Lufthansa lorgne TAP Air Portugal pour sauver les meubles en Amérique latine

La compagnie aérienne allemande a entamé des négociations pour racheter 45% du capital de sa concurrente TAP Air Portugal à son principal actionnaire privé, affirme lundi le quotidien économique portugais Jornal de Negocios. Lufthansa se serait allié avec United Airlines.
Fabrice Gliszczynski
(Crédits : DR)

David Neeleman semble bien décidé à vendre sa participation de 45% dans TAP Air Portugal selon « Jornal de Negocios ». Alors que l'homme d'affaires américano-brésilien avait démenti en novembre vouloir vendre ses parts dans la compagnie portugaise comme l'affirmait le quotidien économique, qui précisait que des pourparlers étaient menés avec Lufthansa, United, Air France-KLM et IAG, « Jornal de Negocios » en remet une couche et assure que Lufthansa "a débuté des négociations avec David Neeleman » sur ce sujet. La compagnie allemande s'est alliée pour l'occasion à la compagnie américaine United Airlines, ajoute même le journal.
Interrogé par l'AFP, un porte-parole de Lufthansa a refusé de commenter "des spéculations de médias". TAP s'est également refusé à tout commentaire.

L'Etat portugais détient 50% du capital

TAP est détenue à 50% par l'Etat portugais, 5% par les salariés et à 45% par Atlantic Gateway, consortium privé formé par David Neeleman et son associé portugais Humberto Pedrosa. David Neeleman -qui était l'un des trois propriétaires de la défunte Aigle Azur- et le gouvernement socialiste portugais ont des divergences sur le dossier TAP, en perte l'an dernier (-118 millions d'euros). Le gouvernement s'est notamment opposé au projet de l'homme d'affaires d'introduire la compagnie en Bourse et a manifesté son inquiétude sur la stratégie de la compagnie dont la politique d'investissement tarde à produire des résultats positifs.

L'enjeu : l'Amérique latine

L'enjeu de TAP est clair : mettre la main sur le réseau de TAP entre le Portugal et l'Amérique latine, largement dominé dans le réseau de la compagnie portugaise par des lignes vers le Brésil. A ce titre, les discussions avec Lufthansa, partenaire de TAP dans l'alliance Star Alliance, sont logiques. L'enjeu est plus important pour le groupe allemand que pour ses rivaux, Air France-KLM et IAG. En effet, s'il devait perdre son allié portugais, Lufthansa deviendrait complètement absent du marché entre l'Europe et l'Amérique latine. En effet, en septembre, Delta, le partenaire d'Air France-KLM, est entré dans le groupe sud-américain Latam, et IAG est, de son côté, en passe d'acheter la compagnie espagnole Air Europa.

L'opération pourrait être également intéressante pour Air France-KLM. Mais deux éléments pourraient y faire obstacle. Le groupe français compte en effet déjà l'Etat hollandais et néerlandais à son capital et la présence de l'Etat portugais semble donc difficilement compatible. Déjà compliquées avec deux Etats, les relations ne risqueraient pas de s'améliorer avec un troisième. Par ailleurs, l'hypothèse d'un investissement d'Air France-KLM risquerait d'être surveillée de très près par les autorités de la concurrence, en particulier sur son impact en termes d'alliance. Après l'investissement de Delta dans Latam, une entrée d'Air France-KLM dans le capital de TAP apporterait des parts de marché significatives à Skyteam sur certaines lignes.

Fabrice Gliszczynski

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