Été 2022 : le tourisme français reprend des couleurs malgré l'inflation et les incendies

Alors que la saison estivale touche à sa fin, le secteur touristique français a retrouvé des couleurs cet été après deux années marquées par la pandémie. Campings, hôtels, locations meublées... font état d'une bonne saison malgré les incendies et l'inflation, avec un succès non démenti pour les destinations du littoral.
La grande plage de Biarritz
La grande plage de Biarritz (Crédits : Reuters)

Conformément aux prévisions, la saison estivale a été bonne pour le secteur touristique français, voire « excellente » aux yeux d'Olivia Grégoire, la ministre du tourisme. Malgré l'inflation qui pèse sur les budgets des ménages, les incendies dans certaines zones touristiques, et la pénurie de main d'œuvre pour accueillir correctement les vacanciers, les hôteliers, campings, locations de vacances... ont fait le plein. Après deux années de pandémie marquées par un grand nombre de restrictions, les Français qui le peuvent sont majoritairement partis en vacances en France, tandis que la clientèle étrangère a repris le chemin de l'Hexagone. Résultat. La fréquentation retrouve ses niveaux pré-pandémie. « On est à peu près à l'identique de 2019 » a indiqué à l'AFP Didier Arino, directeur général du cabinet Protourisme, en estimant que le nombre de nuitées en hôtellerie a augmenté de 2% par rapport à avant la pandémie.

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Par rapport à l'année dernière cette fois, le taux d'occupation des hôtels a bondi de 14 points, à 72,7%, selon MKG Consulting. La tendance est la même pour les campings. Au point que la fédération nationale de l'hôtellerie de plein air (FNHPA) table sur 130 millions de nuitées sur l'ensemble de l'année 2022, soit un million de plus qu'en 2019.

Envol des prix

Globalement, le chiffre d'affaires de l'ensemble du secteur a augmenté de 14% selon Promotourismes. Une progression qui s'explique non seulement par l'augmentation de la fréquentation, mais aussi par celle du budget vacances des touristes du fait de la hausse des prix et d'un léger allongement de la durée moyenne des séjours. C'est en tous cas le constat d'Interhome, le spécialiste des locations de logements meublés : le panier moyen de la clientèle française a augmenté de 7,3%, à 1.352 et la durée moyenne des séjours est passée de 8,2 nuits à 8,5 nuits.

Du côté des hôteliers, le « RevPAR » (Revenue Per Available Room, soit la recette moyenne par chambre disponible), l'un des principaux critères de rentabilité, a bondi de 22%, à 88 euros par rapport à l'été 2019.

« La demande reste suffisamment forte par rapport à l'offre et permet aux hébergeurs de pratiquer des prix élevés », souligne Emmanuelle Tulliez, responsable de contenu d'Hospitality On.

Selon elle, cet envol des prix s'explique par « l'inflation du coût de la main-d'œuvre, de l'énergie et des matières premières et les marges du secteur (qui) sont finalement assez faibles ». Cette hausse du coût de la main-d'œuvre provient, selon Laurent Duc, président UMIH Hôtellerie Française, des revalorisations salariales qu'ont connues les professionnels du secteur (hausse des salaires de 10% à 25% pour les cadres) pour tenter d'endiguer la pénurie de personnel.

Les littoraux, destination très prisée cet été

Parmi les régions, Paris a accueilli 9,9 millions de touristes entre juin et août selon l'office du tourisme et des congrès de Paris. Les hôtels parisiens ont ainsi connu un mois de juillet marqué par un taux d'occupation supérieur de 0,3 point à celui d'avant-crise. Une situation qui contraste avec celle des hôtels franciliens, dont le coefficient d'occupation a baissé de 3,5 points par rapport à 2019, selon MKG. Bien que l'ensemble de l'été en région parisienne soit moins bon que l'été 2019, les touristes reviennent et la capitale reprend des couleurs, grâce au retour de la clientèle étrangère. Dans le reste de la France, les littoraux sont toujours les destinations les plus prisées. En juillet, les hôtels des stations balnéaires ont vu leur taux d'occupation revenir à leur niveau de 2019, avec une légère progression de + 0,1 point. Interhome a, quant à lui, noté que les réservations de la clientèle française sur la Côte d'Azur représentaient 15% des séjours, la deuxième destination la plus prisée étant le Languedoc-Roussillon (12%).

En août, en revanche, les destinations non balnéaires ont été plébiscitées. Une tendance qui pourrait se confirmer avec le réchauffement climatique. « Les Français ont retrouvé la France en 2020 » explique Laurent Duc, Président de l'UMIH Hôtellerie. Le Jura et l'Auvergne sont de plus en plus visités, notamment grâce aux lacs qui s'y trouvent, et la proximité de la Somme par rapport à la capitale en fait une destination privilégiée.

« Cela a été plus compliqué pour la montagne et certaines destinations rurales comme la Dordogne », a cependant indiqué Didier Arino. Les régions redécouvertes par les Français après les différents confinements n'ont pas retrouvé la « même dynamique », confirme Nicolas Dayot, président de la fédération nationale de l'hôtellerie de plein air (FNHPA), « on sent que cet été ces touristes sont repartis à l'étranger ».

Une reprise du tourisme international

Après la pandémie du Covid-19, l'élément majeur de cet été était sans conteste le retour des touristes internationaux. En effet, malgré l'inflation et les hausse des tarifs des logements de vacances, ces derniers n'ont pas hésité à venir découvrir la France. Belges, Hollandais et Allemands sont revenus mais ce sont surtout les Britanniques et les Nord-Américains qui participent à ce regain touristique, ces derniers profitant de la force du dollar face à l'euro. En revanche, Russes et Chinois étaient absents en raison du contexte géopolitique international. A Paris uniquement, les touristes internationaux remplissaient 50% des capacités de réservation de l'hôtellerie selon Laurent Duc. En ce qui concerne les logements meublés, la clientèle étrangère est venue, selon Interhome, essentiellement d'Allemagne (près d'une réservation sur 2), de Belgique, de Suisse, des Pays-Bas ou encore du Royaume-Uni. Ces touristes internationaux ont alors privilégié la Côte d'Azur (27% des réservations) et la Bretagne (20%).

Une arrière-saison qui s'annonce fructueuse

La saison touristique ne devrait pas fléchir à la fin de l'été. Déjà, l'hôtellerie française enregistre un nombre de réservations supérieur à celui de 2021 pour l'arrière-saison.  A la mi-août, le taux de réservations pour septembre 2022 se rapprochait déjà de 40% contre 25% l'année dernière. Néanmoins, ce taux n'a pas retrouvé son niveau de 2019 : les arrivées internationales par avion devraient être inférieures de 19,1%. Globalement, le secteur du tourisme est bien reparti, mais il faudra le confirmer en 2023.

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La fréquentation des hôtels espagnols retrouve ses niveaux pré-pandémie

En Espagne, les touristes reviennent depuis le début de l'année. Sur les cinq premiers mois de 2022, le nombre de visiteurs s'élevait déjà à 22,7 millions selon le ministère espagnol du Tourisme. Cet été, les réservations hôtelières sont elles aussi en pleine croissance par rapport à celles de 2019. Selon l'Institut national de la statistique (INE), le mois de juillet en a comptabilisé 42,3 millions, soit 60% de plus qu'en juillet 2021. Cependant, elles sont moins nombreuses qu'avant la pandémie avec une baisse de 1,85% seulement, preuve d'un certain retour à la normale. La péninsule ibérique connaît donc un véritable regain touristique et les Britanniques et Allemands en sont les premiers acteurs en représentant à eux seuls 43,7% de la totalité des touristes étrangers. Finalement, les aéroports espagnols, véritables piliers de l'économie, ont accueilli 27 millions de voyageurs en juillet 2022 (92% du total des voyageurs sur la même période en 2019), preuve que l'économie espagnole se reconstruit.

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Commentaires 3
à écrit le 29/08/2022 à 11:49
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Nous ne sommes pas aisés. Nous n'avons ni 4x4, ni téléphone coûteux, ni montres chères, ni piercing, ni tatouage, ni vêtements de marque, ni … Notre plaisir ? Économiser et nous offrir quelques fois un vrai voyage : vol en siège premium avec une comp...

à écrit le 28/08/2022 à 11:48
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Maintenant qu'ils sont repartis, nous allons devoir ramasser leurs déchets qui souillent notre belle campagne...

à écrit le 28/08/2022 à 9:59
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Grosse saison! On est tranquille pour passer l'hiver au chaud. Fin septembre en vacances jusqu'en mai...

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