Etihad Airways : quelle stratégie avec la fin de l'ère Hogan (PDG) ?

Artisan de la stratégie peu payante de prises de participations dans une kyrielle de compagnies, James Hogan quitte la compagnie d'Abu Dhabi. Une vaste revue stratégique va être menée par le conseil d'administration.
Fabrice Gliszczynski
James Hogan

L'ère Hogan se termine pour Etihad. Le groupe aérien d'Abu Dhabi a annoncé ce mardi le départ au deuxième semestre de son directeur général, qui depuis son arrivée il y a 10 ans a développé la compagnie à marche forcée à coup de commandes d'avions astronomiques qui a fait passer la flotte de la compagnie de 22 à 120 avions, mais en multipliant aussi, à partir de 2012, les prises de participations capitalistiques dans un grand nombre de compagnies aériennes à travers le monde, pour la plupart en difficulté, comme l'avait fait dix ans plus tôt la défunte Swissair.

Lire ici Etihad, la "Swissair des temps modernes"

Le tableau de chasse est impressionnant : Aer Lingus (les 2,9% ont été vendus à IAG en 2015 lors de la prise de contrôle de la compagnie irlandaise par le groupe de British Airways), Virgin Australia, Air Seychelles, JAT en Serbie qui fut rebaptisé Air Serbia, Jet Airways en Inde, Darwin en Suisse (rebaptisé Etihad Regional), Air Berlin et Alitalia. Comme le disait James Hogan, la valeur de ces acquisitions équivalait au prix d'achat de quelques avions seulement. Cette stratégie devait permettre à la compagnie de croître plus rapidement. Avec cette galaxie de compagnies, Etihad cherchait à drainer du trafic vers Abu Dhabi, bien que l'organisation de ce réseau de transporteurs était peu lisible. Par ailleurs, partie bien après Emirates et Qatar Airways, Etihad a souffert et souffre de la concurrence de ses deux voisines du Golfe.

L'autre caractéristique de l'ère Hogan se situe dans la qualité du produit à bord. Doté d'un service très haut de gamme comme toutes les compagnies du Golfe, Etihad a marqué les esprits par des innovations très médiatisées comme la mise en place d'un mini-appartement dans les A380, d'un bar dans la cabine beaucoup plus grand que celui d'Emirates ou encore des uniformes des équipages dignes d'une collection de haute couture.

Lire ici : des mini appartements dans ses A380 : prix, 25.000 dollars

"Revue stratégique"

Si le départ de James Hogan était prévu depuis de longs mois selon une porte-parole du groupe, voire plusieurs années selon d'autres sources, l'amoncellement des nuages sur le groupe n'a pas poussé l'émirat-actionnaire à tenter de le conserver dans ses fonctions. Au contraire, l'échec du redressement d'Air Berlin et d'Alitalia en a agacé plus d'un au sein du conseil, et pousse aujourd'hui ce dernier à procéder à « une vaste revue stratégique », selon son président, Mohamed Mubarak Fadhel al-Mazrouei. D'après lui, cette revue pourra impliquer des ajustements sur ses prises de participations dans d'autres compagnies aériennes.

"Nous devons être sûrs que la compagnie a la bonne taille et la bonne forme. Nous devons continuer à améliorer l'efficacité des coûts, la productivité et le chiffre d"affaires. Nous devons progresser et ajuster nos participations, même si nous conservons cette stratégie", a-t-il dit.

"La stratégie, c'est régler les cas Air Berlin et Alitalia. Après, ce qui a été mis en place a eu des bons côtés sur le développement du trafic vers Abu Dhabi", explique un bon connaisseur de l'entreprise. Certes, mais trouver une solution à Air Berlin et Alitalia s'annonce une fois très sportif.

Accord avec Lufthansa

L'accord signé en fin d'année avec Lufthansa semble marquer le point de départ d'une nouvelle stratégie. Celle de s'allier, non plus avec des canards boiteux, mais avec des poids lourds du secteur ou avec des compagnies en bonne santé. La compagnie du Golfe n'a pas pour autant cessé ses investissements. Elle vient de recapitaliser Virgin Australia et va mettre un chèque pour reprendre 49% de la compagnie autrichienne Niki.

Un nouveau directeur général et un nouveau directeur financier (l'actuel, l'Australien James Rogney quitte lui aussi la compagnie) sont recherchés. Certains observateurs s'attendent à de nouveaux départs dans le cercle de James Hogan. A son arrivée en provenance de Gulf Air, ce dernier avait fait venir avec lui un grand nombre de dirigeants, pour la plupart Australiens comme lui, qu'il avait déjà fait venir chez Gulf Air. Certains parient sur la nomination d'une personnalité émiratie. James Hogan va quant à lui rejoindre un fonds d'investissement qui travaille avec l'émirat d'Abou Dhabi.

Fabrice Gliszczynski

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