Pays de la Loire : SNCF Voyageurs se met en ordre de marche pour affronter la concurrence

Après trois longues années de négociation, la région des Pays de la Loire et SNCF Voyageurs, exploitant des lignes TER viennent de signer une nouvelle convention d’une durée de dix ans. Un document qui intègre les nouvelles conditions imputables à l’ouverture à la concurrence du réseau régional.
Roch Brancour, vice-président de la région en charge des infrastructures, transports et mobilités durable, Christelle Morancais, présidente de la région des Pays de la Loire, Christophe Fanichet, Pdg, SNCF Voyageurs et Olivier Juban, directeur régional Pays de la Loire SNCF Voyageurs lors de la signature de la convention  d'exploitation des Trains Express Régionaux.
Roch Brancour, vice-président de la région en charge des infrastructures, transports et mobilités durable, Christelle Morancais, présidente de la région des Pays de la Loire, Christophe Fanichet, Pdg, SNCF Voyageurs et Olivier Juban, directeur régional Pays de la Loire SNCF Voyageurs lors de la signature de la convention d'exploitation des Trains Express Régionaux. (Crédits : Frédéric Thual)

Habituellement soumise à une clause de revoyure, en général tous les trois ans, la toute nouvelle convention d'exploitation des Trains Express Régionaux (TER), signée entre la région des Pays de la Loire et SNCF Voyageurs, le 13 juin dernier à Nantes, porte cette fois sur une durée de dix ans (2022-2031). Dix ans, c'est à peu prêt le temps escompté par la région pour déployer l'ouverture à la concurrence sur l'ensemble de son réseau de TER, où circulent quotidiennement 550 trains et 50.000 voyageurs.

Aux termes de nombreux « rounds de négociations », cette convention, en chantier depuis 2020, « inédite par sa durée sans renégociation » caractérise les nouvelles et futures relations entre la SNCF Voyageurs et la collectivité. En 120 pages, elle détaille, les missions et obligations de l'une et l'autre des parties, et surtout le décommissionnement, autrement dit la réduction potentielle du périmètre de l'actuel opérateur, au gré de l'ouverture à la concurrence du réseau ferroviaire, découpé en quatre lots. Lancée l'automne dernier, la procédure d'attribution du premier lot (train-tram et sud-Loire) est en cours, pour une désignation du candidat en juillet 2023 et une mise en service en début d'année 2025. Dès lors et jusqu'en 2031, les autres lots, représentant 70% de l'offre, seront soumis à appels d'offres et sortiront progressivement du périmètre actuel.

Des discussions d'entrepreneurs

Pour la région qui entend offrir « plus de trains et de meilleurs trains », ladite convention fixe un cap dont l'une des ambitions est d'accroître le nombre de trains de +67% à l'horizon 2031. C'est-à-dire passer de 567 TER aujourd'hui à 900 TER.

La région « va dans le sens d'une relation plus équilibrée avec SNCF Voyageurs » et lui offre « un exercice grandeur nature... », estime Roch Brancour, vice-président de la région, en charge des infrastructures, des transports et des mobilités durables.

«Vous pouvez compter sur nous. Nous sommes prêts pour relever ces défis. En 2021, déjà, le réseau s'est enrichi de +5% et va progressivement croître de 7% et 12% jusqu'en 2024 », complète Christophe Fanichet, président directeur général de SNCF Voyageurs, soulignant que la période complexe de la crise sanitaire avait été l'occasion d'améliorer le dialogue avec la région.

«On est désormais plus dans le principe de rétablir la confiance. Une autre façon de parler s'est installée. Avant, c'était deux administrations qui se parlaient, aujourd'hui, nous avons des discussions d'entrepreneurs et de clients. Et, je ne manage pas la direction régionale comme on le faisait avant», assure de son côté Olivier Juban, venu de l'univers du Fret pour diriger la direction régionale SNCF Voyageurs en 2019.

« La période Covid a montré que l'on pouvait mettre en œuvre une véritable relation partenariale. La régularité des trains s'est améliorée de quatre points et 95% partent et arrivent à l'heure. Les dernières grèves de cheminots ne sont pas imputables à l'entreprise mais à la réforme des retraites », justifie-t-il, face au risque de se faire déloger par la mise en concurrence. « C'est un risque, mais c'est la loi. Et les régions qui ne l'ont pas encore fait doivent recontractualiser à la hâte avant la date butoir du 25 décembre 2023 », observe-t-il.

gare de Clisson (44) TER

Une renégociation des risques

La région Pays de la Loire est la « première région française à avoir retrouvé, post-pandémie, ses niveaux nominaux de fréquentation dès l'été 2021 et la première région française à avoir dépassé ses niveaux de fréquentation prépandémie dès l'automne 2021 », selon Christophe Fanichet. L'augmentation prévisionnelle de l'offre de transport (+11% en 2023) aurait permis à SNCF Voyageurs d'abaisser ses coûts au kilomètre parcouru de -10% et à la région de réduire les coûts d'un service ferroviaire facturé 240 millions d'euros par an, dont 60 à 70 millions d'euros sont couverts par la vente de billets, le reste financé par la collectivité.

« On a gagné une quinzaine de millions d'euros », précise Olivier Juban, engagé dans un vaste plan de réorganisation, de réduction des dysfonctionnements et d'amélioration de la qualité de services. « L'objectif est de faire des économies sur les kilomètres circulés et de les réinvestir dans l'offre», rappelle Roch Brancour, pour qui « c'est du gagnant-gagnant.»

Sur le papier, la région, qui estime que SNCF Voyageurs en « a encore de la marge de manœuvre », a obtenu la mise en œuvre d'un mécanisme financier plus protecteur, de sorte que si SNCF Voyageurs n'atteint pas les objectifs fixés par le plan de transport établi, elle devra s'acquitter d'une contrepartie financière non plafonnée (fixée jusqu'ici à 1,7 million d'euros) auprès de la région. Celle-ci a aussi obtenu une répartition plus équitable du risque commercial. Que les recettes soient inférieures ou supérieures au montant fixé, l'écart est partagé à 50/50 entre les deux parties, alors que précédemment, l'excédent de recettes était intégralement conservé par SNCF Voyageurs. En outre, les usagers profitent d'une garantie des horaires d'ouverture des guichets et de conditions d'indemnisation des titres de transport plus favorables. Jusque-là réservée aux abonnés annuels, l'indemnisation en cas de non-circulation d'un train sera applicable aux voyageurs occasionnels, sur demande et présentation d'un justificatif de transport.

Une équipe de choc pour préparer l'appel d'offres

Appelée à davantage de productivité, SNCF Voyageurs a donc passé au crible tous ses process industriels dans le cadre d'un plan baptisé « H00 ». L'objectif de ce plan est de « produire plus de trains à ressources constantes ».

« Il n'y a pas que le prix dans cette convention, mais aussi la mise en œuvre de nouveaux services, la mise en relation avec le réseau régional de cars Aleop, des opérations liés à la maintenance des engins et des équipements de maintenance, etc.. pour améliorer le fonctionnement du réseau», plaide Olivier Juban.

A l'instar des TGV, dont la fermeture des portes est programmée deux minutes avant le départ, celles des TER fermeront dorénavant une minute avant le départ. « Parce que dans le rail, dix secondes c'est crucial et ces évènements peuvent avoir des répercussions en cascades. » Pour le confort des voyageurs, les conducteurs ont été formés ou le seront à la prise de parole dans les rames. « Qu'un train soit en retard, cela peut arriver, mais le voyageur est en droit de savoir ce qu'il se passe», estime Olivier Juban. 400 suicides sont recensés en moyenne par an sur le réseau des Pays de la Loire. Depuis la crise sanitaire, 2,5 fois plus de bagages ont été oubliés ou abandonnés dans les rames, « ce qui impose d'avoir recours à la brigade cynéphile ».

Pour améliorer la sécurité des voyageurs, quatre-vingt-deux caméras piétonnes, portées par le personnel ont été déployées. L'ensemble des 400 conducteurs ont été formés à l'éco-conduite pour économiser l'énergie et réduire l'empreinte carbone de SNCF Voyageurs. L'accroissement de l'offre de transport a permis d'ajouter des trains, le matin et en soirée pour répondre, notamment, aux besoins des flux touristiques du territoire. Une centaine d'embauches, dont 40 conducteurs, a été réalisée pour étoffer un effectif d'un millier de personnes. Enfin, une équipe dédiée pour répondre aux appels d'offres a été constituée, avec des experts, dont certains venant de chez l'opérateur Transdev. « On peut par principe être écarté, mais on peut aussi surprendre la région ! » assure Olivier Juban, qui n'exclut pas de nouvelles négociations du kilomètre, à la relecture d'un périmètre qui aura évolué.

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Commentaire 1
à écrit le 16/06/2022 à 10:44
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Moi aussi je salue cette nouvelle convention décennale au profit de la SNCF pour les TER Pays de la Loire, donc pas de concurrence, pas d'amélioration de la ponctualité ni de la fiabilité sans parler des grèves perlées sur Nantes, toujours en pointe ...

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