L'Etat doit mettre le paquet sur le financement des « innovations radicales ». Voilà la conclusion de la dernière note d'analyse de France stratégie sur les aides publiques aux entreprises. Si l'Hexagone ne lésine pas sur les aides et les subventions aux entreprises puisque l'Etat a déboursé 9 milliards d'euros d'aides à la Recherche, développement et à l'innovation (R&DI) en 2016 (quand il n'en avait dépensé que 6,3 milliards en 2009), le subventionnement des jeunes pousses françaises innovantes reste encore imparfait.
En 2016, sur les quelque 9.000 entreprises ayant reçu des aides, 6.600 étaient des PME-TPE. Un grand nombre de petites entreprises sont fortement aidées par l'Etat mais ne sont pas pour autant satisfaites. Leur mécontentement vient d'abord du fait que les 6.600 PME-TPE bénéficiaires d'aides à la R&DI ne représentent qu'une infime partie des 4 millions de PME et des 2 millions de TPE. Mais le montant de ces aides leur pose aussi problème. « Il y a un nombre tellement important d'aides auxquelles les startups et les PME ont le droit que cela devient parfois illisible. Peut-être qu'il faudrait moins d'aides mais de plus gros montants » suggère Eléonore Blondeau, présidente du Collectif des startup industrielles (CSI).
Si les PME-TPE rassemblaient 90% du nombre des aides octroyées entre 2009 et 2016, elles n'ont touché que 50% du montant des aides directes et 44% du montant des aides indirectes (qui représentent 20% du montant total des aides allouées par l'Etat). Des subventions jugées donc trop faibles par la CSI mais qui prennent en compte le poids assez léger de ces sociétés dans l'économie française d'après France Stratégie.
Les besoins de fonds importants des startups industrielles
Bien que les auteurs de la note justifient les montants d'aides allouées aux PME-TPE, ils reconnaissent que « les entreprises de petite taille sont les plus susceptibles de rencontrer des difficultés de financement de leurs projets d'innovation par le secteur privé ». Les startups, qu'elles soient dans le numérique, les services ou l'industrie, ont besoin de nombreux financements. « Pour réaliser un prototype, ce qui est la première phase du lancement d'une startup, il faut soit le financer soi-même, si on a des fonds, soit faire appel à des financeurs privés ou des aides », explique Fabrice Chevaleyre, délégué général de l'Association mécanique industrielle et constructions spéciales (Amics).
Une phase de prototypage suivie d'une phase de préindustrialisation à l'origine des innovations technologiques de demain mais qui peuvent coûter très cher et être rapidement avortées faute de financement. « Les jeunes entreprises industrielles manquent de financements privés car les fonds d'investissement se dirigent beaucoup plus vers les startups du numérique et des services que vers l'industrie. Donc une bonne solution pour développer l'innovation, ce n'est pas d'augmenter les subventions ou les prêts financés par l'Etat mais c'est d'augmenter le financement du capital des startup et des PME-TPE », conclut Eléonore Blondeau.
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