Les bonnes raisons de recruter malgré la crise

Remplacement des papy-boomers, volonté de conserver des liens avec les jeunes diplômés, mais aussi apparition de nouveaux métiers : de 82.000 à 101.000 cadres vont être recrutés entre la fin 2009 et les premiers mois de l'année 2010

. Personne ? hélas ? n'en doute : 2010 s'annonce comme une année noire pour l'emploi. Pourtant, les entreprises communiquant sur leurs intentions d'embauche sont légion. Volonté de se démarquer et d'afficher leur bonne santé ? Peut-être. Mais aussi, pour beaucoup, réel besoin de main-d'oeuvre. C'est d'ailleurs une des grandes différences de l'actuelle crise par rapport aux précédents trous d'air de l'économie. En 1993 notamment, l'arrêt des recrutements de cadres avait été immédiat, particulièrement pour les jeunes diplômés ; mais, surtout, les entreprises avaient s u p p r i mé nombre de postes d'encadrement. Selon l'Apec, 14.420 emplois de cadres avaient été détruits en 1993. C'était la première fois depuis 1978 que le solde des entrées et sorties était négatif pour cette catégorie de salariés. En 2001, le nombre de recrutements s'était à nouveau effondré. Puis l'emploi cadre avait continué à croître avant de rebondir fortement en 2005.

Aujourd'hui, malgré la violence de la crise, les entreprises vont recruter entre 82.000 et 101.000 cadres pour la période fin 2009-début 2010, selon les toutes dernières prévisions de l'Apec.

Plusieurs explications à ce paradoxe. D'abord, le changement du modèle économique français s'approfondit. La population cadre continue à croître, notamment la fonction recherche- développement, tandis que l ' e m p l o i o u v r i e r stagne. Ensuite, les entreprises compensent les départs en retraite des salariés issus du baby-boom ? même si tous ne sont pas remplacés. Ce mouvement touche en particulier la banque et l'assurance, premiers recruteurs de cadres, qui devraient ainsi comptabiliser 70.000 départs entre 2005 et 2010. Autant de places qui se libèrent, notamment dans des établissements comme la Société Générale et le Crédit Agricole ou, côté assurances, chez Groupama et Axa France.

Dynamisme de la R&D

Par ailleurs, il ne faut pas oublier que certains secteurs continuent à bien se porter. C'est le cas de l'énergie, avec les plans de recrutements considérables d'EDF, d'Areva et de Total, mais aussi le conseil. PriceWaterhouseCoopers (PwC), KPMG ou Cap Gemini continuent à recruter malgré la récente tourmente financière (lire page suivante). « L'audit est un métier qui résiste, même s'il subit aussi la crise », estime Anik Chaumartin, responsable des ressources humaines de PwC.

De même, toutes les fonctions ne sont pas touchées par des plans de réduction d'effectifs, loin s'en faut. La crise peut même amener les entreprises à investir dans certains pôles. À commencer par la R&D, dont les experts soulignent le rôle essentiel dans la sortie de crise, et les commerciaux, en première ligne pour générer du chiffre d'affaires. La fonction RH, longtemps négligée, pourrait, quant à elle, bénéficier de la remise à plat des politiques de ressources humaines. Sans oublier les pôles finance et comptabilité : « La volonté de mieux maîtriser les coûts et le renforcement de la réglementation devrait conduire les entreprises à développer les métiers d'audit ou de contrôleurs de gestion », estime Olivier Gélis. Le directeur général de Robert Half France observe également l'apparition de métiers nouveaux, liés à l'environnement : « Les profils experts en ce domaine sont très recherchés, notamment dans l'assurance. » Il y a quand même des bonnes nouvelles.

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