Transports en Île-de-France : encore plusieurs semaines de galère dans les métros et RER

Après les dysfonctionnements en 2022 de la RATP et de la SNCF, les opérateurs franciliens, y compris Keolis et Transdev, étaient convoqués, ce 13 janvier, par l'autorité organisatrice des transports Île-de-France Mobilités (IDFM). Le retour à la normale dans les métros et RER est attendu le 1er mars voire le 1er avril 2023. Dans le même temps, le conflit social va, lui, débuter le 19 janvier et pourrait se prolonger.
César Armand
Face à la pénurie de main d'oeuvre, la RATP va créer des centres de formation et d'apprentissage (CFA) internes pour les métiers de la maintenance et de la sûreté.
Face à la pénurie de main d'oeuvre, la RATP va créer des centres de formation et d'apprentissage (CFA) internes pour les métiers de la maintenance et de la sûreté. (Crédits : iStock)

C'était un grand jour pour Jean Castex. Pour la première fois en deux mois et demi, le nouveau président-directeur général de la RATP participait ce vendredi à un conseil d'administration extraordinaire de l'autorité organisatrice des transports Île-de-France Mobilités aux côtés de SNCF Réseau et Voyageurs, de Keolis et de Transdev. D'emblée, l'ex-Premier ministre a présenté ses « excuses » et ses « regrets » aux usagers et à la présidente d'IDFM Valérie Pécresse.

Cette dernière avait en effet convoqué ce 13 janvier les quatre opérateurs de transport de la région-capitale pour « examiner leurs plans de redressement de la qualité de service » et « redonner des perspectives aux voyageurs ». Si la fréquentation est revenue, en décembre 2022, à 90% des niveaux de 2019 - soit 5 points de plus qu'en septembre -, les « fortes perturbations » ont, surtout, été au rendez-vous : un quart de l'offre de bus n'a pas été « réalisée » et l'offre de métro a baissé de 10 voire de 15% sur l'année 2022.

Les ressources humaines, à la source de toutes les tensions

« La qualité de service s'est dégradée » a admis Jean Castex pour la RATP. « Sur certaines lignes, nous n'y sommes pas », a appuyé Christophe Fanichet, président-directeur général de SNCF Voyageurs, citant le RER B. « Nous recensons 2,5% à 4% d'offres non-réalisées », a enchaîné Thierry Mallet, président du groupe Transdev. « Nous avons des chiffres qui ne sont pas satisfaisants », a embrayé Marie-Ange Debon, présidente du directoire du groupe Keolis.

Dans tous les cas, la question des ressources humaines est à la source de tous les maux. « Nous avons des tensions qui touchent à des degrés variables tous les métiers », déclare l'ex-locataire de Matignon : difficultés à pourvoir des postes en maintenance et en sûreté, boom des démissions - 1.000 en 2022 contre 400 en 2019 - et mouvement social « latent » dans certains services.

Quant à SNCF Voyageurs et Keolis, dans les deux cas, il manque 50 conducteurs, de train chez l'un, de bus chez l'autre. Chez Transdev, c'est le turn-over qui s'accélère : 15% en 2022 contre 10% avant-Covid, en parallèle d'un absentéisme traditionnel de 7,5-8%, monté à 13% et désormais redescendu à 10%.

400 recrutements à la RATP comme chez SNCF Voyageurs

Logiquement, les quatre compagnies se déclarent déterminées à « agir » ­- le mot est de Jean Castex -. Ce dernier a déjà lancé un « plan massif » de recrutement de 4.500 travailleurs en 2023, dont 2.500 pour les bus et métro - 400 pour ces derniers contre 180 en 2022 ­­-. 400, c'est également le nombre de conducteurs que souhaite recruter SNCF Voyageurs en 2023. Le groupe Transdev veut, lui, passer de 1.000 à 1.500 recrutements, tandis que le groupe Keolis affirme compter déjà 280 conducteurs de plus depuis septembre 2022.

En parallèle, la RATP va créer des centres de formation et d'apprentissage (CFA) internes pour les métiers de la maintenance et de la sûreté, tout comme Transdev qui va ouvrir un CFA en « région parisienne » pour y former plus de 800 collaborateurs contre 400 aujourd'hui. Son président-directeur général Thierry Mallet plaide aussi pour la réduction du délai de deux mois et demi pour obtenir un permis de conduire.

Un retour à la normale attendu le 1er mars voire le 1er avril

D'autant qu'il va falloir bientôt plus de bus et de cars en Île-de-France. 2023 sera en effet une « année difficile » en termes de travaux de régénération du réseau « indispensables ». « Un mal nécessaire pour lequel il faut étudier des bus de substitution express », a martelé Valérie Pécresse. « Travailler la nuit et le week-end permet de régénérer deux fois plus de réseau. Nous avons besoin de ces plages de travaux suffisantes », a confirmé Matthieu Chabanel, président-directeur général de SNCF Réseau.

A la RATP, le retour à la normale est, lui, attendu le 1er mars au plus tôt et le 1er avril au plus tard pour les dernières lignes qui font défaut. La ligne 12, par exemple, est certes « sur le point » de retrouver son niveau de conducteurs, mais elle est encore « en retard » en termes de maintenance du fait d'un problème d'effectif... D'ici là, une grève est prévue le 19 janvier prochain.

Des Assises du financement le 23 janvier

Dans dix jours, Île-de-France Mobilités organisera des Assises du financement des transports franciliens 2024-2030, avec pour objectif de « trouver des solutions pérennes, équitables et franciliennes » avec des élus, des usagers, des entreprises, l'Etat bien sûr mais aussi des universitaires.

Interrogés par La Tribune sur leurs propositions, les opérateurs n'ont pas répondu, mais Valérie Pécresse s'en est chargée : « Le financement est le nerf de la guerre. Si le budget est équilibré, c'est dans la douleur grâce à la hausse du Pass Navigo. Le gouvernement n'a pas voulu augmenter la contribution des entreprises, tant est si bien que nous devons encore plus aux voyageurs pour leur argent », a déclaré la présidente de l'autorité organisatrice et du conseil régional.

César Armand

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Commentaires 5
à écrit le 15/01/2023 à 11:39
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Les transports du Grand Paris ne soulagerons les usagers que peu de temps. Plus on crée de voies de circulation plus on crée de circulation ! En plus comme l'actuel RER ces nouveaux transports ne seront pas entretenus et ce sera la même galère qu'act...

à écrit le 13/01/2023 à 19:29
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les rentiers, et la cagnotte du grisbi!!!!!!!!!!!! qu'on confisque tout ca et qu'on applique les regles ' de monsieur tout le monde', pour reduire les inegalites !!!!!!!!!!!!!!!!!! ha ben non, les fachos de gauche, la reduction des inegalites ils son...

à écrit le 13/01/2023 à 18:21
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Pecresse n a qu à faire une cagnotte auprès des lr elle en a l habitude ….. ou trouver des emplois fictifs elle n a qu à demander à ses copines de bridge : Mme Fillon,Mme Ciotti …. …..c est jamais de sa faute patati patata… cocasse que la chantre du ...

à écrit le 13/01/2023 à 18:14
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Castex : ou comment récompenser l'incompétence par un poste grassement payé

à écrit le 13/01/2023 à 18:03
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C est drôle d habitude la Pecresse prend fait et cause pour le patronat et là elle reprocha à l état de ne pas avoir forcer la main de ce meme patronat en idf pour augmenter leur cotisations déjà les plus élevées d Europe ( 50% du prix réel )…. De mê...

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