Le lancement d'une nouvelle compagnie au sein du groupe Air France présentant des coûts réduits de 18% par rapport à la maison-mère, est toujours compromis. Ouvert à signature jusqu'au 1er juin, le projet d'accord sur les conditions de création de cette compagnie (projet Boost) et les conditions de travail et de rémunération des pilotes d'Air France, fait grincer le bureau du SNPL Air France.
Hostilité au projet
Alors que l'on aurait pu croire que les concessions de la direction sur plusieurs revendications du SNPL allaient permettre de débloquer enfin la situation, Il n'en est rien. Le bureau du SNPL refuse aujourd'hui le texte.
L'hostilité du bureau du SNPL Air France au projet est sans équivoque. Elle est écrite noir sur blanc dans un tract récemment distribué à tous les pilotes.
«Malgré, de part et d'autre, des avancées importantes qui nous font penser qu'un accord est possible voire proche, nous ne sommes pas en mesure de le faire aujourd'hui (...). « À la lecture du texte, il apparaît rapidement que cette ouverture à signature est prématurée. Nous constatons de nombreuses nouveautés apparues après notre dernière rencontre avec la direction et des rédactions d'articles malheureuses qui empêchent d'envisager sereinement sa signature ».
L'absence de hausse de rémunération est également mis en avant par le bureau du SNPL.
«Le fait d'occulter complètement cet aspect de la problématique empêche de se projeter plus avant dans cet accord », explique en effet le syndicat des pilotes.
La direction a en effet refusé cette revendication de hausse de rémunération qui était arrivée en cours de route dans la négociation. Un sur-intéressement est en revanche proposé pour l'an prochain en cas de succès de Boost. Mais il est loin de répondre aux attentes du SNPL.
Equilibre d'activité avec KLM
Le projet de rééquilibrage de l'activité entre Air France et KLM proposé par la direction constitue lui aussi un irritant pour le SNPL qui considère qu'il « n'est pas finalisé ». La direction a proposé de faire remonter l'activité d'Air France et de la nouvelle compagnie à 61% de celle d'Air France-KLM (en heures de vol) d'ici à 2025/2026 et à 61,8% en sièges kilomètres offerts), contre 58,6% et 58,7% respectivement en 2017/2018. La direction apporte une garantie du nombre d'avions passagers long-courriers à Air France par rapport à KLM (entre l'exercice 2017/2018 et 2021/2022). Si, par exemple, la flotte long-courrier de KLM est de 73 avions, celle d'Air France et de la nouvelle compagnie devra être de 120 appareils.
Le DG prend la plume
Par ailleurs, alors que le SNPL estimait que l'annulation par la direction du solde de Transform (les mesures que n'avaient pas réalisé les pilotes dans le plan d'économies 2012-2014) n'était pas aussi claire dans l'accord, Franck Terner, le directeur général d'Air France a envoyé un courrier à Philippe Evain et à Grégoire Aplincourt, respectivement président du SNPL Air France et du SPAF, l'autre syndicat représentatif, pour confirmer que le solde de Transform était bel et bien enterré.
Dans ce courrier que La Tribune s'est procuré, Franck Terner indique aux deux syndicalistes qu'il voulait croire « qu'ils étaient conscients de l'enjeu de cet accord qui peut tourner par le haut la page d'une trop longue période de dialogue social difficile et permettre à Air France de retrouver une vraie dynamique de croissance ».
La direction refuse de reprendre les négociations
Alors que le SNPL souhaite reprendre les négociations pour arracher les derniers éléments qu'il demande, Franck Terner, qui avait déjà dit qu'il n'y aurait pas de troisième round, a refusé cette éventualité.
« Nous ne pouvons en aucun cas aller plus loin. Reprendre la négociation ne mènerait à rien de plus et nous ferait perdre un temps précieux qu'utiliseront nos concurrents pour prendre des positions agressives », a-t-il dit.
Dans un autre courrier envoyé à tous les pilotes cette fois, il a rappelé l'enjeu du prochain conseil du SNPL.
« Mercredi 17 mai, le conseil de l'organisation syndicale majoritaire, le SNPL, va décider du sort de ce projet d'accord : le rejeter en appelant à sa renégociation, ou bien l'accepter, ou bien demander à ses adhérents de se prononcer eux-mêmes. Ce sera un choix décisif, lourd de conséquences, car après de longs mois de négociation, où chacun a fait tous les pas possibles vers l'autre, nous sommes arrivés à un compromis ».
Les pilotes pourront-ils donner leur avis?
Alors que les adhérents du SNPL ont toujours été consultés sur des décisions stratégiques pour l'entreprise, certains pilotes parient sur l'absence de référendum. Histoire d'éviter que le bureau du SNPL Air France ne soit une nouvelle fois désavoué par les pilotes comme ce fut le cas en février lors du vote des pilotes en faveur du projet de créer une nouvelle compagnie, contrairement à l'avis du bureau.Certains observateurs estiment que si le SNPL ne lançait pas de référendum, la direction pourrait tenter de le faire.
Contacté, le bureau du SNPL Air France n'était pas en mesure de nous répondre. La direction ne fait pas de commentaire.
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