Jean Castex confirmé à la tête de la RATP : pas un « recasage », selon l'ancien Premier ministre

Auditionné par les commissions de l'aménagement du territoire et du développement durable du Sénat mardi et de l'Assemblée mercredi, Jean Castex a été confirmé à la tête de la RATP. Plusieurs parlementaires d'opposition ont néanmoins voté contre sa nomination dans laquelle ils voient un nouveau « recasage » d'anciens cadres de la macronie après celui d'Emmanuelle Wargon à la tête de la CRE. L'ancien Premier ministre revendique son « expérience » de gestion de crise au gouvernement pour remettre sur les rails une RATP en plein mouvement social.
Jean Castex ce matin à l'Assemblée nationale.
Jean Castex ce matin à l'Assemblée nationale. (Crédits : Reuters)

« Je vous dois quelques explications », a reconnu Jean Castex en prélude de son audition à l'Assemblée nationale ce mercredi. 105 jours seulement après avoir été entendu par les parlementaires qui avaient validé sa nomination à la tête de l'AFIT (Agence de financement des infrastructures de transport) fin juillet, l'ancien Premier ministre est revenu postuler devant les députés à un autre poste, celui de PDG de la RATP. Comme les sénateurs mardi, les membres de l'Assemblée ont approuvé mercredi sa nomination. Sans manquer d'interroger son choix de quitter si vite l'AFIT et sa stratégie pour remettre la RATP sur les rails.

Jean Castex admet ne pas avoir hésité une seconde à se porter candidat quand l'ancienne PDG Catherine Guillouard a démissionné le 1er septembre. Certains parlementaires d'opposition ont pointé du doigt un « recasage » à la RATP de l'ancien Premier ministre à l'initiative de l'Elysée et de ses anciens collègues du gouvernement.

 « Quand on veut être recasé, on ne cherche pas une sinécure »

« Quand on veut être recasé, on ne cherche pas une sinécure. La RATP n'est pas une sinécure », s'est défendu l'ancien maire de Prades. Si sa compétence pour diriger la RATP n'a jamais été remise en question par les deux commissions qui l'ont reçu, sénateurs et députés ont insisté sur de possibles conflits d'intérêts, déjà soulevés par la Haute Autorité pour la Transparence de la Vie Publique (HATVP).

L'institution, chargée de valider les reconversions de responsables politiques, a rendu un avis favorable à l'arrivée de Jean Castex à la RATP... assortie d'une réserve sujette à interprétation. Selon l'HATVP, Jean Castex ne pourra pas solliciter ses anciens collègues du gouvernement comme Elisabeth Borne ou Clément Borne pour évoquer l'ouverture à la concurrence de la RATP.

Au Sénat et à l'Assemblée, certains y ont vu un obstacle pour le patron d'une grande entreprise publique, régulièrement amené à discuter avec le gouvernement. « Les réserves de la HATVP ne portent que sur le champ de la concurrence », s'est empressé de répondre Jean Castex qui dit avoir réclamé des précisions à la HATVP par courrier. Il a assuré qu'il pourrait parler « de sécurité avec le ministre de l'Intérieur » ou du « prix de l'énergie avec le ministre de l'Economie ». L'ancien locataire de Matignon a par ailleurs vanté son passage au sommet de l'Etat en période de crise comme « une expérience utile » pour diriger une RATP dans la tourmente.

« Je veux y aller parce que c'est difficile », a martelé un Jean Castex confiant, soucieux de montrer qu'il connaissait en détail les dossiers de la régie de transports. Dont le plus brûlant d'entre eux : la pagaille actuelle dans les transports faute de bus et de métros suffisants en circulation, qu'il qualifie lui-même de « priorité des priorités » et d'« urgence absolue » avant de songer à la préparation des Jeux Olympiques 2024 ou de la Coupe du monde de rugby 2023. « Je vais m'emparer du sujet immédiatement qui impacte la vie quotidienne de millions de concitoyens », a-t-il promis.

Recentrer l'activité sur l'essentiel

Le futur PDG attend de la RATP qu'elle « se recentre sur son cœur de métier » à Paris avant de remporter des contrats dans d'autres métropoles. A savoir garantir dans les transports en communs « ponctualité, régularité, propreté, sécurité ». Parmi ces impératifs, Jean Castex s'est épanché sur la propreté et surtout la sécurité dans les rames de métro ou les bus. « J'ai conscience qu'il y a un problème de sécurité (...) en particulier dans le nord-est parisien. Le sujet est essentiel », a-t-il pointé.

Au-delà du diagnostic des maux du réseau parisien, l'ancien haut fonctionnaire est resté relativement évasif sur les remèdes qu'il comptait y apporter malgré d'innombrables questions des députés. Pour recruter davantage de chauffeurs de bus et de métro, il s'est dit satisfait des hausses de salaires accordées aux salariés de la RATP de +5,2% en 2022, à quoi il ajoute son souci répété de  « la qualité de vie au travail ». A la veille d'une journée noire de grève jeudi, Jean Castex s'est présenté en adepte du consensus et du « dialogue social »« Ma méthode, c'est écoute, concertation, proximité », a-t-il revendiqué.

Main tendue à Valérie Pécresse

Il a néanmoins décliné plus précisément sa vision à moyen terme du métro. La RATP devra automatiser davantage de lignes d'après Jean Castex, qui cite le bon fonctionnement de la ligne 1 qui ne connaît pas les retards des lignes non-automatisées comme la 13 ou la 12. Une modernisation qui imposera « des investissements massifs (...) ». Au lendemain d'une interview dans laquelle Valérie Pécresse déplorait que « l'Etat ne (lui) donne pas d'argent » pour résorber le déficit d'Ile-de-France-Mobilités (IDFM), Jean Castex s'est abstenu de réclamer par avance des subsides au gouvernement.

Quant à Valérie Pécresse qui accuse la RATP d'avoir sous-estimé la fréquentation des métros et des busl'ex-Premier ministre s'est dit attaché à établir des « relations fluides » entre la région et la future direction de la RATP. « Nous avons l'obligation de bien travailler ensemble avec Ile-de-France-Mobilités, de trouver des solutions de manière consensuelle », a-t-il appelé de ses vœux. Mais maintenant qu'Ile-de-France-Mobilités a officiellement demandé à la RATP qu'elle remette en service 100% du trafic d'avant-pandémie, « la balle est dans le camp de la RATP », a admis Jean Castex. A lui de jouer.

Lire aussiPécresse met la pression sur Castex: « La RATP doit revenir à 100% de l'offre d'avant-Covid »

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaires 7
à écrit le 10/11/2022 à 16:04
Signaler
C'est dans la même veine qu'édouard philippe administrateur d'Atos. Esperons pour la RATP , que les destins ne soient pas similaires.

à écrit le 10/11/2022 à 7:57
Signaler
Et il va rembourser les pass navigo pendant les jours de grève ? Parce que sinon, c'est du vol...

à écrit le 09/11/2022 à 23:01
Signaler
Une nomination cohérente. Ces biais cognitifs étaient déjà en grève au gouvernement, il pourra poursuivre à la RATP.

à écrit le 09/11/2022 à 21:38
Signaler
Avec leur grève, ils l'ont bien mérité. Le problème, c'est qu'on va en profiter aussi...

à écrit le 09/11/2022 à 19:47
Signaler
Bonjour, Aujourd'hui je viens d'apprendre qu'ils y a des personnels en grève à la RATP depuis 5 années (record a battre). J'espère que ses braves gens ne touche plus leur renumeration depuis longtemps... Bien sûr dire que a la RATP ne fonctionne p...

le 09/11/2022 à 21:13
Signaler
Jeannot arrivé pour régler les problèmes et les grèves.

à écrit le 09/11/2022 à 19:02
Signaler
Honteux

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.