
Virginie Hils.
Virginie Hils. (Crédits : DR)

Il se dit souvent que tout se joue sur les bancs de l'école. Pour Virginie Hils, sa prise de conscience s'est faite sur ceux de l'EM Lyon en executive MBA en 2014. Lors d'une séance de créativité organisée par Waoup, elle pioche le thème « Un village sur deux n'a plus de commerces et se transforme en cité-dortoir ». « Après avoir travaillé dans l'industrie agroalimentaire et la grande distribution pour des grandes marques, je me suis posé la question du sens, raconte-t-elle aujourd'hui. Alors que je réfléchissais à ma place dans la société, ce sujet a parlé à mon envie de fonctionner différemment. »

Avec une petite équipe de personnes également intéressées par le sujet, elle se lance dans un tour des zones rurales alentour pour « voir s'il y a une demande ». Elle se rend à Peyrins (Drôme), puis à Saint-Paul-les-Romans, rencontre les maires, les commerçants, qui ont subi l'exode rural dans les années 1970, avant la concurrence des grands centres commerciaux périurbains. Elle-même venant de groupes internationaux, elle mesure la difficulté de ces artisans : « En étant ouvert de 7 heures à 19 heures, il est difficile de lutter contre les grandes enseignes et leurs outils marketing si efficaces... »

Virginie Hils a trouvé son idée : proposer des surfaces de vente de 100 mètres carrés environ, qui concentrent produits locaux en circuit court, petite restauration, services de proximité (pressing, cordonnerie, repassage) - et bureaux de partenaires publics - relais La Poste, vente-achat de billets SNCF - et de banques. « Ça peut aussi être un service médical ou un lieu pour accueillir les événements », détaille-t-elle. On est en 2014, la startup Comptoir de campagne voit le jour.

Virginie se souvient du premier feu vert accordé par un élu local. « Patrice Couchaud, le maire de Champdieu, dont le bureau de Poste se transformait, m'a dit : "Banco ! C'est le projet qui nous faut." Et c'est ainsi qu'on a commencé par un contrat tripartite avec La Poste. » Depuis, elle a levé des fonds auprès d'organismes d'investissements spécialisés dans les entreprises à impact (Aviva et CDII), sur la plateforme de crowdequity Lita.co, ainsi que via la Caisse d'Épargne Rhône-Alpes et La Poste.

Ses ambitions sont certes économiques (« recréer des emplois »), et sociétales (« renforcer le lien social et revitaliser ces territoires »), mais surtout humaines. « Je veux créer un nouveau modèle de commerces plus respectueux de la chaîne de valeur, assure Virginie Hils, avec un partage plus équitable. Les gens ont envie de plus de proximité, de consommer différemment. Ils privilégient de plus en plus, s'ils ont le choix, le "made in chez moi" par rapport au made in China ». À l'avenir, sur un même territoire, cinq à six commerces plus une e-boutique se partageront le même portefeuille de fournisseurs. « On peut s'appuyer sur les outils numériques : l'e-commerce, le webmarketing... qui se démocratisent et servent désormais des problématiques de territoire. Le digital au service du local. L'e-commerce, ce n'est plus uniquement Amazon et les échanges internationaux », insiste-t-elle. Autre idée déjà dans les tuyaux : créer un réseau de franchises Comptoir de campagne pour aider et accompagner des commerçants indépendants. « Tout le monde nous envoie des ondes positives et c'est pour ça qu'on se lève tous les matins », résume Virginie Hils, sourire aux lèvres.

César Armand

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Commentaires 4
à écrit le 16/10/2018 à 19:44
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Comme spécialiste de la promotion des ventes de produits très divers, j'ai travaillé pour les agrumes, OUTSPAN et JAFFA, la bière VEGA 2.000, dans les assurances de groupes les AGF, pour des produits electriques, les linolites ARIC, las bagages FAVO...

à écrit le 16/10/2018 à 9:57
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Projet intéressant et à contre courant de la tendance majoritaire de concentration des activités dans les métropoles. Ce qui me fait me demander si le mode de consommation de services et de produits est réellement le cœur du problème, ou si c'est com...

à écrit le 16/10/2018 à 8:39
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C'est une très bonne idée mais attention à ne pas perdre le fil du local et du lien social indispensable qui y vit, par ailleurs promouvoir la production locale doit être le pivot d'un tel business pour être vraiment dans l'air du temps, à savoir con...

le 16/10/2018 à 10:12
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@ multipseudos: (baillement) Signalé.

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