Deux ans après, l'heure est à l'accélération pour EDF. En 2020, l'énergéticien français souhaite en effet passer au déploiement opérationnel du Plan solaire annoncé fin 2017. Son objectif est très ambitieux: développer 10 GW d'installations photovoltaïques en France d'ici à 2028. Puis 30 GW en 2035, ce qui lui permettrait alors de capter 30% du marché français.
"Depuis deux ans, nous avons travaillé pour préparer le lancement du plan solaire, souligne Nicolas Couderc, directeur France de la filiale EDF Renouvelables. La prochaine étape, c'est de passer à la phase opérationnelle."
Très présent dans l'éolien dans l'hexagone, EDF l'est beaucoup moins dans le solaire. Ses centrales photovoltaïques, essentiellement construites au début des années 2010, ne représentent qu'une capacité d'environ 330 MW. Le groupe part donc quasiment de zéro. Il va donc devoir rapidement atteindre son rythme de croisière pour atteindre ses objectifs. La mise en service des nouvelles centrales sera progressive - il faut en effet entre quatre et six ans pour mener un projet à son terme. "Avec le plan solaire, nous changeons d'échelle", promet cependant Bruno Bensasson, Pdg d'EDF Renouvelables.
2.000 hectares sécurisés
Pour preuve, l'entreprise assure avoir multiplié par sept, au cours deux dernières années, les surfaces foncières "sécurisées" pour poser des panneaux solaires Celles-ci s'élèvent désormais à 2.000 hectares, soit une capacité d'environ 2 GW. Un quart de ce potentiel d'installations a déjà obtenu un permis de construire. Cela représente 500 MW, cinq fois plus qu'en 2017. Et le nombre d'appels d'offres remportés auprès de la Commission de régulation de l'énergie a été multiplié par six en deux ans.
L'offensive d'EDF dans le solaire en France intervient à un moment "où la programmation pluriannuelle de l'énergie montre une forte accélération sur les renouvelables", indique Bruno Bensasson. Elle s'inscrit aussi dans une volonté d'un double rééquilibrage de l'activité d'EDF Renouvelables. D'une part, de l'éolien vers le photovoltaïque, qui doit représenter 60% des nouvelles capacités installées dans le monde d'ici à 2030. D'autre part, des États-Unis vers l'Europe et les pays émergents.
Baisse des coûts
En outre, la mise en marche du plan solaire d'EDF coïncide avec un contexte de forte réduction des coûts du photovoltaïque, "principalement en raison des progrès technologiques", note Bruno Bensasson. En France, les coûts peuvent cependant être plus élevés qu'ailleurs car la taille des centrales est limitée - 13 hectares en moyenne chez EDF -, ce qui ne permet pas de réaliser d'importantes économies d'échelles. Une question "d'acceptabilité", selon le patron d'EDF Renouvelables. En octobre, un projet d'une vaste centrale avait ainsi été abandonné dans le Larzac.
"Il y a peu de terrains en France qui permettent d'accueillir de grandes centrales", ajoute Nicolas Couderc. La programmation pluriannuelle de l'énergie (PPE) privilégie en effet les installations sur des terrains dit "dégradés", comme d'anciennes mines ou des friches industrielles. "Des terrains que nous aurions peut-être pas regardés", reconnaît le responsable d'EDF Renouvelables. Le recours à ce gisement présente cependant un avantage: il est facile à "sécuriser". À terme, EDF devra trouver d'autres sources de foncier, soumise à des contraintes environnementales plus importantes. Un autre défi à relever.
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